NEPAL 2022

 Népal - Juin 2022




1- Premier voyage solo ?

Besoin d'aventures, besoin de libertés, besoin de challenges, ce mois-ci c'est décidé, je m'envole pour le pays des montagnes.

Salut! Je suis Louise, française de 18 ans, étudiante en Relations Internationales. Ces études me passionnent : elles abordent les théories historiques de la guerre, la paix, le développement, la mobilité, les frontières,... Mais la théorie ne devrait représenter qu'une partie de mes études. Ce n'est pas en apprenant par cœur les citations de Clausewitz ou Jean-Pierre Vernant que je vais avoir une vision globale et réelle du monde dans lequel je vis. 

Alors c'est à moi de faire ce grand pas, ce saut dans l'au-delà, ce saut chez l'Autre qui est en fait un même mais que l'histoire nous a poussé à considérer comme un étranger. C'est à moi de faire ce grand pas et je le fais avec plaisir, sans hésitation, aucune. 


Me voilà donc partie pour une nouvelle aventure d'un mois au Népal, pays qui m'a toujours attirée pour ses paysages aussi apaisants que vertigineux. Me voilà partie et me voilà partie... seule, avec pour seuls compagnons mon sac, ma gourde et ma moustiquaire. Partir avec un groupe aurait limité le stress de mes parents et élargi mon champ des possibilités sur place. Mais mon projet a eu tant de temps pour mûrir dans ma tête durant au moins trois ans que c'était cette année et pas une autre, et que l'échéance arrivant, la décision de partir seule s'est imposée. Ce n'est pas pour me décourager. J'ai toujours eu cette envie de me dépasser, de prouver que je pouvais le faire (peu importe ce dont on parle), et le faire seule, de légitimer ma présence et peut être aussi tout simplement de rendre fière mes proches. "Tout seule" (avec la voix de bébé) est une phrase que je répétais en boucle à mes parents... et cela traduit toute une façon de penser qui a grandi en moi.

Toute seule vraiment ? Depuis 3 ans, je mature mon projet, depuis 2 ans je me renseigne d'autant plus sur le Népal, j'écoute des témoignages, je cherche les configurations possibles sur place, depuis 1 an je sais que je vais partir et je commence à monter un dossier, en février 2022 je reserve mon billet d'avion "sur un coup de tête", par l'encouragement de mon père voyant que les prix montaient en flèche, et depuis je complète mon dossier, je commande un visa, je fais mes interminables vaccins, j'achète le matériel, je fais des jobs par ci par là pour financer mon voyage,... mais derrière moi il y a un tas d'encouragements qui font que je ne suis pas seule dans ce projet.

Je suis encore une apprentie, une stagiaire, une enfant tout juste partie du nid, je ne connais rien que ce que l'on m'a appris, c'est à dire que j'ignore encore tout le reste... Alors certes, j'ai cette envie de prouver que je peux me débrouiller toute seule et je déteste l'idée de demander de l'aide et admettre que sur tel point, non je ne suis pas une genie. Mais encore heureux, je peux compter sur l'aide de mes proches, mes parents plus particulièrement, pour m'aiguiller, me conseiller pour faire la trousse à pharmacie, me rappeler les limites, les dangers, les contraintes, pour tout de même contribuer au financement de ce voyage malgré ma volonté de tout gérer par moi-même... et cela, non par nécessité pure mais pour me montrer, justement, que je ne suis pas seule, et que j'ai leur soutien. 

Toute seule vraiment ? Et que penser alors aussi de cette famille népalaise qui va m'accueillir sur place ? Que penser de ces enfants aux uniformes bleus et oranges avec qui je vais passer du temps, jouer et apprendre en leur apprenant ? Que penser, encore, de ces autres voyageurs de l'autre bout du monde qui me conteront leurs périples passés? 

Alors laissez moi recommencer...


Salut! Je suis Louise, française de 18 ans, amoureuse de la vie et du monde. Me voici en route avec pour compagnons mon sac, ma gourde et ma moustiquaire et j'ai hâte de vous présenter tous ceux avec qui je vais réellement vivre cette nouvelle aventure...



2- Le Projet.

Je suis devant la porte d'embarquement C91, Terminal 2 de l'aéroport Roissy-CDG. Je ne stresse pas (pas encore). J'ai le sourire aux lèvres, je n'arrive pas à l'enlever. Je ne suis même pas impatiente d'arriver à Katmandou, je suis déjà conquise par le trajet en lui-même. Les portes s'ouvrent... il est temps pour moi d'évoquer mon projet de voyage.


Le Népal est connu pour ses sommets à 8000m (l'Everest, le plus haut!), ses treks fabuleux... mais au mois de juin, impossible. Début de la saison de la mousson (de juin à septembre), la pluie tombe constamment et il est extrêmement déconseillé de crapahuter les montagnes dans ces conditions. Tant pis, le Népal, ce n'est pas que ça. C'est aussi les temples, les parcs nationaux, les magasins de tissus et les plats épicés. C'est également un pays de près de 30 millions d'habitants qui ont le cœur sur la main bien que plongés dans la pauvreté. Une pauvreté qui s'est empirée depuis la série de séismes qui a fait plus de 8960 morts en 2015. C'est un pays qui tente de se relever, petit à petit, d'un important traumatisme.
En 2019, l'ONU le place 142ème/189pays au classement mondial du taux de développement humain (avec un IDH de 0,602 points. La France est à 0,901). L'accès à l'éducation s'avère être un problème majeur dans le pays. Pour vous donner une idée, l'Etat népalais dépense en moyenne 44€ par écolier/étudiant par an. Tandis que cette dépense s'élève à 8920€ par écolier/étudiant en France. Évidemment, il est difficile de comparer deux dépenses dans deux pays si différents (le salaire mensuel moyen au Népal est de 75€!!). Mais on peut tout de même constater un écart important, le taux d'alphabétisation au Népal se limitant à 65% de la population, contre 99% en France. Les femmes sont les plus touchées, 50% des népalaises sont analphabètes (taux de femmes de plus de 15 ans n'étant pas en capacité ni de lire ni d'écrire).
Fin de la parenthèse.


Pourquoi toutes ces données ? En fait, c'est à peu près le cheminement que j'ai suivi. Je souhaitais rencontrer une nouvelle culture, de nouvelles coutumes, de nouveaux paysages, me sentir changée par la richesse symbolique de ce pays tout en donnant peut être autant que ce que j'allais recevoir de cette expérience. Ne pas rester passager clandestin, mais essayer à mon tour de remercier ce pays d'une quelconque manière. Non, je ne vais pas faire de treks. Je ne vais pas non plus enchaîner les activités touristiques. Mon projet? Contribuer à l'effort fourni par un népalais très inspirant, Shamser (son Ted Talk, qui a fondé une école en 2014 nommée 'Heaven Hill Academy', à 6h à l'ouest de la capitale Katmandou. Son école a été la première gratuite et non violente du Népal. Gratuite? Parce que les familles ont tendance à retirer leurs enfants du système éducatif par manque d'argent (surtout les filles) afin qu'ils trouvent directement un travail et financent les besoins du groupe. Non-violente? Car l'éducation dans le pays reste très traditionnelle et basée sur la répression. Shamser a grandi dans ce système et, profondément décidé à éviter plus de traumatismes physiques et psychiques chez les jeunes népalais, s'est lancé dans ce projet d'école à Gaunshahar (village où je vais être accueillie). Une école qui considère indistinctement les filles et les garçons, les castes hautes et les castes basses.


Consciente du faible impact que j'aurai sur le développement global de ce si beau pays, je sais aussi que la moindre aide constitue déjà un effort bénéfique pour la population locale. Heaven Hill Academy en a vu passer des volontaires, et n'aurait probablement pas si bien marchée sans eux. Logés et nourris sur place pour 5$ par jour, ce sont ces voyageurs des quatre coins du monde qui l'ont en partie construite, et continuent de l'agrandir (une librairie est actuellement en travaux). Ce sont eux qui vont chercher les enfants des villages voisins pour les conduire jusqu'à l'école, eux qui animent les activités artistiques ou culinaires, les lectures, les courts d'anglais ou d'informatique.

Je ne sais pas encore quelle sera ma mission exacte à Heaven Hill. Tout ce que je peux vous dire à présent, c'est que ce projet me plaît, qu'il m'inspire et que j'espère pouvoir contribuer, à ma manière, à ce mouvement coopératif et interculturel.



3- Train, Rer, Avion, Premières Galères.

Samedi 3 juin, réveil à 7h57. Toujours cet espèce de sourire collé à mon visage. C'est le grand jour. Enfin... pardon... c'est le premier de trois grands jours. Trois grands jours de périples.



Mon point de départ est la gare de La Garde (Var, 83). Il me faut prendre le train jusqu'à Paris. Je dis au revoir aux parents (ma mère part faire son yoga, je crois qu'ils ne sont pas sereins, moi, ça va). Changement à Marseille, admiration face à la vue panoramique depuis la terrasse de la gare, puis Ouigo jusqu'à Gare de Lyon. Tout s'enchaîne bien. Je suis accueillie près de Paris pour la nuit, chez une amie du collège (quand je vous dis qu'un périple ne se fait jamais seule!!). Marche de 30 minutes sous une pluie torrentielle avec elle, impression de vivre sous la mousson plus tôt que prévu, je constate (un peu trop tard) que mon pantalon n'est pas du tout imperméable. C'est rigolo. Hop hop hop, je vide mes poches et l'argent liquide qui y était caché (oups). Pantalon trempé, chaussures trempées, chaussettes aussi. Mon kway, lui, fonctionne à merveille! Enfin, petit restau parisien et dernier repas français, au menu : ravioles et poireaux (avec une bonne bierre, une petite, ne vous inquiétez pas ;). Il va falloir attendre 1 mois pour regoûter à tout ça. On mange à 18h30, on avait pas vu l'heure, et on commande une tisane dans ce même restau à 20h. Le serveur nous dit "ah bah elle va être sympa la soirée" ... oui, à 22h je dormais.

Dimanche 4 juin, réveil à 8h57. Pour mon avion à 16h je dois prendre le rer A puis le rer B. Problème. Ce matin là le rer B est interrompu. Ok. Bon... 

Il est 11h20, la situation devient critique, les parents de mon amie me proposent de me conduire à l'aéroport. Décidément, je ne suis pas seule et merci bien! Puis, grande annonce, la ligne du rer B reprend. Tout rentre dans l'ordre. Rer A, rer B (avec une mère qui fait rouler sa poussette sur mon pieds pendant tout le trajet, je lui pardonne, le bébé était sage) et je débarque enfin à Roissy-CDG. Pfiouuu. Je vérifie que j'ai bien fermé toutes les poches de mon sac, et le dépose tout en récupérant mes billets. Ça devient très très concret là. Je pars vraiment ? Chouette.

Il est 13h30, je passe la douane. Je m'assis. Je souffle (pas trop parce que covid oblige). Mon téléphone est à 96% de batterie, on sait jamais, je le branche quand même (peut être que ces 4% de recharge me sauveront!). Et puis je me rends compte qu'il me faut trouver un adapteur de prise électrique pour le Népal. Alors je débranche mon téléphone (il est désormais à 98%) et je vais chercher un Relay. Je le trouve. Mais je ne trouve pas le bon adaptateur. Ça, les parents ne le savent pas encore. Alors je sors du magasin, un peu dépitée mais pas de soucis, j'ai toujours le même sourire aux lèvres, et je retourne brancher mon téléphone. Je vous jure que malgré tout il n'est jamais arrivé à 100%! J'embarque enfin pour le Qatar...


7h de vol. Je passe la plupart du temps à naviguer à travers le monde projeté sur l'écran en face de moi. J'observe mon A380 avancer vers le Moyen-orient. On passe la Suisse, l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie... puis je navigue à travers les audios. On me propose dans un premier temps d'écouter le Coran (la Map indique d'ailleurs constamment la Mecque et le nombre de kilomètres nous séparant du lieu saint). Pas étonnant dans un vol pour le Qatar. Why not? Après tout je serai aussi bientôt plongée dans le bouddhisme et l'hindouisme! Et puis le gars devant moi (vraiment j'ignore comment il fait) étire son bras en arrière, touche mon écran et dérègle tout!! Alors je retourne sur les audios et opte finalement pour l'ambiance "Feeling good". Ah mais je pense que personne n'est aussi heureux que moi dans l'avion. Celui devant moi, grand baraqué, un peu en diagonal, a l'air déçu des vidéos I-Carly et opte pour Inception (très bon choix!!), la dame à ma gauche change au moins 7 fois de films, l'homme à ma droite fait tomber du riz. Honnêtement, le temps passe vite. Je mets la playlist "relax" et ferme les yeux (d'ailleurs, mon téléphone est enfin à 100% ;).

















4- Pourquoi l'aéroport de Doha n'a plus de secret pour moi ou comment le voyage a failli tourner au vinaigre.


J'atterris enfin à Doha, au Qatar. Je n'ai finalement pas beaucoup dormi durant le vol, serrée entre mes voisins, le mur arrière et le passager avant. A la sortie, on prend ma température et puis je passe. Je devrais m'envoler 3h plus tard avec la correspondance... du moins, c'est ce que je pensais encore à ce moment.

Très vite, je vois sur le tableau d'affichage que mon vol pour Katmandou est retardé. Il est affiché à 2h40 au lieu de 1h30. Mais j'avais déjà reçu plusieurs mails me signalant des changements d'horaires depuis ma réservation, le dernier indiquant 2h30. Ça ne m'a donc pas semblé anormal. L'embarquement commence quand même, puis alors que je suis sur le point de passer, la procédure s'arrête. Tous ceux déjà entrés ressortent, le vol est encore retardé, jusqu'à 5h du matin... Bon, j'avoue que ma bonne humeur en prend un coup. Shamser m'attend à Katmandou et je suis extrêmement gênée de le faire patienter. 

Un steward nous dit que nous pouvons aller au Food Corner pour commander à manger sans payer (juste avec notre carte d'embarquement). Alors, j'attends un peu pour prévenir tous ceux que je dois prévenir de ce retard. Et puis en me levant (il était 2h du matin), j'entends une annonce "dernier appel pour l'embarquement à destination de Katmandou". Je me dis "Ho non je n'ai pas entendu les appels précédents ???". Je me dépêche de rejoindre la porte A11. L'embarquement n'a pas commencé. C'est un autre vol Qatar Airways qui va partir pour Katmandou à cette heure-ci. Rassurée, je pars enfin chercher ma nourriture. Je parcours toute la zone d'embarquement A et tombe finalement sur l'espace de restauration. Je n'ai pas vraiment faim. Je demande au cas où à une serveuse de vérifier mon billet pour savoir si la compagnie a déjà transféré les sous pour la restauration sur ma carte d'embarquement. Hélas non, pas encore, me répond-elle en scannant mon billet. Bizarre, on m'avait prévenu que ça se débloquerait vers 2h10, hors il était 2h40. 

Tant pis, je me reboost mentalement et me dirige à nouveau vers la porte d'embarquement A11. J'en aurai bientôt fini! L'embarquement recommence enfin vers 3h20. Il n'y a pas de scan, le check est géré par quatre personnes pour tout l'avion. Elles vérifient billets par billets et passeports par passeports toutes les informations des voyageurs. Temps d'attente... interminable, un record. Fatiguée, n'ayant pas dormi depuis 20h, je m'assis et attends que ma zone soit appelée. Vers 4h20 je passe dans les derniers, si ce n'est la dernière. Le billet d'un homme devant moi ne passe pas. Puis après 5 minutes d'attente, une hotesse le laisse entrer. Puis c'est mon billet qui ne passe pas cette fois-ci. Et à ce moment, je ne prends toujours pas conscience de la situation.

La dame me dit de me mettre de côté, puis, au bout de quelques minutes, m'annonce que je ne suis pas en train d'embarquer pour le bon avion. Heu... pardon? Après 5h d'attente? Et là, le flash qui fait un petit peu beaucoup pas trop plaisir... l'appel de dernière minute de 2h du matin. Un autre vol pour Katmandou, qui m'attendait les bras grands ouverts, à l'heure, et que j'ai loupé pour attendre 5h!! D'abord je me dis "Ho ******". J'ai d'ailleurs l'impression de réagir exactement comme ma mère quand quelque chose ne va pas comme prévu (dans mon expression du visage, pas dans le vocabulaire). Et puis, je demande à l'hôtesse où je peux récupérer un nouveau billet pour vite vite prendre ce vol là qui est en train de partir. Là, il était temps de réagir. Elle m'indique le point d'information de Qatar Airways un peu plus loin. Je me dis que tout est encore jouable. C'est beau la naïveté.

Alors je retraverse toute la zone A en courant. Je demande à d'autres employés où est ce point d'information, un m'y conduit très gentiment. Je marche plus vite, il m'abandonne en me criant où je pouvais trouver mon fameux point info. J'y arrive. Là, on me renvoie à l'espace achat de la zone B (la dame l'écrit sur mon billet). Ok... je cours vers la zone B. Je demande au point info B où il me faut aller. Ils me disent "tu descends, puis tu montes, puis tu continues". Heu... ok... Je descends, je monte, je tombe face à un espace lounge. Il n'y avait que ça à cet étage. Le gars m'indique l'ascenseur derrière moi. J'ai l'impression d'être dans un escape game. Je monte au 2eme étage.

J'arrive alors à un passage de sécurité. On me donne encore de nouvelles indications (pour le coup, tous les employés ont été très efficaces et compréhensifs). Je passe la sécurité dans l'autre sens, et arrive à l'espace achat zone B. Heureusement, je n'attends pas trop. Mais... on me renvoie à l'espace achat zone A. Lol, ils auraient pu se coordonner sur ce coût là. 

Alors je dois repasser la sécurité dans le bon sens cette fois-ci, je fais attention à passer au même endroit qu'à l'aller pour ne pas être bloquée (je vous rappelle que mon avion était officiellement parti depuis 2h et donc mon billet plus valide). Je passe, mais ma gourde elle, est stoppée. Bah oui évidemment que ma gourde était pleine! Toujours avoir un téléphone chargé ET une gourde pleine. Je n'avais pas prévu de passer la sécurité... alors je bois tout d'un coup et repars en direction de l'espace achat zone A. Encore une fois, je galère à trouver, puis, ENFIN (après avoir encore passé un espace de sécurité en sens inverse) il est devant moi !! Il est 5h10 environ. À nouveau, attente interminable. Il doit être 5h40 quand on prend enfin ma demande. L'hôtesse, très gentille, comprend mon problème et me propose un billet pour le prochain vol vers Katmandou. Je m'attends à un coût supplémentaire faramineux... mais non, elle me parle de 4 à 7€?? Au moins une bonne nouvelle!! Pour vérifier mes documents, elle me renvoie tout de même vers quelqu'un d'autre. Une autre file, une autre file interminable. Là, honnêtement, avec toute la bonne volonté que je peux avoir en moi, ça ne va pas être possible d'attendre encore autant. Sans repos, sans avoir mangé depuis 18h, avec le stress (et oui, il a finalement pointé le bout du nez), je commence à ne pas me sentir bien et me dit qu'il est temps d'accélérer les choses. 

Un steward se montre encore une fois très compréhensif et me fait passer en file 1ère classe. Après 10 minutes, je suis accueillie au guichet. Mes documents (vaccin Covid et le formulaire d'entrée sur le territoire népalais) sont vérifiés, tout est bon, je dois retourner voir l'autre dame du point achat zone A. Elle valide à son tour ma confirmation de réservation pour le vol de 11h45 (je paye finalement 2€45 !), l'imprime et me demande de retourner ENCORE UNE FOIS dans l'autre file pour le check-in. Comme j'ai désormais la confirmation en main, je souffle quand même intérieurement. Surtout qu'il n'y a plus beaucoup de monde dans la file économie d'à côté. Alors j'y vais. Lorsque mon tour arrive, j'ai la chance de retomber sur le steward m'ayant conduit à la file 1ere classe un peu plus tôt. Il s'occupe donc encore une fois bien gentiment d'imprimer ma carte d'embarquement.

C'est à ce moment qu'il m'annonce en voyant mon dossier que j'avais été surclassée dans le vol parti sans moi vers 2h30. J'avais été surclassée par coup de bol, et je n'en avais même pas profité !! Cela explique en revanche la raison pour laquelle je n'ai pas payé plus de 2€45 pour mon changement de vol... alors que tout était entièrement de ma faute. Le steward rigole un peu de ma situation et écrit le numéro de porte où je dois aller, et que je ne dois pas louper ! Billet en main, Billet VALIDE en main, je repasse la sécurité et me dirige vers cette fameuse porte E20, à l'opposé de la zone A. Il est 7h30, je n'ai qu'une envie c'est de dormir, mais je ne suis plus aussi sereine qu'avant. Je vérifie plusieurs fois sur le site de Qatar airways que mon embarquement est bien porte E20. Je mets deux réveils.


Il est 8h00, je n'arrive pas à m'endormir. Au bout d'une demi-heure je constate que le site indique désormais que mon embarquement aura lieu porte C22. Je retraverse une partie de l'aéroport. Je demande confirmation à un nouveau steward porte C22, il me confirme l'info, une heure plus tard, le tableau d'affichage me la confirme à son tour. Et au moment où j'écris, il me reste 2h avant d'être sûre de m'envoler ENFIN pour Katmandou. Si tout se passe bien, j'arriverais avec 9h30 de retard, récupérerais mon sac mis en soute, et retrouverais Shamser m'attendant avec toute sa bienveillance et sa patience sur place. Je ne suis pas seule dans ce périple, loin de là. Et ça, ça me redonne instinctivement le sourire.



5-  Fin de trajet et premières découvertes.

 Il est 6h du matin ce mardi 7 juin, quand on arrive enfin à Gaunshahar à bord de notre jeep blanche joliment stylisée avec des pompons de partout. Il est grand temps de dormir après ce long périple...




À 11h20 j'embarque dans le bon vol qui m'emmènera à ma prochaine destination : Katmandou. Cette fois ci, c'est la bonne! Avec chance, je suis placée à côté de la fenêtre. Certes, je profite de la vue sur le Qatar, l'Iran et l'arrivée sur Katmandou. Mais surtout je peux essayer de dormir!! Qatar airways a pris soin de nous déposer une couverture et un coussin comme dans le premier vol. J'ai tout ouvert d'un coup et me suis endormie... 10 minutes? Le temps de louper le passage de la distribution d'eau. Ma gourde est à nouveau pleine mais je préfère l'économiser pour le voyage entre Katmandou et Gaunshahar. Après l'annonce d'un problème électrique, on finit par décoller vers 12h. Je me rendors. Enfin, j'essaye. Je suis à côté d'un népalais (il n'y a que des népalais dans le vol il me semble), le plus bruyant possible. Tant pis, je me concentre sur la sonorité des mots et ça me fait passer le temps. Puis vient le tour du repas. À nouveau, riz, legume, poulet. Je ne vais plus manger que ça de toute manière.



Après un magnifique soleil couchant depuis le ciel, nous atterrissons à 19h22, prenons un bus et entrons dans l'aéroport de KTM avec une inscription "Welcome to Nepal". Quel soulagement. On vérifie encore une fois mon statut vaccinal, la dame ne comprend pas le "passeport covid européen" mais me fait un signe de la main me disant que tant pis, je pouvais passer. Puis c'est au tour du visa d'être vérifié à un nouveau guichet. J'avais eu le mien en avance (bien utile) et passe donc très rapidement cette étape (j'étais la seule avec un visa étranger, en revanche la queue était énorme du côté népalais). Puis je passe un long couloir qui me conduit jusqu'aux baggages. Il faut repasser la sécurité. Arrivée devant le tapis roulant, je commence à me demander si mon sac m'a bien suivi jusqu'à ici. Soulagement en voyant le couvre sac imperméable orange. Je sors.


Devant l'entrée de l'aéroport, je tombe sur tout un amas de personnes, de taxis qui proposent leurs services. Je cherche Shamser du regard. Ne le voyant pas je traverse la route. Puis j'entends "Louise Louise!" derrière moi. Je me retourne et le vois tout souriant traversant la route à ma suite avec deux autres hommes. Son accueil est très chaleureux. Je pense d'abord que ces deux hommes doivent être les conducteurs. Un des deux me pose directement plein de questions (de manière très bienveillante et ouverte), et j'apprends à ce moment qu'il s'agit en réalité du frère de Shamser. Il est policier à Katmandou. J'ignore encore le lien du troisième homme, bien qu'il me semble être un ami de Shamser. Ce dernier prend d'ailleurs le volant, moi à l'avant à sa gauche et les deux autres hommes derrière avec mon sac.



On traverse Katmandou par le Nord, je me rends compte pleinement de l'anarchie sur la route (on m'avait prévenue! Mais c'est différent de le vivre). Les klaxons ne s'arrêtent pas. Les voitures roulent de partout, et bien qu'il faille rouler à gauche, elles se retrouvent souvent au milieu, voir à droite. Les routes sont en effet très mal entretenues et il vaut mieux chercher le coin le moins troué. Il fait nuit, mais je contemple déjà ce nouveau pays, ces magasins sur le coin de la route, ces maisons, ces habitants. Je suis un peu déçue lorsque l'on dépose le frère de Shamser, mais je continue de plus belle à faire connaissance avec ce dernier qui me parle de Heaven Hill et à qui je raconte mon parcours. Je n'ai toujours pas vraiment dormi depuis 36h, mes yeux commencent à se fermer, mais je m'en empêche. Il nous reste 7h de route, il faut que je soutienne au moins un peu mon hôte.



Au bout de deux heures, nous nous arrêtons sur le coin de la route pour manger un fameux Dal bhat (Riz Lentilles). Il n'y a que des locaux. Ils rigolent en me voyant, très surpris. Ils me disent namaste, et ouvrent encore plus grands les yeux quand je leur dis Namaste à mon tour. Tout le monde mange à la main (sauf un). Mais Shamser demande directement que l'on m'amène une cuillère. Quand mon plateau arrive, il m'explique qu'il faut tout mélanger. J'exécute. Puis, il verse dans mon riz le jus du poulet. Et là je sens le goût épicé monter. À la fin du repas, j'ai le nez qui coule. Il y a pire comme épice, mais pour un début c'est déjà pas mal! Tant que j'ai ma gourde, Shamser me conseille de ne pas boire l'eau que l'on nous sert. Encore une fois, je suis ses conseils.



Puis nous voilà repartis. D'ailleurs, nous avons évité la pluie jusque-là! Jusque-là... plus on s'enfonce dans le pays, plus la pluie se renforce et la route devient périlleuse. Je suis passée à l'arrière, pour tenter de dormir, ma tête posée sur mon sac. Mais je n'y arrive toujours pas. La route est trop escarpée. Nous faisons à nouveau un stop deux heures plus tard. Je sens que mon hôte fatigue. On fait le plein, et puis on se dirige vers un magasin non loin pour se réhydrater. Le magasin est fermé... alors je propose mon eau à mes deux compagnons de voyage. Le deuxième homme, âge difficile à dire mais surement dans la cinquantaine, avec qui je n'ai pas encore échangé, me remercie profondément pour l'eau et me demande mon nom (il ne parle pas anglais, mais je comprend "name") "I am Louise and you ?", "Binau". Grand sourire. On retourne dans la voiture. Seulement 10 minutes après notre départ, nous sommes stoppés sur la route. Il est 2h du matin. Celle-ci est fermée jusqu'à 4h. Bon... je propose à Shamser de se reposer à ma place à l'arrière en attendant, il hésite puis décline et s'endort en quelques minutes. J'ai un peu plus de mal. J'entends déjà un moustique me tourner autour. Et mon sac est si bien fermé que je ne peux pas attraper mon anti-moustique. Il fait chaud, il fait humide aussi. Je ferme les yeux.


Changement de position, j'ai une crampe au pieds droit. Je lève la jambe sur mon sac, et réitère une deuxième fois le mouvement lorsque celle-ci revient. Puis vers 3h40, la route réouvre. C'est reparti pour au moins 2h de route. Celle-ci est de pire en pire. Le jour finit par se lever, joli paysage verdoyant. Un policier monte avec nous. Fin du voyage dans la boue et l'eau du sommet. Je ferme les yeux et fais confiance à Shamser. Il gère. Aucun problème majeur jusqu'à l'arrivée. Binau descend de la voiture et nous terminons de gravir Gaunshahar avec Shamser et la jeep blanche.




À l'arrivée, il est 6h, deux volontaires sont déjà levés. Un couple ayant la trentaine, un Suisse et une Philippine. Ils me parlent du fonctionnement du Heaven Hill hôtel et me font une visite rapide. Tous les autres dorment. Il y a beaucoup de volontaires en fait! (une dizaine?) Et 5 arrivent encore ce soir apparemment. On me propose un lit dans une chambre où Fanny, une autre française, dort déjà. Les deux autres volontaires m'apportent de vieux draps. Je dors presque sur le bois. Je pose mes affaires et ferme à nouveau les yeux. Mon hôte m'a donné la journée pour me reposer, pas besoin d'aller à l'école aujourd'hui.


Vers 8-9h tout le monde commence à se lever, j'entends parler français un peu plus tard aussi. Ça me poussera à sortir de ma chambre (de toute façon elle donne sur la terrasse et il est difficile de faire abstraction du bruit). C'est ainsi que je fais face pour la première fois aux risques réels de cette ruralité...



6- Rencontre officielle avec les sangsues.

 À peine arrivée dans ce petit havre de paix, j'ai l'opportunité et la chance de rencontrer une tranche de la population très sympathique : les sangsues...


Mardi 7 juin, je me lève enfin vers 11h (après 3h de sommeil?). Il n'y a plus personne sur la terrasse, tout le monde est parti à l'école. En sortant du lit, je constate l'état du drap que l'on m'a donné : troué, bien bien vieux et surtout avec une petite tache de sang vers les pieds. Ce soir, je sortirai mon sac de couchage! 
Je profite du temps que j'ai pour tenter de prendre une douche. J'emmène quelques affaires et me dirige vers l'espace toilettes/douche qui est derrière le mur de ma chambre. La porte ne se ferme pas à clé. Elle ne se ferme pas bien tout simplement. Je me debrouille comme je peux avec le peu d'eau qui coule. Cela suffit amplement! Et puis en baissant les yeux, je constate un saignement au niveau de mon tibias droit. Ah?

Je pense directement aux sangsues. En période de mousson, j'avais lu qu'elles étaient très présentes. Dans ma tête défilent pourtant de nombreuses autres possibilités. Je garde cependant en tête l'idée des sangsues (qui me paraît la plus probable dans cette situation). Cela sera par la suite confirmé par un local interpellé devant la maison, qui sans hésité me dit "Tsuga" en me désignant le sol et en mimant de petites bestioles. Et puis d'autant plus confirmé le soir lorsque Fanny, avec qui je partage la chambre, m'évoque une sangsue ayant bien bu, qu'elle a écrasé ce matin au pied de son lit et qui a laissé des tâches de sang par terre (mince! Je n'avais pas vu!).


Après la douche, j'ai donc sorti ma trousse de secours. Je ne pensais pas qu'elle servirait de si tôt. Je désinfecte directement la piqûre (indolore), qui saigne allègrement. Puis y place un pansement. Il ne suffira pas. Au bout de 10 minutes il est déjà totalement imbibé de sang. Je redésinfecte donc et accroche un mouchoir avec du sparadrap, que je garde toute la journée.

Puis je me décide à laver mes vêtements de la veille. Ma chaussette droite et mon pantalon sont également totalement imbibés de sang. C'est plutôt impressionnant. Les sangsues n'ont pas pour habitude de se balader sur la peau. Elles piquent à un endroit, possiblement à travers une chaussette, et boivent durant 30 minutes environ. Puis elles se décrochent naturellement. Bien qu'elles ne soient pas nocives (c'est un bon traitement médical !) il vaut mieux les retirer avant la fin de leur repas car elles ont la fâcheuse habitude de rejeter un peu de sang bu lorsqu'elles ont atteint leur maximum d'ingestion.

Vêtements lavés, j'accroche un fil et étend mon linge. Sangsue, ce soir tu ne m'auras pas!

Il y a par ailleurs une multitude d'autres animaux/insectes bien sympathiques dont Evelyne, la chèvre (le nom vient d'être donné par un volontaire au hasard mais tout le monde l'appelle désormais comme ça)...





7- Jour 1 : Rencontres, pancake et coucher du soleil.

 Vers 14h, alors que j'allais me rendormir, deux volontaires arrivent sur la terrasse, Fanny (Française) et Dan (Anglais), suivi de nombreux autres quelques minutes plus tard : Milton et Raphaël (les deux autres Français), Tom (Anglais), David (Tchèque). Puis le soir nous ont rejoint deux Espagnols Juan et Javier et un Belge, Lars. Avec le couple suisse/philippin (Caldi et Béa) nous sommes maintenant 12 volontaires (il nous manquera bientôt des lits ahaha).



C'est pour la plupart leur première expérience de volontariat mais tous sont habitués des grands voyages. Certains sont en gap year, d'autres en voyage pour l'été mais enchaînent tout de même les pays. Beaucoup ont aussi profité des treks népalais, de Pokhara et de Katmandou. Je trouve le parcours de chacun très inspirant. On parle de photographie, de vidéo, de musique, de projets de voyage... nous avons tout l'après-midi de libre.


Alors que je n'ai toujours pas mangé de la journée (le lunch se prend à l'école) je pars explorer le village avec Dan, à la recherche d'un peu de nourriture. La nature est à perte de vue et le paysage, bien que nuageux, reste grandiose. Nous entrons finalement dans le magasin de Loksmi. Cette népalaise nous propose des pancakes ou des omelettes. J'opte pour un pancake. Dan, sur le moment, préfère les chips et gâteaux au chocolat Made in India. Après quelques jours de Dal Bhat, il est probable que je sois aussi en manque de snacks. Pour l'instant, je me conforme à l'alimentation locale.



Pancake servi, délicieux, un peu épicé et sucré juste comme il faut, nous entamons la conversation avec la fille de Loksi. Elle vient de finir ses examens. Elle a désormais 6 mois de temps libre. Puis elle commencera peut-être des études supérieures en management, elle est intéressée par le monde bancaire. Sinon, elle hésite à donner des cours à Heaven Hill. Bien rassasiée je paye 50 roupies népalais, sois l'équivalent de 40 centimes, et nous redescendons au Heaven Hill hotel.


Par la suite, nous enchaînons les jeux de cartes, les unos, pendant que d'autres écrivent dans leur journal ou préparent de nouveaux treks. Puis il est l'heure de préparer le Dal Bhat du soir. Découpage de haricots, épluchage de pomme de terre, de citrouille,... c'est Kalpana, la femme de Shamser, qui se charge par la suite de faire cuire le riz et de mélanger les légumes. Elle nous ramène d'ailleurs de la pastèque, excellente! Fanny nous propose également des mangues achetées à Besisahar (la ville la plus proche) le wk dernier. Ça fait du bien de manger des fruits frais!



Le soleil se couche dans la vallée, cadeau du ciel.


Le soir, nous nous rassemblons autour de la table pour manger notre repas. C'est l'occasion d'échanger d'autant plus sur nos projets, et j'admire notamment le site Don Caldi du volontaire suisse. Il en est à environ 12 projets de volontariat ?! À la fin du repas, nous faisons la vaisselle et recommençons à jouer aux cartes et à parler. Je pense que le voyage va être sympa...

Demain, mercredi, j'intégrerai enfin Heaven Hill Academy. Je me suis inscrite pour aider à préparer le lunch des enfants :)




8- Welcome to Heaven Hill Academy!

 Mercredi 8 juin, réveil à heu... pas de réveil. Reveillée vers 6h par la famille de Shamser et des volontaires sur la terrasse. La nuit était top sur mon sommier en bois. Premier petit déjeuner ici, du Dal Bhat évidemment. Les nuages viennent à nous... c'est beau.


Vers 9h45 nous partons pour l'école qui est à 5-6 minutes de marche, juste en bas. J'y vais en tongs, mais je fais attention aux sangsues! Il y a déjà beaucoup d'enfants dans la "cour de récréation". À 10h, commence la cérémonie du matin. Je trouve ça grandiose comme idée. Lorsque l'enceinte se met en route, tous les enfants se mettent en rang. Les plus grands aident les plus petits. Puis commence tout un rituel.



Les nouveaux volontaires (nous sommes 4) doivent se présenter aux élèves. Puis, il y a un temps pour l'échauffement (plus haut). Un élève prend le tambour pour donner le rythme au mouvement du groupe. On bouge les bras, on travaille sur l'articulation des hanches, du cou... je ne suis plus sûre de l'ordre mais il y a ensuite une question de culture générale posée par l'élève au tambour (comme : quel est le plus grand pays du monde?), et enfin l'hymne nationale. C'est un moment assez fort, je fais notamment attention aux visages des enfants. Tous debouts, la main sur le cœur, certains ferment leurs yeux et semblent ressentir intérieurement leur chant. Je vais me renseigner sur les paroles. Puis les élèves rejoignent leur classe.


Je suis censée m'occuper de la cuisine pour les enfants, mais suis recrutée par la directrice pour aider une professeure en maternelle. Dans 10m² (la salle est ronde) nous sommes 2 volontaires + la maîtresse + une vingtaine d'enfants. Tout le monde trouve sa place. Il n'y a pas de table ni de chaise, c'est plus pratique ;) L'autre volontaire, Raphaël, un français aussi, commence à lire l'alphabet : "A for Apple, B for Bubble, C for Cat, D for Dog..." Puis chaque élève doit passer devant la classe pour répéter l'exercice. C'est plutôt long mais on fait attention à garder tout le monde actif.



Nous passons ensuite à la partie 'écriture'. C'est plus complexe... pendant que nous leur faisions travailler l'alphabet, la maîtresse s'est chargée de rédiger un exercice individuel pour chacun. À l'heure de l'écriture, les élèves récupèrent donc leur cahier et commencent à écrire. A, B, C, D pour certains, I, F, J, H pour d'autres, juste A parfois, ou 1,2,3,4 pour les plus avancés. Au bout de quelques minutes, certains ont fini tous leurs exercices et commencent à jouer et déranger ceux qui travaillent encore. Un groupe joue avec mon foulard, ma montre ou mes bracelets. D'autres veulent être sur mes genoux. Difficile de garder le groupe concentré. Raphaël lui se concentre sur un élève en particulier, qui a du mal à écrire le K. Pendant 2 heures il tente par tous les moyens de le lui faire écrire... en vain.

Vers 12h30, Milton vient nous chercher pour aller manger.

Les volontaires mangent plus tôt que les classes car ils sont en charge de servir le lunch aux enfants ensuite. Ce midi, Dal Bhat. Nous servons plus de 200 plats. Tom, un anglais, a ramené son tam-tam acheté un mois plus tôt en Inde. Les enfants se déchaînent dessus. C'est aussi l'occasion de réapprendre les jeux de mains. Je perds la plupart du temps... d'ici un mois je serai une experte!! Puis, nous rentrons à la maison. Peu de volontaires (aucun?) ne reste l'après-midi car les cours sont en népalais.



Moment de repos, d'écriture, de lecture, (de meditation?)... Surtout, je craque enfin pour un petit speculos emporté depuis la France. Incroyable. Et une douche froide tant espérée !! (avec mes amis les insectes ahaha)




Hier, nous avions commandé des 'momos' au magasin de Loksi. Il s'agit d'une nourriture typique népalaise. Un peu comme des ravioles. Vers 18h, nous y retournons donc pour enfin les goûter...




9- Cours de cuisine à Gaunshahar.

 17h30, nous commençons à éplucher les légumes pour le Dal Bhat du soir. Comme le repas est prévu pour 19h30, nous avons le temps d'aller enfin goûter nos momos végétariens chez Loksi...


Nous sommes plusieurs à monter au magasin. Mais Loksi n'est pas encore là... sa fille commence à préparer les momos et nous dit que cela prendra 30 minutes. Au bout de 20 minutes, nous commençons à avoir faim et lui demandons si nous pouvons l'aider. Elle décline dans un premier temps, puis nous rejoignons la cuisine. C'est parti pour un petit cours de cuisine!


Jusqu'à 19h20 nous sommes aux fourneaux. Bien loin des 30 minutes promises. Mais quelle expérience ! Certains talents se sont révélés (pas les miens) et les moqueries ont fusé de la part des locaux. On a passé un très bon moment. Loksi nous a rejoint vers la fin... puis a fait cuire les momos et nous les avons dégustés comme si nous n'avions pas mangé depuis une semaine. 10 chacun! Pour la modique somme de 120 roupies = 1€!!



Nous sommes ensuite rentrés pour le Dal Bhat. Nous en avons peu mangé... Shamser nous a rejoint à la faim du repas pour l'"appreciation time". Chacun notre tour, nous avons parlé brièvement de notre journée et des moments qui nous ont marqué. Jai personnellement évoqué la cérémonie du matin à l'école, et la coopération entre les grands et les petits. Nous avons fini par un jeu de cartes.



Petit à petit, tout le monde est allé dormir. À 22h30 c'était mon tour, il restait 2 volontaires sur la terrasse pour regarder 'Le Flambeau'. J'ai ri depuis ma chambre.




10- 219 oeufs plus tard : tiktok, danse, mariage.



Ce jeudi 9 juin, le bruit sur la terrasse ne me réveille qu'à 8h55. Je commence à m'y habituer. Une réunion de village est en train d'être conduite près de l'arbre au-dessus du Heaven Hill hotel. Avec David et Fanny nous nous rapprochons de ce groupe, mais nous comprenons difficilement (pas du tout) le sujet de débat...





À 10h, commence la cérémonie officielle du matin. Quelle surprise d'entendre la Macarena!! Vraiment, je trouve que cette idée de rassemblement et d'échauffement est grandiose. Puis nous assistons encore une fois au chant de l'hymne national.





Aujourd'hui, je suis enfin de cuisine! Au menu : haricots rouges et œufs. Pour 219 personnes. C'est à dire qu'il faut préparer 219 œufs. Et nous sommes 3 à la cuisine...

Nous avons commencé vers 10h30 et fini vers 13h. On ne pensait plus pouvoir y arriver à temps!! Au début nous n'étions que Milton et moi. Bimala, en charge de la cuisine à l'école, nous a rejoint lorsque la vaisselle était finie. Bimala est aussi notre voisine, nous la voyons très souvent. Elle est jeune mais a déjà deux enfants, deux garçons. Nous parlons des coutumes népalaises concernant le mariage notamment. Celui-ci est organisé par les parents, souvent entre des jeunes de 16-17 ans qui ne se connaissent pas. Apparemment, la mère de Shamser a même été mariée à 8 ans. Nous apprécions beaucoup Bimala, qui nous fait bien rire avec ses trois questions fétiches qu'elle pose à tous les volontaires "What's your name?", "Do you have Tiktok?", "Do you have boyfriend/girlfriend?". C'est en effet une fan de Tiktok, elle est fière de nous montrer ses 92k likes. Elle post surtout des vidéos de danse (elle a failli être danseuse professionnelle). Nous attendons avec impatience qu'elle nous donne un cours! Quant à la question sur le petit copain/copine nous répondons à la négative majoritairement, alors elle enchaîne sur "I have a sister" ou "I have a brother". Elle a beaucoup d'espoir de me marier avec son frère qui est actuellement au Japon. Il est "tall, awesome, perfect".








Puis l'équipe du jour à la construction (Fanny, Dan et David) se joint à nous pour une "pause". Leur aide est quand même bien utile, nous galérons toujours autant pour les œufs. Tom intègre aussi la cuisine. Et au bout d'un moment... nous pouvons ENFIN manger un œuf chacun, dont nous rêvions depuis le début de la matinée ! Vue sur la nature...

Lorsque l'heure du lunch pour les élèves arrive, nous passons à la distribution. Puis jouons avec eux. Les petits adorent s'accrocher à mes bras pour faire du 'manège'. Un plus grand me demande de jouer à "1, 2, 3 soleil", puis d'autres à des jeux de mains. Je découvre aussi les instruments de l'école... et analyse leurs rangements. Je remarque d'ailleurs que leurs protèges livres sont en emballage d'aliments. Autre remarque : jamais en France on ne laisserait les enfants jouer sur un espace en travaux, et surtout sans barrière de protection!









Puis il est l'heure de quitter Heaven Hill Academy, et nous laisson Lars et Javier en équipe de remplacement à la construction. Personnellement, j'attends mes résultats universitaires qui vont arriver dans l'après-midi :))






11- Soirée d'adieux et de résultats universitaires.

 Sur le chemin retour, je tombe sur le seul petit temple du village. Bouddha (il me semble qu'il s'agit de Bouddha) est sous la pluie.



Javier et Juan nous proposent ensuite d'aller prendre un thé juste au dessus de chez nous. N'en n'ayant pas encore goûté, j'y vais volontiers. Pour 20 roupies=6 centimes, c'est un délice !! L'omelette de David a l'air excellente aussi. Ce sera pour une prochaine fois. Je chope également un Oreo dans le paquet de Javier, quel bonheur. Incroyable. La pluie tombe fortement, c'est en fait plutôt agréable (c'est mon avis du moins, parce que les autres n'ont pas l'air daccord).




Puis, vers 18h je reçois enfin mes résultats ! Ce n'est pas comme si je les attendais vraiment, mais au moins ils sont là désormais. Et mon année est validée par le jury. Je prends une douche et me dis qu'il faut quand même fêter ça, d'autant que ce soir est le dernier de Tom et son tamtam... alors je propose à tout le monde d'aller chercher des bieres népalaises. Nous obtenons chacun une Himalayan Dragon pour 330 roupies=2,75€. Et des chips!


En revenant à la maison avec notre apéritif, nous portons un toast à Tom et mes résultats. La biere est excellente. Les chips... ont l'air dépassé. À la moitié du paquet je constate qu'elles sont périmées depuis avril 2021. Affaire à suivre :(

Puis chaque nationalité met sur l'enceinte les musiques typiques de son pays. J'aime beaucoup la musique Tchèque qui passe. Et lorsque la musique espagnole se met en route, Javier et Juan partent dans un autre monde. Nous avons bien rigolé.

Nous terminons sur quelques jeux de cartes, le Joker juste en fait. Tom perd constamment. Nous attendons donc que quelqu'un d'autre échoue pour aller dormir et que Tom ne parte pas sur un échec. 23h la soirée est finie. C'est agréable de profiter de la journée et du soir, tout en se couchant relativement tôt.






12- Noix de coco, Énergie naturelle et Déluge.

 Ce matin, je me suis posée vers l'arbre juste au dessus de chez nous pour une petite contemplation du matin. Mon ami l'escargot a rejoint la meditation. J'étais prête pour la dernière journée avant le week-end...



 Vendredi 10 juin, 10h, je retourne à la cuisine. Les petites classes sont déjà occupées par des volontaires. Au menu, Riz à la crème sucrée et noix de coco. Avec Lars et Dan, qui sont aussi de cuisine, c'est vrai qu'on est un peu réticents. Je commence donc à couper 5 noix de cocos, celles ci sont toutes petites par rapport à celles que l'on a en tête. Et quelques unes sont déjà dépassées, il faut les mettre au compost. La crème, on n'ose pas la goûter, tandis que le quart des noix de coco est dans nos ventres avant d'être ajoutés au plat.



À l'heure du lunch, nous distribuons à nouveau les bols à tous les enfants. J'en ai finalement pris un, qui n'est pas du tout passé. Bimala m'a rajouté une grosse cuillère de beurre et ça a dû être trop. Et pourtant certains ont apprécié, Dan et Fanny en ont même repris. Alors que les enfants mangent, j'explore d'autant plus l'école. Ce matin j'ai eu l'occasion de découvrir le haut en aidant 5 minutes à la construction. Et ce midi je découvre plutôt le bas, et les valeurs de l'école... j'aime beaucoup la phrase "la différence nous rend plus forts".



Alors que les enfants sont émerveillés par le drône de Caldi, nous quittons l'école pour le week-end. Les enfants n'ont pas cours le samedi, et les volontaires ont également le dimanche de libre.

En faisant la cuisine, j'avais remarqué un grand arbre un peu plus bas dans la colline. J'avais très envie d'aller le voir de plus près et sentir un peu son énergie comme mon père me l'a appris. Alors comme nous avons du temps, nous descendons avec Dan, Javier et Juan. Juan abandonne vite, il fait chaud et évidemment... si nous descendons il faut remonter! Mais seulement quelques minutes plus tard nous y arrivons. L'arbre et l'endroit sont splendides. 






Nous avons une belle vue sur les champs, sur Besisahar en bas, et les petites chèvres non loin de nous. Je me rapproche de l'arbre et souhaite l'entourer de mes bras. Mais je remarque bien vite des araignées un peu partout... je pose alors ma main contre le tronc et tente de me connecter avec cette grande présence de la nature. Puis Javier et Dan me demandent ce que je fais. Je leur explique, alors ils posent aussi leur main sur l'arbre. Dan ressent enfin quelque chose... et non en fait... ils se moquent de moi ahaha. Tant pis, le flux d'énergie restera entre l'arbre et ma personne.



Nous remontons au Heaven Hill Academy, puis plus haut au Heaven Hill hotel. Nous sommes tout transpirants et bien contents de prendre une douche froide. Plus tard, nous retournons au magasin de Loxmi, je prends un thé. C'est qu'il est très bon. Les autres prennent des omelettes ou des snacks. En plus de Loxmi, il y a Kalpana et Bimala avec nous. C'est un très bon moment.


Puis vient le soir, et Bimala nous filme enfin pour poster un nouveau tiktok! Juan sort d'ailleurs la guitare bleue des volontaires. Hélas, le cours de danse officiel n'est pas pour aujourd'hui, Bimala est trop timide pour danser face à Shamser, et en extérieur nous dit elle. Alors elle n'est même pas sur le tiktok. Bimala est vraiment drôle, elle ne fait que répéter "Ho my god" avec son petit rire et sa main sur la bouche dès qu'elle est émerveillée, ou gênée, ou contente, ou surprise... n'importe quand en fait. Elle nous montre souvent des photos d'elle avec les cheveux lâchés, des tenues traditionnelles et dit spontanément "Ho my god, I am so beautiful". C'est vrai qu'elle est très belle, mais surtout elle est vraiment humaine et c'est ça qui est beau à voir.



Le moment est venu de passer à table. Au menu? Dal Bhat. Ce soir, je l'apprécie encore plus. Je pense que j'avais faim. Chacun est occupé, Lars avec son montage vidéo, Dan avec le nouveau LinkedIn de Heaven Hill, moi avec la publication des articles. Mais finalement nous nous retrouvons tous pour nos habituels jeux de cartes. Après des parties de uno, nous évoluons avec le jeu du Killer. Finie vers minuit, c'était encore une super soirée...



En plus de la bonne ambiance entre tous, le temps crée une atmosphère conviviale. Il pleut intensément, il y a des éclairs partout, c'est un peu le déluge. Et nous, sous notre toit, sommes tous serrés pour affronter les gouttes et le froid qui vient sur la terrasse. L'électricité est stoppée à de nombreuses reprises. On ne réagit même plus lorsque la lumière s'éteint. Je mets ma lanterne à côté de nous pour continuer à jouer. J'avais hésité à l'emporter pour le voyage. Offerte par mon père, elle s'avère finalement quotidiennement utile. 

Tatataaa un éclair tombe à 5 mètres derrière nous. Les fils électriques grésillent. Fanny et Dan devant moi sont choqués ahaha. Avec le bruit et la lumière ils ont eu l'impression que la foudre leur tombait sur la tête. Je pense que j'étais trop préoccupée à dire 'uno' pour être surprise moi même même si ça restait impressionnant. J'aime beaucoup cette vie auprès de la nature et de ses éléments. Entendre cette pluie torrentielle, sentir ce vent, voir les insectes voler autour de la lanterne, et même... découvrir un papillon dans ma pantalon (qui est très large, c'est compréhensible). D'ailleurs, pour faire fuir les moustiques, la technique ici est de faire brûler une boîte d'œufs. Ethan, le fils de Shamser et Kalpana s'amuse à courir autour de nous avec.




La journée est finie... il est temps d'aller dormir, nous sommes épuisés par la journée et la chaleur.




13- Exploration, Cascade et Baignade.


 Depuis que je suis arrivée, tout le monde évoque une cascade à 30 minutes de marche. Avec un bassin dans lequel il est possible de se baigner. Ce samedi 11 juin, nous décidons donc d'en faire l'activité du jour...


Ce samedi, il n'y a pas école. Nous nous levons donc tous tard, vers 9-10h et prenons notre temps toute la matinée. Lectures, écritures, échanges, lessives... nous avions prévu de manger des samoussas chez Loxmi ce midi mais son magasin est fermé aujourd'hui. Elle travaille dans les champs. Nous faisons donc le tour des magasins du coin mais personne ne fait de samoussas, ni de momos. C'est Kalpana, notre hôtesse, qui finit par nous proposer une soupe aux noodles. Quel bonheur. Le Dal Bhat est très bon mais c'est vrai qu'à la longue, ça fait du bien de changer. Et surtout, nous sommes de plus en plus impatients d'aller à la ville la plus proche demain, Besisahar, pour nous faire un bon resto avec Hamburger, Smoothie, Pizza, Momos... incroyable (cette nuit j'ai réellement rêvé que je mangeais une pizza pleine de fromage).



Puis, nous partons vers 15h à la recherche de la fameuse Cascade. C'est Fanny qui nous guide, mais elle se trompe rapidement (pas tant que ça finalement car quand nous changeons de chemin en suivant Raphaël, Fanny souhaite continuer à explorer par le sien et nous retrouve un peu plus loin. Tous les chemins mènent à la cascade). Le trajet est splendide...













Puis nous arrivons enfin à la Cascade, nous sommes bien transpirants. Il y a déjà un groupe de jeunes locaux. J'avoue que je suis très gênée d'être en maillot de bain alors qu'ils n'ont pas du tout la même culture que nous. Mais en voyant Dan et David en bas, que tout a l'air de bien se passer, je ne réfléchie plus et les rejoins dans le bassin. C'est vrai que le Routard ne conseille pas trop de se baigner dans les points d'eau népalais. Mais nous savons que les jeunes du village y viennent tous les week-ends et qu'il n'y a pas de risque à part glisser sur les rochers mouillés. Ce serait le même risque autour de n'importe quelle cascade. Alors je fais attention et tout se passe très bien.





Pas de serpents, pas de cailloux tranchants par terre (nous avons pieds), une seule sangsue sur la jambe de David. Il y a plus de courant que la dernière fois nous dit Raphaël, mais c'est aussi ça qui est drôle. Nous sautons depuis le rocher supérieur. Les garçons prennent même leur douche. Nous passons un excellemment moment. En sortant de l'eau, je m'assois emmitouflée dans ma serviette (je commence à sentir le regard curieux des jeunes népalais) et ferme les yeux. Il est l'heure de faire un exercice dont je ne me lasse pas...

Meditation de Louise, exercice de Mindfullness :
-réfléchir à 5 choses que je vois
-4 choses que j'entends
-3 choses que je sens (sur ma peau)
-2 choses que je sens (odorat)
-1 chose que je ressens (émotion interne)

C'est très puissant. C'est apaisant. J'entends les oiseaux autour de moi, je vois des papillons, je sens l'air humide, la fumée de cigarette du groupe de népalais et je me sens bien, juste bien ici à ce moment. Puis je réouvre les yeux et quelle surprise de voir que tout le monde est autour de moi et un téléphone en mode photo juste devant!! J'étais vraiment concentrée et n'avais pas fait attention à ces mouvements. Les volontaires rigolent en voyant ma tête perdue.



Photo de groupe prise, les népalais me demandent de faire des photos avec chacun d'entre eux. On me fait beaucoup de compliments. Je suis extrêmement gênée je l'avoue (même si il n'y a rien de vraiment insistant et que ça reste bon enfant. Tout est sous contrôle no worries). Un me demande si je suis mariée et à ma réponse négative rencherie en disant que lui non plus! Youhou trop bien ahahha. Je finis par 'fuir', attrape mon tee-shirt et m'assois à côté de Milton et Raphaël (les deux autres Français).

Nous partons finalement au bout de quelques heures. Il faut maintenant tout remonter. Sur le chemin, le groupe de népalais nous rejoint en moto/scooter. Ils sentent fort l'alcool, je ne suis pas sûre qu'ils soient en mesure de conduire ahaha. Dan et Raphaël essayent un des scooters. On a l'impression que c'est le plus beau jour de leur vie! Les népalais descendent finalement à Besisahar, et nous remontons à Gaunshahar.







Deux groupes se forment, ceux qui foncent (Dan, Javier, Juan, David) et ceux qui prennent leur temps (Les français Fanny, Raphaël et Milton). J'abandonne alors le premier au niveau du grand arbre d'hier, pour prendre le temps d'admirer le paysage. Pourquoi se presser quand il y a une si belle vue (plutôt dégagée pour une fois) et cette lumière de fin de journée !! Finalement, lorsque le deuxième groupe me rejoint, nous restons près d'une demi-heure ici à contempler la montagne.








Puis vous connaissez la suite, retour à la maison et... Dal Bhat. Quelle hâte d'être demain pour descendre à Besisahar !!




14- Burger, Milkshake et Aventure en Bus.

 Dimanche 12 juin, c'est le grand jour. Nous partons à la recherche du paradis alimentaire à Besisahar!! 


Petit réveil vers 9h, avec notre amie l'araignée. Après un bon Dal Bhat nous partons pour la ville. Environ 45 minutes de descente. Il n'y a que des escaliers. C'est rapide mais ça reste assez physique, il fait notamment très chaud et 2 jours plus tard j'ai encore des courbatures. Je pense que le manque d'eau joue.










Nous arrivons dans les alentours de 11h. C'est ma première ville népalaise! Je n'étais encore jamais sortie de Gaunshahar. Et c'est un peu comme comme je l'imaginais. Des magasins de partout. Des bus. Des fruits, des légumes, des vêtements. Les gars prennent une bouteille de soda. Une micro bouteille. Peut être du 25cl. Mais ça reste rafraîchissant. Puis on se dépêche de rejoindre le fameux restaurant...










Et quel restau! Le Burger house! À l'autre côté de Besisahar. Il n'y a personne quand nous entrons. En même temps il est encore tôt. Les serveuses nous apportent des verres d'eau. Puis nous nous empressons de commander. C'est l'heure du régal...






Au menu pour moi : Pizza champignons fromages poulet, Hamburger poulet, Milkshake à la framboise, et pour finir, je commande des momos. Quel bonheur. Nous avons tous commandé des frites avec les Burgers, mais les portions sont assez ridicules. J'ai eu 11 frites. Certains 7, Fanny 14. 







Pendant que nous attendons, l'électricité se coupe à de nombreuses reprises... rien de rassurant quant à la conservation des aliments et de nos pizzas surgelées. Tant pis, 2 jours plus tard je ne suis toujours pas malade ;)

Ce restaurant est vraiment sympa. Nous avons de grands canapés (nous sommes 9), de la nourriture et du wifi. Il y a également de belles façades. Après le repas, c'est l'heure de la sieste pour certain...




Puis nous devons prendre le bus de 14h30. Nous nous empressons donc d'acheter quelques fruits. Hélas je n'ai pas le temps de prendre du miel et des gâteaux (contrairement à Fanny)... Au moins nous arrivons à l'heure pour le bus, mais il partira au moins 30 minutes plus tard. 



Ce bus est spécialement dédié au trajet Besisahar/Gaunshahar pour 100 roupies=83 centimes. Il y a deux horaires dans l'après-midi. Mais évidemment le conducteur souhaite remplir son bus. Alors nous attendons qu'il soit plein. Il fait si chaud à l'intérieur. Quelques volontaires décident d'attendre dehors. C'est assez insupportable. Puis nous finissons par partir. Nous avons 1h de route.




Le bus est en effet rempli. Au bout de 10 minutes, Lars demande au chauffeur si nous pouvons monter sur le toit. Ce que nous faisons. Nous sommes 9 sur le bus. La vue est incroyable et le trajet beaucoup plus agréable qu'à l'intérieur. Nous avons de l'air frais, de quoi respirer. La route n'est pas plate c'est évident. Et la barre derrière notre dos fait bien mal, il faut trouver la meilleure manière de s'assoir/s'allonger. Mais l'expérience vaut largement le coup.





Le bus commence à patiner dans la boue vers la fin du trajet. Très souvent, il ne peut pas aller plus loin, il faut donc terminer à pieds et le prix s'abaisse à 50 roupies=41 centimes. Mais nous avons espoir que cela ne soit pas le cas aujourd'hui. Une pelleteuse se rapproche et tente par tous les moyens d'applatir la route. Il y a du monde qui attend derrière nous. Après quelques tentatives le bus passe enfin et nous continuons notre périple. Il ne faut pas trop regarder dans le vide ahahah. Le bus s'arrête à nouveau et je propose à Dan et Lars de rentrer à pieds. Ils regrettent rapidement cette décision, mais nous arrivons finalement plus tôt que le bus à destination. Il est grand temps de prendre une douche.



Ce soir, nous fêtons le départ définitif de Bea et Caldi et le départ temporaire de Fanny (qui va réparer son ordinateur à Katmandu) et Lars (qui doit faire un check-up santé aussi à Katmandu pour partir en Australie dans 1 mois). À Besisahar, nous avons acheté des raquettes de ping-pong et 3 balles pour 200 roupies=1,60€. Ce soir, j'organise donc un tournois pour tous. Nous déplaçons les tables pour en faire une grande. C'est encore un excellent moment. Ceux qui perdent par fanny doivent rester sous la table pour le prochain match. Ceux qui perdent, tout simplement, deviennent le lampadaire officiel. Nous avons encore de nombreuses pannes d'électricité ce soir!




Après la finale gagnée par Javier, nous partons nous coucher. Demain, il sera temps de retourner à l'école :)



15- Sommet sous le brouillard et Hymne Nationale.

 Mardi 14 juin, je pars à l'aventure dans la jungle népalaise avec Raphaël. Nous tentons d'atteindre le sommet du mont qui s'élève au dessus de Gaunshahar. Mission réussie au bout de 1h30 de marche! La vue n'est pas incroyable, nous ne voyons que des nuages. Mais le trajet vaut largement la peine. Je découvre encore toutes sortes de petites bestioles. Nous rentrons à la lampe frontale (au sommet seulement, nous n'en avons plus besoin ensuite), le brouillard est impressionnant.




Ce mardi 14 juin, c'est aussi la journée internationale du don de sang. Je ne pensais pas que mon sang profiterait à plus de 50 sangsues lors de cette marche!! Mes pieds saignent toute la soirée. C'est mon record et l'expérience n'est pas si insupportable finalement ahaha.  Hier, un couple d'américains (Sophie et Chris) a débarqué. Avec Raphaël nous leur avons proposé de se joindre à nous. Ce qu'ils ont fait sans en être convaincus à cause de la pluie. Au bout de 30 minutes ils ont fait demi-tour à cause des sangsues. Pour un premier jour c'est vrai que ça peut être impressionnant. Maintenant je me suis totalement habituée, j'ai juste peur de manquer d'antisceptique et de pansements. Pour l'éviter, Kalpana, la femme de Shamser, m'a montré une nouvelle technique : déchirer un bout de papier, l'asperger d'antisceptique et le coller sur la plaie. Ça tient et c'est très efficace! 




Ce soir, nous accueillons également une nouvelle volontaire italienne, Eleonora. Après être passés à 7, nous commençons à nouveau à être beaucoup. Je suis contente d'avoir eu une semaine entière avec le même groupe pour tisser de bons liens. Ça commence en effet à être plus compliqué avec les nouveaux arrivant. Il me semble que nous accueillons une française demain soir (mercredi 15 juin). Encore une?? Nous serions donc 5 français, ça commence à faire beaucoup ahaha. Heureusement, Fanny est à Katmandou en ce moment et Raphaël est parti 2 jours avec Shamser dans une autre école. Nous ne sommes donc que deux français au Heaven Hill hotel pour le moment, Milton et moi-même.


Demain, Bimala va nous montrer un magasin à Gaunshahar où je pourrais trouver des bijoux. Affaire à suivre...





J'ai d'ailleurs cherché la traduction de l'hymne nationale népalaise!! :


Sayaun Thunga Phool Ka

Sayaũ thũgā phūlkā hāmī,

euṭai mālā nepālī

Sārvabhaum bhai phailiekā,

Mecī-Mahākālī


Prakṛtikā koṭī-koṭī

sampadāko ā̃cala,

Vīrharūkā ragatale,

svatantra ra aṭala


Jñānabhūmi, shāntibhūmi Tarāī,

pahāḍ, himāla

Akhaṇḍa yo pyāro hāmro

mātṛbhūmi Nepāla


Bahul jāti, bhāshā, dharma,

sãskṛti chan vishāla

Agragāmī rāshṭra hāmro,

jaya jaya Nepāla!



Les cent fleurs

Nous sommes les cent fleurs

d’une seule guirlande, le Népal

Souverain, il s’étend

de Mechi à Mahakali.


Conservant l’héritage éternel

de la nature versé

Par le sang des braves libres

et indestructibles.


Terre de connaissance, de paix,

de Téraï, de collines, de montagnes

Notre bien-aimée

et indivisible terre patrie, le Népal.


Notre population, notre langue,

notre religion, notre culture sont si grandes

Notre nation si riche, longue vie,

longue vie au Népal.



16- Jungle népalaise : début d'une belle aventure...

 Je crois qu'à la base c'était une blague. Puis c'est devenu l'une des aventures les plus fortes en émotions de ma vie...



Cela fait quelques jours que j'ai du mal à vivre de nouvelles expériences. Les journées commencent à se ressembler et je n'aime pas trop ça. Lever, Dal Bhat, École, Lunch, Repos, Dal Bhat, Jeux, Nuit. À partir du moment où je n'ai pas grand chose à raconter, c'est que mon voyage n'est pas exploité au maximum. Et ça, ça me dérange, bien que tout se passe à merveille. 







Mercredi, Bimala m'a accompagnée chez une amie qui tient un magasin où je pouvais trouver des bijoux. C'était très petit mais j'ai tout de même dégoté de jolies boucles d'oreilles dorées pour 150 roupies=1,25€ et six bracelets rouges et dorés pour 30 roupies=25 centimes. J'apprendrai plus tard que les bracelets rouges signifient que je suis mariée. Peut être que l'on ne me proposera plus de mariage népalais au moins ahaha.

Nous sommes aussi retournés au magasin de Loxmi jeudi, pour fêter le dernier soir de Dan avec des samoussas! Hélas nous n'en avons préparé que 30 pour 10 personnes, et nous sommes restés sur notre faim. Ils étaient tout de même excellents et nous avons passé une très bonne soirée. Ça fait toujours mal de s'attacher aux gens et de savoir qu'on ne les reverra sûrement plus jamais. Je sais que cela fait partie du jeu. Dan va continuer son périple en Égypte, Liban, Jordanie, Palestine, Israël (et Tunisie?) avant de retourner chez lui au Royaume-Uni. De belles découvertes l'attendent encore!










Alors certes, j'ai continué à innover un peu chaque jour, mais ce vendredi, j'ai senti le besoin de vivre une vraie nouvelle expérience. Et c'est là que Sébastien, le nouveau français qui vient d'arriver, nous propose d'aller camper dans la jungle au dessus de Gaunshahar.

Très vite, le projet est pris au sérieux. C'est décidé, ce soir, nous prenons les tentes et allons à la rencontre de la nature pure, des sangsues, des oiseaux... et des tigres ?

Tout le monde y va un peu à reculons et en même temps motive le projet. Après avoir ouvert la grande malle à tentes du Heaven Hill hôtel, nous en choisissons deux, préparons nos sacs, achetons des provisions d'eau et de nourritures et partons vers 17h30. Direction : le sommet d'une colline un peu au-dessus de Gaunshahar (plus proche que celle où nous sommes allés avec Raphaël la dernière fois). Nous cherchons le meilleur chemin, mais c'est vrai que nous y allons un peu à l'aveugle. Des locaux nous conseillent comme ils peuvent. Après avoir bien avancés sur la route, nous entrons dans la jungle, la vraie.









Font partie de l'équipe : Javier et Juan, les deux amis espagnols, Eleonora une nouvelle volontaire italienne et Sébastien le nouveau français. Hélas Dan est déjà parti, Raphaël est très malade et Milton ne se sent pas de venir. Nous partons donc à 5, qui s'avère finalement être un très bon nombre et nous permet de passer une partie de la soirée tous dans la même tente.









Après 1h de recherche environ, nous montons finalement les deux tentes sur un espace relativement plat, en plein milieu de la jungle. Ce n'est pas le sommet mais nous nous disons que ça suffit. Les sangsues nous ont déjà bien repérés.










Lorsque nous entrons un à un dans la tente la plus grande, voici l'état des choses : 

1) il fait beau dehors, il a beaucoup plu hier et nous espérons y échapper cette nuit. Normalement, nos tentes sont tout de même Waterproof. 

2) la nuit tombe et nous nous plongeons dans l'atmosphère de la nature sauvage, écoutons les bruits autour de nous, c'est très agréable et déjà assez impressionnant. 

3) nous savons qu'il est possible qu'un tigre vienne nous rendre visite, mais nous ne savons pas qu'elle en est la probabilité. Des locaux nous ont dit qu'ils en avaient vu quelques fois, d'autres qu'il n'y en a plus dans les parages maintenant. Dans la tente, nous prenons tout de même le temps de lire un guide de survie au cas où nous aurions à faire face à un tigre : la meilleure des solutions est de courir. Pour autant, les tigres craignent naturellement les humains, il faut donc que nous lui montrons que nous sommes nombreux et crier fort. Nous pouvons aussi monter dans les arbres, nous en avons repérés quelques uns autour de nous. Par sécurité, mais surtout parce que ça nous amuse, nous confectionnons une arme avec le couteau de cuisine pris à Kalpana et un bâton en bois. Nous avons aussi des bâtons de marche et mon couteau suisse.




4) l'ambiance est au beau fixe nous sommes ravis d'être allés jusqu'au bout de l'idée et nous nous sentons en sécurité... so far.


Il est 19h30, la nuit va être longue...



17- Jungle népalaise : 4 ennemis d'une nuit.

 Après être rentrée hier matin (samedi 19 juin), je me suis demandée ce que je pouvais bien écrire sur cette nuit auprès de la nature. Ne rien dire? Tout dire? De quelle manière? C'est que si tout s'est finalement très bien terminé, et que l'expérience en elle-même a été incroyablement enrichissante et drôle, il y avait quelques facteurs risques que nous avions mal calculés. Je pense alors qu'il me faut rester fidèle comme je le fais depuis le début de mon partage d'expérience et vous raconter cette nuit comme je l'ai vécue pour peut-être enrichir vos propres futures expériences.



Avant de commencer il me faut préciser deux éléments : 1) il s'agit de mon propre récit, qui est très largement différent de celui que les autres de l'équipe auraient pu vous apporter. Chacun a vécu la nuit à sa manière, certains éléments m'ont moins marquée et d'autres sûrement beaucoup plus. Il ne faut donc pas prendre tous mes ressentis comme inévitables dans une telle situation. 2) les risques ne sont pas encore vraiment évalués. Nous en connaissons quatre : les sangsues, les animaux de la jungle, les orages et le froid. Mais je ne sais finalement pas si nous les sur-évaluons ou sous-évaluons. Quoi qu'il en soit, tout ce qui suis n'est que mon retour d'experience, pas une analyse scientifique.



Rencontre du premier ennemi : les sangsues.



Celles-ci, je commence à les connaître. Je veux dire, au bout d'une centaine de sangsues, c'est bon je sais y faire face. Je ne les crains plus, je sais qu'elles vont venir me rendre visite. Une connaissance me l'a appris avant mon voyage, lorsque l'on en voit une il faut l'attraper, la tourner, et la retirer. Elle peut se coller au doigts ensuite et il faut refaire la manip, ou juste secouer la main pour s'en débarrasser. J'en ai tuées très peu car elles résistent bien et je préfère juste les rejeter dans la nature. Comme expliqué dans un article précédent, les sangsues ne sont pas proprement nocives. Je les considère tout de même comme des ennemies car nous les traquons comme telles. C'est assez désagréable de les sentir à travers son pantalon, sur ses cuisses ou ses hanches (je parle en connaissance de cause) . Eleonora, qui vient tout juste de les rencontrer, en a d'autant plus peur. Paralysée, c'est à moi de les lui enlever une par une. De même, hors de question d'en avoir dans la tente et de se réveiller avec des sangsues sur le visage! Nous nous sommes bien débrouillés, et en avons seulement trouvées trois dans notre cocon que nous fermions avec précaution. Au réveil, il y en avait une dizaine derrière le premier filet de tente, qui bougeait de partout. 'Ennemies' aussi car elle ont causé la première et seule blessure de la nuit. Au petit matin, lorsque nous allons voir la vue sur les magnifiques montagnes à quelques mètres de nos tentes, nous n'évitons pas encore quelques sangsues. Javier fait donc la technique expliquée plus tôt : tourner la sangsues, la retirer et secouer la main si elle s'accroche au doigt. Sauf que son épaule se déboîte à la secousse. C'est la deuxième fois que ça lui arrive (dans sa vie) et il a énormément de chance cette fois-ci car elle se remet en place toute seule. Il a tout de même bien mal, et rentre avec le bras bloqué par un pull en avalant un de mes dolipranes. Les sangsues, très peu pour nous!






Deuxième ennemi : le tigre et les animaux de la jungle.



Une fois que nous sommes dans la tente, loin des sangsues, nous nous sentons enfin en sécurité. Nous continuons de rigoler, de profiter des merveilleux sons que la nature nous offre. Nous parlons, commençons à échanger plus sur nos vies. Et puis tout à coup... un grognement de tigre. Le cœur qui loupe un battement. Nous éteignons la frontale de veille. Tous immobilisés. Tous mués. Il ne pleut pas, nous n'entendons que ça. Quelle distance? Nous a t-il repérés? Vient-il vers nous? Dans quelle optique? Deuxième grognement. Nous sommes paralysés et en même temps, arborons un grand sourire aux lèvres, une envie de rigoler nous prend. Vous savez, ce moment où un rire spontané, un rire de détresse je dirais, vient nourrir une situation d'alerte. Ce rire voulait dire "mais dans quelle situation nous sommes nous mis??". Tous serrés dans la tente, un peu petite pour 5, nous nous regardons hébétés.
Et puis avec Sébastien, nous nous ravisons. C'est sûrement une moto plus bas dans la colline plutôt qu'un tigre! Le bruit ressurgit, et en effet il est probable qu'il s'agisse d'une moto ahaha. Mon cœur bat si vite. On souffle un peu mais ça nous a bien remués. Le moment où nous nous sommes tous regardés était incroyable 😂. Énorme frayeur. Nous avons alors pris la situation plus au sérieux et débattu sur la meilleure manière de réagir en cas de présence d'un tigre. Nous avons conclu qu'il était tout d'abord préférable de ne pas faire de bruit et d'éteindre les lumières si le tigre ne faisait que roder autour de la tente. Puis s'il attaquait, il fallait alors se lever devant lui, tous, hors de question qu'un d'entre nous fuisse. Et s'il le faut, empoigner notre nouvelle arme et se battre. Viser les yeux. Mieux vaut perdre un bras que la vie. J'avais aussi pris une pierre sur le chemin aller. Pourvu qu'elle ne me soit pas utile, sauf pour enfoncer les sardines de la tente. Bref, nous nous sommes un peu monter la tête. Le matin, c'est même un simple ronflement qui m'a fait penser à un tigre rôdeur.
Ce risque a probablement était surévalué sur le moment. À notre retour, Shamser nous dit qu'il n'y a sûrement plus de tigres dans le coin. Il se moque tout de même de nous et en voyant le bras de Javier, fait une blague en disant qu'il a eu de la chance de ne pas le perdre totalement en se le faisant manger par un tigre. Shamser n'était pas là hier, nous avions demandé des renseignements à sa femme qui pensait la même chose : il n'y avait pas trop de risque niveau tigre. Nous avions tout de même en tête les témoignages d'autres locaux qui étaient plus pessimistes. Mais je pense qu'ils exagéraient largement. D'un autre côté, notre hôte nous dit qu'il a déjà vu 9 fois des léopards jaunes 🐆, et nous n'avions pas pensé à ça. Quoi qu'il en soit, le risque était très faible de nous faire attaquer. Plus de peur que de mal.



Troisième ennemi : la pluie et les orages.

L'idée de se faire attaquer par un félin a été d'autant plus diminué que nous sommes en période de mousson. Il fait généralement très beau le jour (bien que nuageux) mais il pleut chaque nuit, ce qui n'est pas pour plaire à ces animaux sauvages. Sousma, qui tient un magasin où nous allons souvent manger des omelettes et boire du thé nous dit qu'il ne devrait pas beaucoup pleuvoir cette nuit car hier était particulièrement affreux. Nous demandons conseil à beaucoup de personnes avant de partir. Personne n'a l'air très inquiet. Alors nous leur faisons confiance. Et en effet nous avons énormément de chance, il ne pleut pas de la soirée. Et puis vers 21h... la situation se dégrade.
D'abord, il commence à pleuvoir de petites gouttes. Puis des un peu plus grosses. Et déjà, nous nous rendons compte que la tente de 3 personnes n'est pas imperméable. Ou pas suffisament. Plus tard, la pluie traversera carrément les toiles. Un point positif : il finit par pleuvoir si fort que nous n'entendons plus les bruits de la nature et donc des potentiels félins. Nous sommes comme dans une bulle. Nous ne voyons rien de l'extérieur et n'avons donc que notre ouïe pour savoir ce qui s'y passe. Nous couper une partie de ce sens a directement coupé une partie de notre imagination et donc de notre peur du tigre. Tant mieux. Une peur à la fois c'est tout à fait suffisant.
Quoi qu'il en soit il pleut quand même beaucoup et déjà, l'eau coule là où je suis assise. Notre tente est à un endroit relativement plat, nous y avons fait attention. Mais la partie en amont n'échappe pas à l'eau qui descend de la colline. C'est là que je suis évidemment. Sébastien, très généreusement, essaye de caler son imperméable là où la flotte passe plus largement. Ça me protège en partie... en partie. Et puis, un éclair. Et quelques secondes plus tard, le tonnerre. Ah mince, nous pensions y échapper.
Et tout s'accélère. Lumière, boum. Lumière, boum. Lumière, boum. Zut. L'imagination fait son travail. Notre ouïe est à son paroxysme. Notre vue aussi finalement. Il semble que l'orage se rapproche. Et plus la pluie augmente, plus les chocs se multiplient. La situation devient critique. Tout à coup, le tonnerre suit un éclair de près. C'est que celui-ci est proche, très proche. Les tigres sont bien loins de nos pensées, nous sommes entièrement concentrés sur ce nouveau facteur risque : la foudre. Encore une fois, nous sommes comme paralysés. Tous les feux sont au rouge. Internet nous dit ce qu'il faut faire en cas d'orage, nous avons tout faux. Les conseils sont les suivants : 1) ne pas se tenir proche d'un arbre. Nous sommes dans une forêt. 2) rester sur un sol sec. La tente est trempée. 3) se tenir éloignés d'au moins 20 mètres les uns des autres. Nous sommes tous les 5 collés. 4) éviter les sommets. Nous n'en sommes pas loin. Bon...
Un débat commence : devons-nous rentrer ? Il faut penser en terme de sécurité. Quelle solution est la moins risquée ? Si nous restons, il est probable que nous prenions la foudre. Mais en même temps, même si nous avons tout faux dans la configuration, il faudrait que nous n'ayons vraiment pas de chance pour réellement se la prendre ou pour qu'un arbre nous tombe dessus. D'un autre côté, si nous rentrons nous évitons le risque de foudre pour le reste de la nuit. Mais avant d'être en sécurité, nous aurions au moins 1h de marche, une grande possibilité de se perdre (il n'y a pas vraiment de chemin), toujours une chance de se prendre la foudre, et surtout un immense risque de se blesser. Bien qu'effrayés, nous sommes tous d'accord pour rester.
Et puis BOUM BOUM BOUM. Le choc. Le silence. Là, il est vraiment proche. Peut être à moins de 100 mètres. La lumière est partout autour de nous. Le son a rejoint la lumière. Un son d'une puissance qui ne laisse pas indifférent. Encore une fois mon cœur saute un battement. Voici le moment le plus marquant de ma nuit. Pendant quelques secondes personne ne parle, personne ne bouge. Le rire est toujours là un peu parmi nous. Mais c'est un rire plus crispé. Nous sommes heureux d'être en vie. Ou en survie plutôt. Mais nous sommes désormais tous conscients du danger. Le débat reprend : faut-il partir? Je ne prends plus la parole, je laisse les autres parler, je garde mon calme, mon cerveau fonctionne à toute vitesse, je réfléchis. Si un seul d'entre nous demande de rentrer, nous le ferions sans hésiter. On le sent. Et pourtant, nous choisissons de rester, par moindre risque. L'ambiance a changée.
Par précaution, je mets mon téléphone dans une pochette en plastique, que je mets dans ma banane, sous mon pull, lui-même sous mon kway. Je ne prendrai plus de photos ni de vidéos, et ne connaîtrai plus l'heure à partir de ce moment. Et puis pour penser à autre chose, je sors un jeu de carte. Nous jouons au Killer. Nous rigolons de la situation, au point où nous sommes mieux vaut rester positifs. Vraiment, la situation est comique. Nous parlons du lendemain, de ce que nous allons pouvoir raconter aux autres volontaires, à nos parents. Les anecdotes que ça fera. Mais à la moindre lumière, nous pensons y passer. Où du moins c'est mon ressenti. Bien que les autres aussi ont l'air de sursauter souvent. L'orage s'éloigne, puis revient plus près.
Après quelques jeux et discussions, je préfère essayer de dormir. Juan et Sébastien vont dans l'autre tente. En courant ahaha. Avec Javier et Eleonora nous restons dans la tente qui manque d'étanchéité. Je reste du côté mouillé. Au moins les autres seront au sec.



Quatrième ennemi : le froid.

J'ai emporté mon sac de couchage. Je me suis dit qu'il me permettrait d'être un peu plus confortable cette nuit. Seuls Juan et Javier ont un tapis de sol. En sortant donc ma couverture rouge, je l'ouvre et la partage avec mes deux colocataires d'une nuit. Ce que je regretterai plus tard en étant la seule trempée, frigorifiée et en voyant que le sac de couchage avait était accaparé de l'autre côté. Tant pis, cela fait partie de l'aventure. Me voilà prête pour l'une des pires nuits de ma vie.
La pluie ne cesse pas et l'eau coule encore de mon côté. Je porte un kway, une capuche, mais mon pantalon est trempé, ainsi que le bas de mon pull. Autant dire que le froid m'atteint vite. Lorsque nous sommes entrés dans la tente il faisait extrêmement chaud, une impression d'être dans un sauna. Désormais je tremble de froid.
Je me concentre sur la voix de Juan et Sébastien dans l'autre tente. Ça me rassure. Je ne pense plus à la pluie, aux orages, rien qu'à leur discussion. Je fais abstraction du reste et ai horreur lorsqu'ils arrêtent de parler. Alors certes je n'arrive pas à trouver le sommeil, mais la peur s'en va en partie. Et puis ils sont extrêmement drôles tous les deux. Ils refont le monde, parlent des volontaires, de tout, de rien. Il y a des accrochages à cause de l'accent espagnol de Juan (il doit notamment répéter une dizaine de fois la phrase "it was raining" car cela sonne comme "it wash raining" et n'a aucun sens). Je suis morte de rire j'ai l'impression d'assister à un sketch. Le rire de Sébastien est particulièrement comique. Cela me permet de m'évader un peu de la situation, de la sensation d'être allongée dans une flaque d'eau (qui n'est pas qu'une sensation). À un moment, Juan remet les pieds dans le plat. Il se rappelle du moment où nous préparions les tentes au Heaven Hill hotel. Et raconte à Sébastien que face à la tente bleue de trois personnes, je l'avais prévenu qu'elle ne me paraissait pas étanche. Et Juan m'avait répondu que si si elle l'était. Je n'avais pas insisté. Désormais, Juan en rigole, bien content que la deuxième tente pour deux personnes que nous avons prise, dans laquelle il se trouve, est totalement étanche et sèche contrairement à celle dans laquelle je suis. Encore une fois, je souris de la situation.
Ils continuent de parler jusqu'à tard dans la nuit, ça me fait passer le temps. Je suis de plus en plus frigorifiée, j'ai peur de tomber malade, vraiment malade. Je suis totalement trempée. Et en même temps je suis tellement heureuse de vivre ça, je trouve l'expérience géniale.
À 3h48, je ressors enfin mon téléphone pour voir l'heure. Allez, plus que 1h22 avant le lever du soleil et notre départ. Et en même temps les autres ont l'air de bien dormir, je ne suis pas sûre que l'on partira tout de suite. Je tente de me rendormir. Vers 5h je ne dors toujours pas, je mange un paquet d'Oreos. Incroyable. Incroyable. Et en même temps, le froid me donne un peu envie de vomir. Je tremble. Mais quel bonheur ces Oreos tout de même. L'air se réchauffe, j'arrive enfin à dormir, peut être 1h. Je me réveille, je me rendors, je me réveille, je me rendors. J'ai affreusement envie de sortir voir le lever du soleil et le paysage mais je suis bloquée au fond de la tente. Alors j'attends que les autres se réveillent vers 8h.







Lorsque je sors, la jungle est magnifique. Il fait bon. Mon pantalon a un peu séché. Je respire l'air frais du matin. Ça fait tant de bien. Je n'ai plus peur de rien, je suis totalement rassurée. Il n'y a plus de risques réels. Nous sommes vivants ahaha. Quel bonheur. Ajouté à cela, la vue est magnifique. Bien que les nuages soient toujours présents, je vois pour la première fois le sommet des montagnes en face. Les Annapurnas notamment. Que c'est beau. Je reste en contemplation pendant quelques temps, avec le bruit des oiseaux autour de moi. La nuit en valait la peine.
Les autres me rejoignent, à la fois les volontaires et les sangsues. Puis je leur propose, surtout aux volontaires, de partir à la quête du sommet de la colline. Ce que nous faisons. En moins de 15 minutes nous y sommes. Il n'y a pas de vue, mais nous avons atteint notre objectif. La nature est si belle. Puis nous retrouvons les tentes, les plions, Javier se déboîte l'épaule, 10h, il est temps de rentrer. Nous regardons une dernière fois la vue et sommes partis à la recherche du meilleur chemin. Encore une fois, nous y allons globalement à l'aveugle. Je guide la troupe à l'instinct. Et nous parvenons sans grande difficulté à retrouver la route. Soulagement. Nous nous débarrassons à nouveau des sangsues.
Arrivée vers 11h, un Dal Bhat nous attend. Les autres volontaires sont aussi soulagés pour nous. C'est là que nous croisons Shamser, qu'il se moque de nous et finit par nous dire, contrairement à sa femme hier, que s'il avait été au courant de notre projet il nous aurait convaincu de ne pas le faire car ce n'est pas la bonne saison. Nous le savons désormais. Il rigole tout de même et continue les blagues. Lorsque je lui parle de mon blog, il me propose notamment un titre "the night where I almost died". Merci Shamser.




















Les leçons 

Tout le Samedi qui suit, je me sens profondément en sécurité et prend le temps de retirer toutes les leçons de cette nuit.

Déjà, si nous avons décidé de passer cette nuit dans la jungle c'était par envie d'aventures. Nous avons demandé leurs avis aux locaux ainsi qu'à Kalpana et Bimala, qui ont eu l'air de nous encourager à le faire. Nous avons pensé échapper au mauvais temps. Surtout, nous nous sommes dit que cela ferait une excellente annecdote et d'incroyables souvenirs. C'est en effet en sortant des sentiers battus que l'on vit certaines de nos plus belles expériences.

Pour autant, une telle aventure était sûrement irréfléchie compte tenue de la saison. Une des tentes n'était pas imperméable, tandis qu'il allait indéniablement pleuvoir. De même, si certains risques ont été surevalués, d'autres ont été sous-évalués. Nous étions pressés par le temps car c'était le dernier soir où nous pouvions nous permettre de faire une telle escapade (dernier week-end). C'est vrai que l'épisode avec les orages m'a particulièrement marqué et que le sentiment de sécurité ensuite a été décuplé. Javier a plutôt été marqué par le tigre et en a rêvé la nuit suivante.

Mais après coup, la nuit a été incroyable et fait en effet partie de mes meilleurs souvenirs au Népal. J'ai eu l'occasion d'en apprendre encore plus sur moi et mes réactions dans une telle situation. Je suis restée calme tout le long, réfléchie, j'ai fait attention à ce que chacun se sente bien dans le groupe et ai même pris sur moi pour partager mon sac de couchage et dormir du côté trempé de la tente ahaha. Les autres m'ont même appelée Wonderwoman car j'étais la moins effrayée face aux sangsues, aux insectes et tout ce qui pouvait bouger autour de nous, chargée de les sortir de la tente. J'étais certes la plus jeune, j'ai apprécié me sentir écoutée dans n'importe quelle prise de décision et leader le groupe dans la jungle lorsqu'il n'y avait plus de chemin. La nuit en elle-même a été extrêmement enrichissante. De grandes peurs mais de grands fous rires aussi. 

Cela fait deux jours que nous sommes rentrés maintenant, et je me rend compte que ressentir des émotions d'une telle intensité en si peu de temps nous ramène à notre condition humaine et nous encourage à retrouver l'humilité face aux 5 éléments de la nature.




18- Retour aux bonnes habitudes.

 Ce dimanche, nous sommes repartis pour Besisahar! Une semaine s'est écoulée depuis notre dernier bon restaurant, il est temps d'y retourner.




Encore une fois, nous descendons donc à pieds jusqu'à la ville. Nous ne parlons que de nourritures. J'ai tout de même mangé mon Dal Bhat ce matin. Mais quelle hâte de me mettre quelque chose de nouveau sous la dent!! Sur le chemin, je tombe sur une magnifique robe rouge traditionnelle. Un petit coup de cœur. Elle coûte 3500 roupies=29,16€. Ce n'est pas donné. Je me dis que je m'arrêterai peut-être à nouveau sur le retour.

Shamser nous a conseillé le restaurant Old Town Road. Nous y allons donc. Il fait extrêmement chaud. Le ventilateur peine à marcher. J'ai d'ailleurs la très mauvaise idée de commander un Milkshake à l'ananas comme rafraîchissant. Mais lorsque je le reçois, je ne sens absolument pas l'ananas. Seulement des bouts de fromages étranges. Je n'apprécie pas spécialement et seul Juan semble pouvoir le boire (à moitié). Puis je me laisse tenter par une pizza aux champignons, un Hamburger végétarien et évidemment... des momos kothey!!
En attendant mes plats, j'en bave, je mange l'assiette de chowmen de Raphaël qui est malade depuis quelques jours et n'a pas grand appétit. Il s'agit de pâtes, de poulet et de légumes. Incroyable. J'aurais dû prendre ça !! Puis les momos que je partage avec Milton arrivent. Ils sont kothey, c'est à dire qu'ils sont frits d'un côté seulement. C'est la meilleure chose que j'ai goûté depuis le début de mon séjour (si ce n'est les samoussas en arrivant à Besi un peu plus tôt dans la journée). On les finit bien vite...
Arrive ensuite mon Hamburger 😍 Étonnement, le pain a le goût de noix de coco. C'est surprenant mais plutôt bon. En revanche, après 3 plats je commence à être calée. Quand je pense à ce Burger et la pizza qui arrive ensuite, je me sens affamée et ne rêve que de ça. Mais sur le moment, je pense que la pizza était de trop, bien que très bonne et bienvenue. Puis vient l'heure de la sieste, il n'y a pas d'autres clients, nous sommes tous affalés sur les fauteuils. 






Nous repartons le ventre plein et avons quelques heures avant de prendre notre jeep pour remonter à Gaunshahar vers 18h. Il n'y a pas de bus après 15h le dimanche. Avec Raphaël et Milton, nous visitons un peu la ville et ses magasins. Je passe à la pharmacie acheter les médicaments pour David qui est resté à la maison et est aussi malade. Trois plaquettes de strepsils pour 120roupies=1€ et deux plaquettes de paracetamols pour 10roupies=8centimes. Puis nous passons dans un supermarché, un magasin de bijoux (très cher), et enfin nous revenons à l'endroit où j'avais repéré la belle robe traditionnelle... que j'essaye... et que j'achète. Je négocie 200 roupies, mais je sais que j'aurais pu faire bien plus. Tant pis, je ne suis pas encore une pro des négociations.







Ver 18h nous attendons la jeep... qui ne vient pas avant 20h. Il me semble qu'il y a des problèmes sur la route et que le conducteur doit attendre qu'elle soit mieux aménagée. Ça nous permet au moins de retrouver Fanny et Lars, qui sont partis une semaine à Katmandu et sont de retour ce soir. Eux aussi ont eu des problèmes de transport, une route s'étant effondrée pour venir à Besisahar. Ils ont dû marcher puis prendre un autre bus de l'autre côté du ravin. Ainsi, en attendant notre jeep les deux nouveaux arrivant commandent 5 momos chacun. Un régal paraît-il. Sauf que le serveur a mal interprété la commande. Ou plutôt, nous avons mal commandé. Car 1momo=une assiette de 10 petits momos. L'homme a donc préparé 100 petits momos...





Le lendemain, lundi 20 juin, nous sommes de retour à l'école. Je suis à nouveau de cuisine avec Bimala et Lars. Les garçons s'amusent avec le vernis bleu de Bimala. Un ongle, deux ongles, puis tous les orteils. Le lendemain matin ils admirent encore leur nouveau style avec fierté ahaha. Puis le soir, retour du Dal Bhat.







J'entre dans ma dernière semaine à Heaven Hill. Je souhaite donc en profiter un maximum pour découvrir de nouveaux endroits, nouvelles personnes. Cela fait quelques temps que je souhaite notammment aller aider dans une autre école de Shamser. Ce dernier en a 4 : Heaven Hill, New Marigold, New Vision et enfin, Lending Hope. Pour aller à cette dernière, le tableau blanc indique qu'il faut marcher 1h. C'est décidé, demain, j'y vais.



19- Lending Hope, thés et pieds mouillés.

 Comme prévu, ce mardi 21 juin, je pars direction Lending Hope School. Lars et Fanny se joignent à moi. Nous sommes censés mettre 1h pour y arriver...





David (qui n'y est jamais allé mais a reçu les instructions de Shamser) me dit : "tu continues tout droit, un moment tu tournes à gauche et tu vas jusqu'au bout où tu trouveras l'école. C'est facile comme 1+1font 2." Bon... nous allons tenter. À plusieurs reprises, nous prenons à gauche. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Le paysage est toujours aussi beau, mais nous passons de nombreuses cascades où il devient compliqué de ne pas mouiller nos chaussures.



Au bout de 50 minutes, nous arrivons à un village. Sympa! Nous serons dans les temps. Bea et Caldi y était arrivés en 2h30 la semaine dernière. En voyant des escaliers vers la gauche, nous grimpons. Et puis en demandant à une locale nous nous rendons compte que ce n'est pas le bon village, et redescendons toutes les marches... La route continue, jusqu'à des rizières dans lesquelles travaillent plusieurs habitants du village suivant. Avec Fanny nous avons très envie de les aider. Mais l'école nous attend. Cela fait maintenant 1h20 que nous marchons.









Puis nous atteignons enfin le village que nous pensons être le bon! Il n'y a personne. Tout est désert. Peut être sont ils tous dans les champs ? Lars, un grand fan de thé, espère trouver un petit Shop pour récompenser notre effort. J'avoue que ça me donne bien envie aussi. Alors dès que nous voyions des locaux, nous posons deux questions dans l'ordre : Avez-vous du thé noir? Quel chemin pour Lending Hope School? Personne n'a de thé, mais au moins on nous indique constamment le haut de la colline pour l'école. Peut être y sommes nous presque! Et à chaque fois nous recommençons à poser ces questions. Le thé n'arrive decidemment pas.

















Et puis au bout de 2h30, nous arrivons à Lending Hope!! Une toute petite école, pour 10 élèves seulement. Il est 12h15, on nous accueille avec le sourire, un homme nous emmène dans la dernière salle du bâtiment. Quelle est la première chose qu'il nous demande??? "Voulez-vous du thé ?" Oui oui oui!!! On nous installe comme des rois à la table de la cuisine. Le thé est excellent, juste épicé comme il faut. C'est magique. Il me semble que l'homme s'appelle Sancha, il est responsable de la cuisine pour l'école. Il est incroyablement accueillant et bienveillant. Nous apprenons notamment que l'école a ouvert il y a 1 an à la demande du village. Désormais il y a donc dix élèves, de 2 ans et demi à 8 ans. 3 classes différentes.








Fanny se dirige vers une classe, Lars et moi entrons dans celle de la directrice, Ira, pour un cours d'anglais. Encore une fois, cette dame nous accueille de manière remarquable. Elle n'a que deux élèves (7-8 ans). Enfin quatre désormais car si nous sommes venus en tant que volontaires, dans cette école nous apprenons plus que nous n'enseignons. Ira nous fait d'abord réviser les jours de la semaine (qui font écho à des dieux), puis les mois (Ashar=mi-juin à mi-juillet), puis les chiffres et enfin l'alphabet. Gros fou rire avec Lars car toutes les lettres ont l'air de se prononcer de la même manière ahaha. Nous apprenons même à écrire notre prénom.







Puis rapidement, c'est l'heure de manger. Excellent Rice pudding. Ça fait du bien! Les enfants ont ensuite une demi-heure de récréation avant de reprendre les cours.










Vers 14h il se met à pleuvoir et nous décidons de rentrer pour éviter les gros orages. Une professeure vit aussi à Gaunshahar. Elle nous dit qu'elle passera le lendemain à la maison de Shamser vers 9h pour récupérer les volontaires qui souhaiteraient aller à Lending Hope. Avec Fanny, nous souhaiterions en tout cas revenir pour aider Sancha dans les rizières. Après l'école, il doit en effet aider les autres villageois. Ça pourrait être une bonne expérience.
Sur le chemin du retour, je ne fais même plus l'effort d'enlever mes chaussures pour passer les cascades. Tant pis, j'espère qu'elles sécheront d'ici demain.




Nous sommes de retour à la maison en 1h20 environ. Trempés de sueur. Ce soir est le dernier soir de Sébastien et nous avions prévu d'aller se baigner à la cascade. Mais il commence à vraiment pleuvoir et préférons prendre un bon thé et passer une soirée tranquille au Heaven Hill hotel. Nous apprenons d'ailleurs que Heaven Hill Academy est fermé jusqu'à dimanche à cause du mauvais état de la route qui empêche le bus scolaire de passer. Comme nous partons définitivement vendredi pour Pokhara (deuxième plus grande ville du Népal), cela veut dire que nous ne retournerons pas à l'école... c'est dommage mais ça nous laisse au moins le temps pour de nouvelles découvertes.
Demain, Milton, Raphaël, Juan et Javier iront à Lending Hope. Fanny et moi partirons avec eux mais nous arrêterons au niveau des rizières pour proposer notre aide.




Quelques photos de la vue de ce matin, prises par David :





20- Rizières, Rizières, nous voilà. 

 Comme prévu, nous retournons du côté de Lending Hope ce mercredi 22 juin. Cette fois-ci nous optons pour un raccourcis conseillé par Kalpana. Celui-ci nous fait arriver au niveau des rizières en moins de 30 minutes au lieu de 1h20 hier! Les garçons continuent. Avec Fanny, on salue les habitants avec qui l'on va finalement rester 4h...


Dès le début, nous avons la chance de tomber sur un jeune, Suman, qui parle bien l'anglais. Nous avons appris en vitesse quelques phrases sur le chemin aller ("Ke cha?" Comment ca va? "Thik cha" ça va bien // "Yah-ha ek-dam ram-rou-tcha" C'est magnifique), nous sommes en effet dans un coin perdu du Népal et il est plus difficile de communiquer avec les habitants de ces villages ruraux. Mais Suman, 17 ans, a commencé son éducation à Heaven Hill et a donc développé un bon anglais. Il comprend tout de suite que nous voulons aider et nous prend sous ses ailes pour la journée. Nous enlevons nos chaussures, et le suivons dans les rizières. Tous les autres locaux nous regardent en rigolant, nous prennent en photo. Je pense qu'à ce moment ils ignorent encore que nous allons rester plusieurs heures avec eux.

Dans un premier temps, Suman nous apprend à mettre les pousses de riz dans la boue. C'est très agréable d'avoir les pieds dedans. Comme un massage naturel. Il nous rassure en nous disant qu'il n'y a pas de serpent dans les parages. Au bout de dix minutes, il nous emmène à un autre 'atelier' avec les femmes du village. Nous devons cette fois-ci arracher les petites pousses aux racines. En fait c'est l'étape précédant celle que nous venons de faire. Il faut avoir la bonne technique pour les arracher avec le moins de terre possible. Puis, parce qu'il en reste toujours beaucoup, on frappe les racines sur une pierre ou sur nos mains pour enlever le reste de terre.
Tout le monde est encore une fois très accueillant. On nous apporte des pierres pour nous assoir ou nous faire moins mal aux mains. On nous donne les meilleures techniques. Les femmes nous prêtent même leur foulard pour affronter le soleil. Elles sont si belles et si humaines. J'aimerais beaucoup savoir ce qu'elles se disent en nous regardant et rigolant. À un moment nous avons si chaud avec Fanny que l'on commence à se recouvrir de boue. La boue est d'abord très sèche. Puis Fanny m'en propose de la liquide. Je n'hésite pas, elle s'étale très bien. Vu l'odeur qu'elle propage, il est fort probable qu'il s'agisse plutôt de bouse de taureaux. Quoi qu'il en soit, ça nous permet d'éviter les coups de soleil. Nos hôtesses sont pliées de rire, elles n'ont jamais vu ça. 






À plusieurs reprises, les habitants veulent faire des photos avec nous. Nous avons l'honneur d'en prendre une avec le plus vieil homme travaillant encore dans la rizière. Les anciens sont très respectés dans cette culture. Suman nous dit même qu'il considère ses parents comme des Dieux et qu'il ferait tout pour eux. Nous les rencontrons tous deux, encore d'incroyables rencontres. Le père est très fier de nous dire qu'il s'appelle aussi Shamser ("Tapai ko naam ke Ho?" Comment t'appelles tu? "Mero naam Louise ho" Je m'appelle Louise). Comme Suman fait partie d'une caste moyenne, il ne peut espérer gagner en liberté qu'avec de l'argent. Il a donc pour ambition d'intégrer l'armée indienne et si ce n'est pas possible, tenter l'armée française (il était très content en apprenant que nous étions francaises). C'est son "rêve". Il pourrait ainsi gagner en argent et en prestige et faire vivre sa famille. Il a déjà un grand frère en Arabie Saoudite qui aide à financer les besoins de ses proches. Beaucoup de népalais partent travailler au Moyen-orient (Émirats, Qatar, Arabie Saoudite, Liban). Sa grande soeur reste à la maison, elle est déjà mère.
Plusieurs fois, Suman vient nous voir pour nous proposer de faire une pause. Nous refusons systématiquement. Les autres ne font pas de pause alors pourquoi en ferions-nous? Encore une fois, tout le monde rigole. Sa mère nous propose de manger avec eux, ce que nous acceptons bien volontiers. Une heure passe, puis deux. Je demande à Suman quand ils ont prévu de manger. Il me dit "half an hour" (une demi-heure). Génial ! Puis une heure passe et toujours rien. À 14h30, alors que Suman nous propose encore de faire une pause, nous lui faisons comprendre que nous n'en ferons pas avant le repas. 10 minutes plus tard, c'est l'heure du Dal Bhat! Je pense qu'il voulait dire "an hour and half" (une heure et demi).
Il est excellent, un des meilleurs que j'ai mangé jusque là. C'est peut être car nous le mangeons avec les mains?! Cela peut changer toute la saveur ;) À la fin du repas, très bon timing, les garçons reviennent de Lending Hope. Nous faisons donc la vaisselle pour tout le monde et remercions chacun des villageois pour leur accueil si chaleureux. Après une dernière photo, nous partons en direction de la cascade.








Pour nous rafraîchir et parce que nous avions dit que nous y retournerions, nous marchons 40 minutes pour atteindre la cascade où nous étions allés la dernière fois. Cette fois-ci je n'ai pas prévu de me baigner. Je préfère écouter la nature et faire une sieste sur les rochers. Les autres eux profitent bien de l'eau, et se savonnent comme à leur habitude. Nous restons quelques heures, c'est très agréable.










Le chemin du retour, 1h, est tout aussi beau. Il est 19h quand nous arrivons à la maison, le soleil est sur le point de se coucher. Nous passons une soirée tranquille, tout le monde semble fatigué de sa journée. Je suis extrêmement contente de la mienne. Demain, jeudi, sera notre dernier jour à Gaunshahar. Nous ne savons pas encore ce que l'on fera, et pourquoi pas justement ne rien faire? À force de toujours chercher à faire quelque chose de nouveau nous oublions de souffler. Moi ça me plairait bien de rester à la maison, et pourquoi pas cuisiner. Nous avons une semaine intense qui nous attend.











21- Derniers instants à Gaunshahar.

 Ce jeudi 23 juin, comme prévu, nous ne faisons rien de spécial et c'est vraiment pas mal. Lever tranquille vers 9h. Dal Bhat. La journée peut commencer...



Hélas, Loxmi va travailler dans les champs aujourd'hui, nous ne pouvons donc pas faire de soumoussas. Bimala aussi est dans les champs. Nous ne pouvons pas avoir de cours de danse. Ethan, le fils de Shamser, qui s'est coincé l'index dans une porte hier soir et qui a dû aller à l'hôpital à Besisahar, est fier de nous apporter plein de fils qui devaient sûrement appartenir à une ancienne volontaire. C'est parti pour une activité création de bracelets. Quoi de mieux pour accompagner cela qu'un bon thé noir avec du miel et des petits gâteaux au chocolat à tremper. Un délice. 




Puis pour le lunch, nous avons la chance d'avoir du chowmen, enfin des spaghettis quoi. Avec du "ketchup"!! Quelle belle journée.



Enfin, nous avions demandé à Kalpana dans la matinée s'il était possible de cuisiner des tortillas espagnoles pour le repas du soir. Ce sont Juan et Javier qui y tenaient. Alors vers 17h30 nous allons acheter des œufs et commençons à éplucher les pommes de terre. Nous avons hâte de faire goûter ce plat à Kalpana et Ethan. D'ailleurs, il n'y a pas Shamser, le couple d'Américains, Eleonora et le nouveau volontaire indien car comme Heaven Hill est fermé, ils sont allés 5 jours aider à New Marigold, une autre école qui a vraiment besoin d'aide. Ceux qui ne cuisinent pas font travailler leurs méninges avec des casse-têtes et bouts de bois...











Vers 19h30 nous préparons enfin la première Tortilla!! Ça sent si bon. Comme Juan et Javier se sont récemment fait mal à l'épaule, c'est Fanny qui est en charge de retourner la première production. Et... ça ne loupe pas ahaha la moitié tombe de la poêle. Ce qui reste est tout de même excellent!! Javier et Juan prennent la relève pour les 3 qui suivent. Vers 20h nous sommes tous à table. Avec un peu de riz, le repas est parfait. Nous faisons goûter un bout à Ethan, qui fait une grimace et recrache tout. C'est étonnant sachant qu'il n'y a que des aliments dont il a l'habitude ! Pommes de terre, Œufs, Oignons, Sel, Huile. Kalpana n'en prend pas non plus, elle ne se sent pas très bien. Au moins, nous lui avons évité de préparer du Dal Bhat pour nous tous ce soir. Et puis tant pis, ça fera plus de tortillas pour les volontaires!!







Nous terminons la soirée avec des jeux de cartes et de la musique. Demain, nous partons donc à 7 (David est le seul à rester) à Pokhara. Une magnifique ville, le Annecy du Népal, à environ 5 heures de bus. Tout s'est en fait très bien organisé. J'avais très envie d'y aller et l'ai donc proposé à Lars, puis plus sérieusement à Milton. Puis nous avons appris que Raphael prevoyait d'y aller au même moment, il s'est donc joint à nous. Puis Fanny. Les espagnols avaient prévu d'aller près de Katmandu mais se sont laissés convaincre de venir au moins un soir avec nous (ce n'est pas du tout sur leur chemin ahaha, c'est comme s'ils faisaient un détour à Toulouse depuis Marseille pour aller à Paris). Bref, demain nous sommes 7 à partir. Après débat, nous partirons ce vendredi 24 juin vers 9h du matin.



22- Soirée mémorable à Pokhara.

[Je n'ai pas encore eu le temps de télécharger les photos, à venir...]


 Jeudi 21 juillet, cela fait une quinzaine de jours que je suis rentrée saine et sauve en France pour le plus grand bonheur de mes parents. Pour ma dernière semaine au Népal, j'avais décidé de profiter à 100% du lieu et d'arrêter la publication de ces articles. Mais il me semble injuste de vous priver des derniers épisodes. Malgré l'oublie de nombreux détails, sûrement, voici donc la fin de l'histoire... Pokhara, première destination après Gaunshahar, a été un réel coup de cœur.




Vendredi 24 juin, c'est le grand départ. Nous quittons Gaunshahar et Heaven Hill. Nous sommes 7 volontaires à monter dans la Jeep avec Kalpana et son fils Ethan qui doit se rendre à l'hôpital (son doigts s'est coincé dans une porte) ainsi que Bimala qui les accompagne. Font partie de l'équipe : Fanny, Milton et Raphaël (les 3 français), Lars (Belge mais en vrai c'est un néerlandais pure souche), Juan et Javier (les deux Espagnols). Ces deux derniers devaient se rendre près de Kathmandu il me semble. Bien loin de Pokhara. Mais nous les avons convaincu de se joindre à nous pour passer une soirée mémorable à Pokhara. Après quelques hésitations, ils ont accepté, mais pour une nuit seulement. Nous sommes partis pour 7 heures de trajet...

Nous arrivons d'abord avec la Jeep à Besisahar en 50 minutes. De là nous prenons un premier bus. Il est plein, nous avons extrêmement chaud. Milton, à côté de moi, et Fanny, devant, ont des éventails. J'en profite aussi. Au bout d'une heure, notre bus s'arrête, nous devons descendre. Nous sommes arrivés à un endroit où la route n'est plus qu'un amas de roches tombées. Je vous avais partagé une photo il y a quelques temps! C'est cet endroit. Tout s'est écroulé, nous devons reprendre nos sacs et marcher une quinzaine de minutes dans la colline pour contourner l'effondrement et puis reprendre un bus qui nous mènera jusqu'à Pokhara en 4h. Sur le chemin nous nous sommes arrêtés pour manger des samoussas, des minis tortillas et acheter de l'eau bien fraîche à 30 roupies=25 centimes. Certes, cette eau est bonne à boire, mais elle me permet surtout de rafraîchir mon front et mon cou. Quelle chaleur.

À l'arrivée nous séparons le groupe en 2 et prenons des taxis jusqu'à notre hostel, notre auberge de jeunesse : Gaurishankar Backpacker’s hostel. L'endroit avait été conseillé par Sébastien, parti faire le circuit des Annapurnas (le fou parcourt 50km/jour!!), et qui nous rejoindra sûrement la semaine prochaine. C'est très sympa ici, il y a une belle terrasse en bas, avec un hamac et des canapés, et une autre belle terrasse couverte à notre étage, avec encore plus de canapés et de poufs. Nous allons passer de nombreuses soirées ici. Je m'installe dans ma chambre, il y a deux lits à étage. Naturellement, les placements se font. Je dormirai jusqu'à mercredi prochain avec Fanny, Raphaël et Milton. Lars, dont la chambre d'à côté, dort avec les Espagnols et est également rejoint par Archie, un anglais, le soir même. Lars et Archie se sont rencontrés au Sri Lanka cette année et ont voyagé près de 4 mois ensemble depuis. Leur amitié est magnifique. Archie finira d'ailleurs par me dire qu'il considère Lars comme son frère.

Sachant que Juan et Javier ont fait un détour important spécialement pour cette soirée, nous avons la responsabilité de la rendre mémorable. Nous commençons par quelques bierres népalaises sur la terrasse couverte et faisons la rencontre de Samuel et Benjamin, deux français, encore. L'ambiance est très festive, mais dehors, l'orage gronde. Vers 21h30, nous avons faim et suivons aveuglement Lars vers son fameux restaurant Belge : Frituur n°1. Lui aussi suit aveuglement son guide, Google Map, qui nous perd dans une rue sombre où une dizaine de chiens (je suppose qu'il y en avait moins mais c'était l'impression que ça donnait) commencent à aboyer et nous montrer les crocs. Avec un petit rire géné, Lars nous propose de faire demi-tour. Nous finissons enfin par atteindre le restaurant. Quel régal! Incroyable, vraiment incroyable. Je crois que nous étions tous affamés. Mais en plus de cela, nous n'avions pas eu de si bons hamburgers et frites depuis bien longtemps. Pas le temps de passer une 2eme commande, il est 22h30, le restaurant ferme. Nous étions sûrement les seuls clients de la soirée.

En sortant du restaurant il pleut toujours, nous décidons de nous rendre au bar dansant Busy Bee, très réputé. Alors nous courons, nous courons sans réfléchir, dans les flaques, de toutes nos forces et arrivons 2 minutes plus tard au bar. Nous l'ignorions, il était juste à côté. Juan et Raphaël (je crois que c'est eux deux) pensaient qu'il était beaucoup plus loin et ont donc fait signe au premier taxi qui passait. Ils ont été bien surpris que le taxi les fasse descendre au bout de la rue... Nous entrons dans le bar, il y a du monde. Nous débarquons sur le dance floor. Un groupe de musique est en live. On profite bien de l'instant. La consommation est extrêmement chère, mais avec Fanny, nous avons soif. Nous buvons l'eau qui coule du toit. Mouai mouai, pas très clever comme décision. Mais ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas tombées malades par la suite. Puis plus tard nous retrouvons Lars, Archie et quelques autres au coin billard. Je découvre mon non-talent extrême, il va falloir que je m'entraîne 😅. Puis vers 1h du matin, l'équipe décide d'aller en boîte de nuit. Moi, je reste avec Raphaël, nous avons commandé des nans (pains indiens). Puis voyant qu'ils n'arrivent pas... nous quittons le bar.

À l'instinct nous parcourons les rues, puis toujours par instinct nous entrons dans une petite ruelle qui a l'air sympa. Au bout de la ruelle... nous retrouvons nos compagnons de voyage. Aucune idée comment nous avons fait. Les autres aussi sont surpris de nous voir. Je commence à être fatiguée, Raph et beaucoup d'autres ne sont pas motivés non plus. Ils sont allés à la première boîte de nuit dont ils parlaient, l'entrée était à 1000 roupies alors ils ont fait demi-tour. Ils ont marché jusqu'à une deuxième boîte de nuit, devant laquelle nous nous trouvons, 1000 roupies l'entrée également. Avec un peu de culpabilité, nous rentrons tous à l'hostel, sauf Juan et Javier qui décident de profiter du reste de la nuit comme prévu. Après quelques temps sur la terrasse, je manque de m'endormir sur le pouf et pars donc me coucher en laissant Archie, Lars et Fanny discuter jusqu'au retour des Espagnols.

Le lendemain j'apprendrai que Javier a embrassé une nepalaise en boîte de nuit. Il voulait à tout pris en embrasser une, mais aucune ne le voulait, jusqu'à cette fameuse Asmita. Puis dès que cela fut fait, la securite est intervenue, et à embarqué Javier hors de la boîte. Mais quelle idée de se tenir si proche d'une jeune fille dans un pays si strict au niveau des relations homme/femme!! Le lendemain, il nous a d'abord dit qu'il regrettait car ce n'était pas la plus belle et que le choix avait été fait par défaut (no comment 😑) mais il a surtout pris conscience de la débilité d'un tel geste et des conséquences que cela aurait pu avoir au niveau de la police locale. Il a notamment pris la mesure de la chose en voyant que Asmita, qui avait récupéré son Instagram, l'appelait une trentaine de fois dans la journée et lui envoyait des messages d'amour. Elle a sûrement dû penser que le mariage était fixé... tout va si vite au Népal.

Épuisés, les espagnols sont finalement restés une nuit supplémentaire, plus tranquille. Mais la première aura au moins eu l'avantage d'être mémorable.



23- Pokhara : Scooter, Pirogue, Parapente.

[Je n'ai pas encore eu le temps de télécharger les photos, à venir...]


 Nous sommes finalement restés 6 jours à Pokhara. L'endroit est si beau, il s'agit de la deuxième plus grande ville du Népal et est aisément comparé à Annecy par les français. Elle borde en effet un magnifique lac où se promènent des pédalos et des pirogues. Avec ma team de français, nous ne voulions pas perdre de temps et avons donc décidé de visiter un maximum de lieux marquant du coin.





Il y a d'abord eu la Davis Fall, une grande cascade en plein milieu de la ville, avec un temple non loin. Nous y sommes allés en marchant et le trajet en valait la peine. Plus que le lieu final, c'est notre avis. Nous avons été relativement déçus mais, comme je viens de le dire, les paysages à l'aller étaient tout de même à voir. Des rizières en plein milieu de la ville, c'est étonnant.

Le lendemain, j'ai embarqué le groupe dans une aventure en parapente! C'était un de mes objectifs au départ. Autant vous dire que je ne l'ai avoué à mes parents qu'à mon retour ahaha. Surtout qu'en plein vol, j'ai demandé à mon pilote de passer en mode Acrobatique. Belles sensations 🤭. Au final, j'ai payé 3000 roupies pour le vol (25€), 1500 pour la gopro (12,5€) et 1000 roupies supplementaires pour l'acrobatique (8,5€). Pour un total donc de 5500 roupies (46€). Nous n'étions pas surs d'y arriver car le temps n'était pas en notre faveur à 9h du matin (heure de notre rdv). Mais nous avons attendu jusqu'à 11h30, le ciel s'est montré clément et nous avons apparement eu d'excellentes conditions, presques miraculeuses en saison de mousson selon nos accompagnateurs.

Puis lundi nous passons une incroyable journée d'expédition autour de Pokhara, en direction d'un autre lac en dehors de la ville. Nous louons trois scooters pour la journée. Samuel monte avec Raph, Lars avec Fanny et Archie avec moi. Nous passons la matinée à rouler, dans la boue aussi, souvent. Les deux autres scooters roulent à toute vitesse, dans l'inquiétude de ne pas être "premier" sûrement. Avec Archie nous n'en avons rien à faire, le paysage est plus beau au ralenti. J'apprécie ce moment. Au retour, Lars nous reproche de prendre trop notre temps. Il nous fait part de son inquiétude de ne pas nous voir lorsqu'il regarde derrière lui. Ça part d'une bonne intention, mais du coup Archie finit par accélérer pour rentrer, et la vitesse coupe nos discussions entamées. Tant pis, au moins nous rentrons tous sans accident, bien que trempés de la tête aux pieds.
Mais chaque chose en son temps, je vais trop vite. Entre le trajet aller et retour il y a évidemment eu quelques heures de battement. Nous avons d'abord pris des momos dans un restaurant désert, avec une magnifique vue sur un lac en aval. Puis avons trouvé une zone d'embarcation puis loin après nous être à nouveau avancés en scooters. Après de longues négociations dont nous sortons perdants, nous partons à la découverte du lac Begnas à bord d'un Pédalo et... d'un guide... que l'on nous a imposé. Nous voulions un moment rien qu'à nous, mais les loueurs ont refusé. Ce guide devait être là, avec nous. Alors nous avons fait avec. Nous avons allumé l'enceinte, mis de la musique, et profité de l'instant. Le bonheur à l'état pur. Un paysage à couper le souffle, une musique transportante, des personnes à qui je commençe à m'attacher, un peu trop à mon avis. Pendant un instant je prends peur. Et après ? Que se passera-t-il après? Quand cet instant s'achèvera. Que le présent ne sera plus qu'un souvenir. Que ferais-je sans ces voyageurs de l'autre bout du monde face à qui je souris si spontanément et qui représentent à eux seuls les plus beaux souvenirs de mon périple ?
Puis, rompant mon songe, Lars se jette à l'eau. Le guide n'a pas le temps de le lui interdire, s'il avait du le faire. Il ne parle pas anglais de toute façon. J'espère qu'il a passé un bon moment, mais je n'en doute pas trop, notre moment baignade a du être un sacré numéro. Archie suit Lars dans l'eau. Puis Raph. Fanny suit le mouvement. Moi, je reste au coin du Pédalo, les pieds dans l'eau, je n'ai pas prévu le maillot de bain. Mais évidemment c'était sans compter sur Raphaël qui dès la premiere occasion me pousse à l'eau. J'avais retiré tous les effets personnels de mes poches. Je l'attendais, je l'espérais, je voulais me joindre à leur baignade et j'en ai finalement bien profité. Nous voyons quelques poissons, j'ignore ce qu'il y a d'autre dans ce grand espace bleu. Nous finissons par remonter sur le bateau. L'appaisement est ressenti par tous. Et nous prenons le chemin du retour.

Mardi est la journée repos. Nous faisons les magasins du bord du lac de Pokhara. Puis vers 17h j'embarque Fanny et Raphaël sur une petite pirogue. Direction la Peace Pogoda, un temple de l'autre côté du lac. Nous sommes lents. Nous craignons d'arriver trop tard à la Stupa, trop tard pour rendre la pirogue, trop tard pour échapper à la pluie, et trop tard pour échapper à la nuit. Finalement nous arrivons de l'autre côté du rivage vers 17h35, montons à toute vitesse au Temple où nous arrivons à 17h57. Le gardien nous dit de nous dépêcher, il doit fermer à 18h. Nous nous dépêchons. Enlevons nos chaussures faisons le tour du temple, redescendons, remettons nos chaussures. Puis en arrivant devant la porte de sortie, prenons conscience que celle-ci est fermée. Zut. Heureusement, le gardien n'est pas loin et vient gentiment nous réouvrir. Il est temps de redescendre récupérer la barque. Sous la pluie. Et avec le soleil qui commence à se coucher. Nous glissons à plusieurs reprises. Puis sur la pirogue, Raphaël refuse de ramer, alors qu'il ne l'a pas fait non plus à l'aller. Je m'énerve un peu, il finit par prendre les rames, je m'énerve encore, il rame une fois sur deux. Tant pis, autant le prendre avec le sourire, nous avons eu le temps d'acheter des chips. Dès que mon visage traduit mon énervement, Fanny m'enfonce 2-3 chips dans la bouche. La technique est efficace. Nous rentrons à temps, trempés et sous les étoiles, mais le moment était beau.

Chaque soir, nous choisissons un nouvel endroit de restauration. Souvent des pizzas, beaucoup de momos, quelques burgers frites. Un soir, nous marchons au bord de l'eau avec Fanny, Lars et Archie, au soleil couchant, puis nous posons sur un coin d'herbe pour admirer la vue. Encore une fois, ce moment marque mon esprit par sa simplicité et le rapport à la nature... et à l'humain.

Enfin, pour notre dernière journée (car je suis finalement restée un jour de plus, décidant de rejoindre Kathmandu le jeudi plutôt que le mercredi), nous assistons au festival annuel de la boue et du riz de Pokhara. Ce festival officialise le début des plantations de riz. L'ambiance est très étrange car lorsque nous arrivons, il n'y a que des touristes. Nous avons pris le même bus. Et puis au fil du temps, les locaux débarquent et la fête prend. Il y a tout un tas de jeux dans la boue. Compétition de laboure avec les taureaux, compétition de plantation de riz, Compétition de course de femmes, course de touristes, et puis des matchs de foot. Avec Fanny nous souhaitons y participer. Il faut simplement composer une équipe de 3... du moins c'est ce que nous pensions. Car le football est en fait interdit aux femmes. Nous ne pouvons pas nous joindre à la partie. Pardon??!! En perdant notre temps à négocier nous loupons d'ailleurs la course pour femme dans la boue :( Puis, à force d'essais, nous imposons deux équipes de filles sur le terrains (que des touristes) et avons l'occasion de jouer. Je marque un premier but. Fanny en fait autant. Et puis après 5 minutes de jeu seulement, les organisateurs nous virent à nouveau du terrain. Quelle tristesse. Nous sommes du moins fières d'avoir fait gagner l'équipe.

Mercredi soir, dernier soir, nous mangeons indien. Je suis à côté d'Archie, passionné de photographie argentique. Il m'en montre quelques unes, de sa famille notamment, ce qui me touche, et me parle de son projet d'en faire un magazine. Je lui souhaite d'y parvenir. Archie est né à la mauvaise époque. S'il avait pu, il aurait préféré les années 80 me semble-t-il. Pour moi il restera une incroyable rencontre... en 2022.

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 Nous sommes finalement restés 6 jours à Pokhara. L'endroit est si beau, il s'agit de la deuxième plus grande ville du Népal et est aisément comparé à Annecy par les français. Elle borde en effet un magnifique lac où se promènent des pédalos et des pirogues. Avec ma team de français, nous ne voulions pas perdre de temps et avons donc décidé de visiter un maximum de lieux marquant du coin.





Il y a d'abord eu la Davis Fall, une grande cascade en plein milieu de la ville, avec un temple non loin. Nous y sommes allés en marchant et le trajet en valait la peine. Plus que le lieu final, c'est notre avis. Nous avons été relativement déçus mais, comme je viens de le dire, les paysages à l'aller étaient tout de même à voir. Des rizières en plein milieu de la ville, c'est étonnant.

Le lendemain, j'ai embarqué le groupe dans une aventure en parapente! C'était un de mes objectifs au départ. Autant vous dire que je ne l'ai avoué à mes parents qu'à mon retour ahaha. Surtout qu'en plein vol, j'ai demandé à mon pilote de passer en mode Acrobatique. Belles sensations 🤭. Au final, j'ai payé 3000 roupies pour le vol (25€), 1500 pour la gopro (12,5€) et 1000 roupies supplementaires pour l'acrobatique (8,5€). Pour un total donc de 5500 roupies (46€). Nous n'étions pas surs d'y arriver car le temps n'était pas en notre faveur à 9h du matin (heure de notre rdv). Mais nous avons attendu jusqu'à 11h30, le ciel s'est montré clément et nous avons apparement eu d'excellentes conditions, presques miraculeuses en saison de mousson selon nos accompagnateurs.

Puis lundi nous passons une incroyable journée d'expédition autour de Pokhara, en direction d'un autre lac en dehors de la ville. Nous louons trois scooters pour la journée. Samuel monte avec Raph, Lars avec Fanny et Archie avec moi. Nous passons la matinée à rouler, dans la boue aussi, souvent. Les deux autres scooters roulent à toute vitesse, dans l'inquiétude de ne pas être "premier" sûrement. Avec Archie nous n'en avons rien à faire, le paysage est plus beau au ralenti. J'apprécie ce moment. Au retour, Lars nous reproche de prendre trop notre temps. Il nous fait part de son inquiétude de ne pas nous voir lorsqu'il regarde derrière lui. Ça part d'une bonne intention, mais du coup Archie finit par accélérer pour rentrer, et la vitesse coupe nos discussions entamées. Tant pis, au moins nous rentrons tous sans accident, bien que trempés de la tête aux pieds.
Mais chaque chose en son temps, je vais trop vite. Entre le trajet aller et retour il y a évidemment eu quelques heures de battement. Nous avons d'abord pris des momos dans un restaurant désert, avec une magnifique vue sur un lac en aval. Puis avons trouvé une zone d'embarcation puis loin après nous être à nouveau avancés en scooters. Après de longues négociations dont nous sortons perdants, nous partons à la découverte du lac Begnas à bord d'un Pédalo et... d'un guide... que l'on nous a imposé. Nous voulions un moment rien qu'à nous, mais les loueurs ont refusé. Ce guide devait être là, avec nous. Alors nous avons fait avec. Nous avons allumé l'enceinte, mis de la musique, et profité de l'instant. Le bonheur à l'état pur. Un paysage à couper le souffle, une musique transportante, des personnes à qui je commençe à m'attacher, un peu trop à mon avis. Pendant un instant je prends peur. Et après ? Que se passera-t-il après? Quand cet instant s'achèvera. Que le présent ne sera plus qu'un souvenir. Que ferais-je sans ces voyageurs de l'autre bout du monde face à qui je souris si spontanément et qui représentent à eux seuls les plus beaux souvenirs de mon périple ?
Puis, rompant mon songe, Lars se jette à l'eau. Le guide n'a pas le temps de le lui interdire, s'il avait du le faire. Il ne parle pas anglais de toute façon. J'espère qu'il a passé un bon moment, mais je n'en doute pas trop, notre moment baignade a du être un sacré numéro. Archie suit Lars dans l'eau. Puis Raph. Fanny suit le mouvement. Moi, je reste au coin du Pédalo, les pieds dans l'eau, je n'ai pas prévu le maillot de bain. Mais évidemment c'était sans compter sur Raphaël qui dès la premiere occasion me pousse à l'eau. J'avais retiré tous les effets personnels de mes poches. Je l'attendais, je l'espérais, je voulais me joindre à leur baignade et j'en ai finalement bien profité. Nous voyons quelques poissons, j'ignore ce qu'il y a d'autre dans ce grand espace bleu. Nous finissons par remonter sur le bateau. L'appaisement est ressenti par tous. Et nous prenons le chemin du retour.

Mardi est la journée repos. Nous faisons les magasins du bord du lac de Pokhara. Puis vers 17h j'embarque Fanny et Raphaël sur une petite pirogue. Direction la Peace Pogoda, un temple de l'autre côté du lac. Nous sommes lents. Nous craignons d'arriver trop tard à la Stupa, trop tard pour rendre la pirogue, trop tard pour échapper à la pluie, et trop tard pour échapper à la nuit. Finalement nous arrivons de l'autre côté du rivage vers 17h35, montons à toute vitesse au Temple où nous arrivons à 17h57. Le gardien nous dit de nous dépêcher, il doit fermer à 18h. Nous nous dépêchons. Enlevons nos chaussures faisons le tour du temple, redescendons, remettons nos chaussures. Puis en arrivant devant la porte de sortie, prenons conscience que celle-ci est fermée. Zut. Heureusement, le gardien n'est pas loin et vient gentiment nous réouvrir. Il est temps de redescendre récupérer la barque. Sous la pluie. Et avec le soleil qui commence à se coucher. Nous glissons à plusieurs reprises. Puis sur la pirogue, Raphaël refuse de ramer, alors qu'il ne l'a pas fait non plus à l'aller. Je m'énerve un peu, il finit par prendre les rames, je m'énerve encore, il rame une fois sur deux. Tant pis, autant le prendre avec le sourire, nous avons eu le temps d'acheter des chips. Dès que mon visage traduit mon énervement, Fanny m'enfonce 2-3 chips dans la bouche. La technique est efficace. Nous rentrons à temps, trempés et sous les étoiles, mais le moment était beau.

Chaque soir, nous choisissons un nouvel endroit de restauration. Souvent des pizzas, beaucoup de momos, quelques burgers frites. Un soir, nous marchons au bord de l'eau avec Fanny, Lars et Archie, au soleil couchant, puis nous posons sur un coin d'herbe pour admirer la vue. Encore une fois, ce moment marque mon esprit par sa simplicité et le rapport à la nature... et à l'humain.

Enfin, pour notre dernière journée (car je suis finalement restée un jour de plus, décidant de rejoindre Kathmandu le jeudi plutôt que le mercredi), nous assistons au festival annuel de la boue et du riz de Pokhara. Ce festival officialise le début des plantations de riz. L'ambiance est très étrange car lorsque nous arrivons, il n'y a que des touristes. Nous avons pris le même bus. Et puis au fil du temps, les locaux débarquent et la fête prend. Il y a tout un tas de jeux dans la boue. Compétition de laboure avec les taureaux, compétition de plantation de riz, Compétition de course de femmes, course de touristes, et puis des matchs de foot. Avec Fanny nous souhaitons y participer. Il faut simplement composer une équipe de 3... du moins c'est ce que nous pensions. Car le football est en fait interdit aux femmes. Nous ne pouvons pas nous joindre à la partie. Pardon??!! En perdant notre temps à négocier nous loupons d'ailleurs la course pour femme dans la boue :( Puis, à force d'essais, nous imposons deux équipes de filles sur le terrains (que des touristes) et avons l'occasion de jouer. Je marque un premier but. Fanny en fait autant. Et puis après 5 minutes de jeu seulement, les organisateurs nous virent à nouveau du terrain. Quelle tristesse. Nous sommes du moins fières d'avoir fait gagner l'équipe.

Mercredi soir, dernier soir, nous mangeons indien. Je suis à côté d'Archie, passionné de photographie argentique. Il m'en montre quelques unes, de sa famille notamment, ce qui me touche, et me parle de son projet d'en faire un magazine. Je lui souhaite d'y parvenir. Archie est né à la mauvaise époque. S'il avait pu, il aurait préféré les années 80 me semble-t-il. Pour moi il restera une incroyable rencontre... en 2022.

Demain, je prends la route avec Fanny direction Kathmandu. Lars et Archie nous rejoindront deux jours plus tard. Mais je dis définitivement au revoir à Milton qui retourne à Heaven Hill et à Sébastien et Raphaël qui partent faire une meditation de 12 jours vers Lumbini (sud du Népal). Une nouvelle page se tourne, le décompte avant mon départ est lancé. 4 jours seulement et je m'envolerai pour la France. Mais quels souvenirs, quels souvenirs dans ce petit havre de paix qu'est Pokhara. Demain, je prends la route avec Fanny direction Kathmandu. Lars et Archie nous rejoindront deux jours plus tard. Mais je dis définitivement au revoir à Milton qui retourne à Heaven Hill et à Sébastien et Raphaël qui partent faire une meditation de 12 jours vers Lumbini (sud du Népal). Une nouvelle page se tourne, le décompte avant mon départ est lancé. 4 jours seulement et je m'envolerai pour la France. Mais quels souvenirs, quels souvenirs dans ce petit havre de paix qu'est Pokhara. 



24- Kathmandu. Episode Final.

 Comme prévu, nous partons ce jeudi matin pour Kathmandu. Bye-bye Pokhara, ton ambiance paisible et bienveillante me manquera. Hello Kathmandu, tes rues bondées et tes majestueuses stupas.




Trajet de 10h, un bon temps, nous sommes surprises avec Fanny qui m'accompagne. Nous avons évité les 12-13 heures craintes. Je n'ai pas vu le temps passé, j'ai dormi, j'ai pensé. Et nous voici à destination, ma dernière destination, avant le dernier envol. Tout est passé si vite. J'aurais voulu vous raconter le magnifique hostel dans lequel nous avons logé avec ses milliers de drapeaux népalais, la rencontre hasardeuse avec Valentin (un autre Français que nous avions croisé à Pokhara et qui est bloqué à Kathmandu pour réparer une dent avant de repartir en treks). J'aurais voulu vous raconter ces superbes temples que nous avons visités avec lui et Fanny, la bonne bouffe aussi, les incroyables cours de yoga tous les 3 sur la terrasse de l'hostel, vu panoramique sur la ville pour se réveiller de bon pieds avec un prof toujours aussi étonné de notre manque de souplesse. J'aurais voulu vous raconter les retrouvailles avec Archie et Lars, la sortie au Stupanath où nous avons assistons à des cremations impressionnantes, des corps prenant feu en public. J'aurais voulu vous raconter aussi ces bananes pas mûres, ces endroits cachés que Fanny m'a fait découvrir en allant chercher son ordinateur (qui n'est d'ailleurs toujours pas réparé), ces négociations avec les chauffeurs de taxis, les vendeurs, ce massage des pieds qui nous a tant relaxés. J'aurais voulu vous raconter cette rencontre touchante avec une jeune femme népalaise en manque d'argent pour réaliser son souhait d'aider d'autres jeunes femmes à s'émanciper, et qui, pour y faire face, propose des séances de henné et des cours pour qui voulait. J'aurai voulu vous raconter enfin ces deux soirées karaokés qui sur le moment nous ont bien fait rigoler et ce dernier repas juste avec Fanny et Valentin, dans un petit restau du coin, des momos, kothey évidemment.

Et pourtant, pourtant, ce n'est pas ça qui m'inspire lorsque j'écris sur cette capitale de l'autre bout du monde.

C'est qu'il y a un aspect de mon voyage auquel j'ai pensé tout le mois mais que je vous ai évoqué trop peu de fois. Ces demandes en mariage insistantes, ces regards déplacés. Ces remarques sur mon physique, mes cheveux blonds, mes yeux bleus. Ces photos que l'on ne cesse de prendre de moi, seule ou avec des passants que je ne connais pas, des photos en paysage, en profile, des photos à la cascade de Gaunshahar, au Davis Fall, devant un temple à Kathmandu. Des photos de moi, de Fanny, ou de nous tous en même temps. Ces demandes en mariages encore une fois. Et puis les photos que l'on a prise de moi en maillot de bain, alors que je l'avais refusé et qu'en tournant la tête je découvrais ce jeune nepalais d'une vingtaine d'années, cachant son appareil pour prendre le cliché. Un moment volé, un moment que je partageais avec les autres volontaires, et que l'on a assombri dans mes souvenirs. Je ne m'y suis plus baignée les semaines suivantes. Et je pense à ce jeune homme, et les autres qui l'ont imité, qui regardent probablement souvent cette photo pour stimuler leur désir.

Je ressens un dégoût profond.

Dégoût de cette soirée où je sortais du bar karaoké avec Archie et Lars et recevait cet appel de Tessa*. N'entendant que du silence d'abord, puis les cris qui ont suivi. Ce souvenir détaillé du moment où je ne cessais de dire son nom, de comprendre où elle était, ce qu'il se passait et que la voix qui ne me répondait pas était apeurée et criait de manière désespérée. Dégoût de cet instant où mon amie a raccroché et qu'une infinité d'images ont défilés dans ma tête comme autant de possibilités. Cet instant où j'ai couru de toutes mes forces, faisant signe à Archie et Lars qui ne réagissait pas, et craignant de ne pas retrouver Tessa à temps. Tenter de la rappeler, hésiter à un carrefour, entendre ses pleurs, la retrouver, accroupie, tremblante, la tête entre ses bras comme un réflexe de protection. Apprendre qu'elle a été approchée par un pervers népalais qui n'aurait pas attendu le mariage pour la sauter.

Le pire a été évité. Mais faut-il attendre le pire pour parler de cet aspect de mon voyage auquel j'ai pensé tout le mois mais que je vous ai évoqué trop peu de fois. Cette soirée me hante, comme les appels, et pourtant la nuit précédente où j'étais moi-même seule dans les rues de Kathmandu, rien ne m'est arrivée. Alors que se passe-t-il dans la tête de cette voyageuse de l'autre bout du monde que je devrai quitter quelques heures plus tard pour rentrer à la maison et qui n'aura plus personne pour répondre à ses appels de détresse ? Que se passe-t-il dans la tête de ces milliers de népalaises qui se font abusées chaque jour et voient leur agresseur fuir en toute impunité ?

Ceci est un enjeu qui ne concerne pas que le Népal. Mais c'est encore dans ce pays que la femme doit être mariée avant ses 20 ans, souvent avec un inconnu de la même caste choisi par sa famille. Que la femme doit rester à la maison toute sa vie pour élever ses enfants ou est vendue lorsque la pauvreté l'oblige. Que la femme est contrainte de dormir dans la grange, dans le froid, sous la pluie parfois, entre une chèvre et un taureau, lorsqu'elle a ses menstruations. Que cette femme est considérée impure 7 jours par mois et rabaissée à l'état de bétail par sa propre famille. Une femme reste une femme, qu'elle soit népalaise ou étrangère le traitement est le même. Une française qui a participé à un autre volontariat l'expérimentera elle-même et m'en témoignera.

Voici la dernière précision que je voulais apporter avant de fermer définitivement le livre du Népal, Juin 2022. Mais si le voyage se termine avec un léger goût amer, je n'oublie pas les milliers de souvenirs positifs et les expériences vécues dans ce si beau pays.

Des paysages à couper le souffle, des rencontres chamboulantes, un Dal Bhat qui me manque. J'ai tant appris sur ce petit bout de la Terre, sur la vie, sur l'humain, sur moi-même. J'ai tant appris et je veux apprendre encore et encore. Je veux voyager, à l'autre bout du monde, ou plus près, mais ne pas cesser si je le peux. L'inconnu est partout et je souhaite découvrir toutes ses facettes. Je veux rencontrer encore plus de belles âmes et espère pouvoir être considérée comme telle. Népal, merci, merci pour tout, je ne manquerai pas de revenir te voir.

Sur ce j'ai pris l'avion, et je n'ai pas loupé ma correspondance. J'aurais peut-être préféré cette fois-ci 😉



*Nom changé à la demande de l'aventurière en question











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