LIBAN. 🇱🇧 3 - ! مرحبا بكم في بيوث


     !مرحبا بكم في بيوث >> Bienvenue à Beyrouth !

 

 Lundi 13 février, 10h31, je suis allongée sur le canapé du salon. J'entends les voitures qui passent en bas. Je sens la chaleur du soleil qui traverse les fenêtres. Je ne me rends toujours pas vraiment compte d'être enfin dans le pays du Cèdre. J'ai envie de sortir et de prendre un bus. D'aller l'explorer ce beau pays. Mais la rentrée universitaire se rapproche... alors nous restons bien sagement à la maison en attendant midi et notre entrée à l'AUST.




Dimanche 12 février, je passe ma première journée à Beyrouth. Je me lève enrhumée, fatiguée, frigorifiée. Victoire aussi ne va pas bien. On prend notre petit déjeuner, café, tartines et pommes (les filles ont fait les courses la veille) et alors que Victoire se repose, je pars avec Philippine découvrir la ville. On m'avait promis du soleil mais ce sont plutôt les nuages qui sont au rendez-vous aujourd'hui. Tant pis, je suis bien décidée à profiter de la journée tout de même. Philippine me guide jusqu'à une intersection où nous sommes censées trouver un bureau de change et une boutique de forfaits téléphoniques. Ça me fait bien rire de la voir tenter désespérément de s'y retrouver. On finit par trouver le bureau de change, je donne 100€ pour récupérer 6 600 000 livres libanaises (dites vous qu'il y a un an je n'aurais récupéré que 2 000 000 de livres, et il y a trois ans 200 000 livres). La liasse de billets est énorme, j'ai du mal à la faire entrer dans ma banane. Je vais devoir trouver un porte-monnaie adapté.

Comme nous ne trouvons pas la boutique de forfaits nous commençons à marcher dans une direction. Pendant cinq heures nous marchons ainsi dans les rues, passant d'un quartier à l'autre, galopant d'étonnement en étonnement. Je n'avais qu'une envie, c'était de voir la mer. Alors nos pas nous y ont conduit. Comme il est difficile de tout retranscrire, je vais seulement developper certains aspects m'ayant le plus marquée en cette première journée.







Ma première surprise est le dénivelé dans la ville. Les multiples rues à grimper, puis à redescendre. Les escaliers à crapahuter ou à dévaler. En visualisant Beyrouth, je ne m'étais pas spécialement posée la question. J'imaginais la ville relativement plate. Comme on peut le penser d'un littoral. Et pourtant, notre quartier Ashrafieh, plus particulièrement, est tout à fait vallonné.

Très rapidement, je constate également le contraste évident entre les quartiers riches et pauvres. Ce qui est frappant, c'est que nous pouvons être dans une zone extrêmement sale, à l'abandon, en friche tout en apercevant du linge sécher aux fenêtres (si tant est qu'il y ait encore des fenêtres). Et puis l'instant suivant nous debarquons dans un espace luxueux avec des bâtiments étincelants, des voitures dernier cri, des magasins Dior. Parfois aussi, le lieu est détruit, mais s'élève en son centre un immeuble flambant neuf. Bref, le contraste est déstabilisant. De jeunes enfants viennent nous demander de l'argent. Un père, une mère et une jeune fille ont comme sortie familiale du dimanche la mendicité. Un jeune libanais nous parle par ailleurs de Mbappé. Et tous ont l'air surpris de la couleur de mes cheveux. Cela se voit sur nous que nous sommes aisées. Des roses, des ballons, des mouchoirs, de l'eau, on tente de nous vendre un tas de choses. Les mouchoirs, pour ainsi dire, auraient pu me servir. C'est qu'il commence à faire froid dehors, et nous n'avons qu'un pull. Je tremble un peu. Je tousse. Mais nous continuons de parcourir la ville avec entrain.









Au loin, nous apercevons la fameuse mosquée Mohammed Al Amin de Beyrouth. Et derrière elle, la mer. Je suis étonnée de voir autant de structures religieuses. Comme si le peu d'argent que le pays possède était redistribué dans l'entretien des religions. À gauche de la mosquée, une église. Là, une synagogue. Là-bas encore une autre mosquée, puis une autre église, et une autre synagogue. Vu comme cela, tout le monde a l'air de bien cohabiter. Et puis comme la mer est belle ! Il y a des pêcheurs. Des gens se prennent en photo. Beaucoup de vélos longent la côte. Je distingue un voilier au loin. Et puis plus à droite, il y a le port. Mais nous aurons bien le temps de s'en rapprocher plus dans les semaines à venir... Il est 15h et nous commençons à avoir très faim. Alors nous traversons la route au milieu des voitures (peu de passages piétons et de feux qui fonctionnent) et reprenons le chemin vers le centre.













Pendant près d'une heure nous tentons de retrouver Victoire qui nous rejoint pour manger. Personnellement, je rêve d'un man'ouché (pain typique libanais). Les rues semblent vides. Des quartiers entiers sont inertes. Peut-être cela est-ce dû au fait que nous soyons dimanche ? Quoi qu'il en soit, c'est tout à fait déconcertant. L'ambiance est calme, paisible généralement. Nous nous sentons en sécurité. Et puis il arrive que nous fassions face à un bâtiment criblé de balles. Ou dont les fenêtres sont détruites (par l'explosion du 4 août ?), et alors nous reprenons conscience de l'histoire misérable imbibée dans ces terres. Il y a des panneaux "église", "école", "musée". Mais il y a aussi les panneaux "rue à caractère traditionnel". Alors que je le remarque pour la première fois, j'observe autour de moi ce qu'il peut bien y avoir de "traditionnel". Je suis bien étonnée de ne remarquer qu'un ancien bâtiment détruit. Il y a aussi ces multitudes de zones militaires à travers lesquels nous ne pouvons passer, et ces rues, voir ces quartiers entiers barricadés par des hommes en uniforme. Ainsi, nous sommes contraintes de faire d'immenses détours avant de retrouver Victoire. Et nous sommes dans l'incompréhension. L'ambiance a l'air si calme à Beyrouth, pourquoi tous ces déploiements ? Et les soldats ne parlent pas anglais, nous ne pouvons leur demander.






Il est 16h, après de longues heures à chercher un coin pour manger, Victoire nous conduit dans une sorte de chaîne de kebab non loin de chez nous. Elle avait repéré le lieu la veille. Pour 3,50€ environ, nous nous régalons avec du poulet, des frites, du houmous, des cornichons, du pain libanais, etc. Je prends une grosse cuillère d'une sorte de purée rouge et je sens le feu monter dans ma gorge. "Hot garlic" me dit la dame. Ah bah oui, hot hot je confirme.

Victoire ne se sent toujours pas bien, moi pas beaucoup mieux (= de pire en pire). On rentre ainsi à la maison afin de nous reposer. Hier, nous avions oublié d'éteindre le chauffe-eau. La douche est ainsi déjà prête, je fonce et qu'est-ce que ça fait du bien ! Je suis de plus en plus frigorifiée, mon cou est douloureux, je sens les courbatures qui se multiplient, mes poumons qui se serrent. Bientôt la pneumonie, me dis-je. J'enchaîne les thés. J'enfile des couches supplémentaires de pulls. Je me blottis dans mon sac de couchage puis sous ma couette. Enfin, je tente d'allumer le chauffage bien que la propriétaire nous ait dit qu'il ne fonctionnait pas. Et là, surprise! Le chauffage se met en marche!! Je commence à avoir de l'espoir. Je m'assoupie pour un temps.





Vers 20h, nous émergeons toutes les trois. Nous préparons des courgettes avec Philippine (nous avons également oublié de refermer la bouteille de gaz hier...) ainsi que du riz. Difficile de tenir debout. Je me sers à nouveau du thé. Le repas s'avère délicieux ! Alors que je pense à ma chambre qui doit enfin être chauffée, tout à coup la lumière s'éteint. Panne d'électricité. Les coupures de quelques secondes sont courantes. Mais cette fois-ci, rien ne reprend. Nous nous rendons compte que seul notre appartement est éteint. Alors nous descendons demander de l'aide à la concierge. Elle appuie sur un bouton de l'autre côté de la rue et le tout marche de nouveau. Shukrane. Dans la soirée, la panne recommença. Et plus de concierge à l'entrée. 15 minutes plus tard tout reprend comme normal, mais nous ne savons comment cela est possible. Tant mieux. En attendant, c'est moi qui suis de vaisselle ce soir, à la lumière du téléphone.

La nuit qui s'ensuit est particulièrement mouvementée. Couchée à 23h. Fatiguée, frigorifiée, tremblante même et avec un mal de tête insupportable je mets trois pulls et un foulard et je m'allonge enfin dans mon sac de couchage et ma couette. Ma chambre a pu chauffer ! Après avoir dormi une heure environ, je me réveille en sursaut, fiévreuse, entendant des bruits au loin et imaginant par hallucination que le bâtiment bouge. Un nouveau 4 août !, me dis-je. Ou un séisme ? Et je commence à flipper en attendant l'heure ultime. Plusieurs fois, j'aurai l'impression que le bâtiment bouge et qu'une explosion au loin s'entend. Le chauffage que je viens de rallumer fait un bruit monstre, l'air fait bouger les rideaux. Serais-je en pleine tempête ?! Puis il fait trop chaud dans ma chambre, ou peut-être n'est-ce que le fruit de mon imagination, et je bouge dans tous les sens, tentant désespérément de me délivrer de mon sac de couchage. Je fais un rêve dans lequel la dame osculte mes poumons et mon cœur. Je transpire. Et puis, silence, une panne d'électricité, à nouveau. Mon cerveau aussi se met en pause. Puis, j'entends l'aspirateur du voisin d'en dessous. Je me rendors, espérant me lever en meilleure forme pour la rentrée demain.

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