LIBAN. 🇱🇧 1 - Beyrouth, enfin ?!

 Je suis enfin dans l'avion. Mais j'ai encore du mal à souffler. Je pense commencer une séance de meditation prochainement.


Je fais la maligne à chanter à tout va que je rejoins Beyrouth pour quelques mois. Beyrouth, le mythe du désordre, de la crise. Et moi, jeune étudiante accompagnée de ma seule valise (à l'intérieur de laquelle le livre de mon père : La guerre du Liban), partons à l'aventure de ce beau pays du Cèdre. Je pense mer, je pense randonnées, je pense montagnes, je pense rencontres, je pense soleil. Mais quand tout devient tout à coup plus tangible, je pense peur, je pense appréhension.

L'Inconnu, ce bonhomme qui me rappelle à l'ordre parfois. Comme j'aime l'exploration et comme cela m'anime quotidiennement! Mais cette semaine, mon cœur se sert, ma tête n'est plus au clair, mes poumons s'emballent. Ça va aller. 

Je sais bien que ça va aller. Mais là, c'est pas cool.


Mercredi 8 février au matin, je pars de ma maison du sud est de la France pour rejoindre l'aéroport de Marseille. Me voilà partie pour un semestre au Liban, en échange dans une université partenaire à la mienne : l'American University of Sciences and Technology (AUST). Là-bas, je suivrai une licence d'Affaires Internationales, équivalente à celle que je suis à Lille. Cinq mois à Beyrouth donc, et une grande hâte de poser enfin les pieds sur cette région du monde qui m'a depuis longtemps tapée dans l'œil : le Moyen-orient. 

Le pays est en crise, hyperinflation, devaluation de la livre, politique en suspens. Les grèves générales se multiplient, la population survie. La tension monte dans les rues mais le pays tient bon. Manifestations d'octobre 2019, crise sanitaire, explosion du port de Beyrouth, plus récemment un écho de séisme. Des bâtiments qui tiennent à peine debout. Et malgré tout, de la bienveillance au sein du peuple et une richesse naturelle et culturelle à revaloriser.


J'ai lu beaucoup d'écrits portant sur ce pays. J'ai écouté les gens m'en parler avec le sourire, ou de la nostalgie. Je me suis renseignée autant que possible, j'ai rédigé un rapport de trente pages à remettre aux parents pour leur assurer ma prise en compte des risques et des opportunités. 

Mais finalement, je ne connais rien du Liban. 


J'aimerais prendre le temps d'écrire à nouveau. Sur ce périple. Parce que l'écriture me fait du bien autant qu'elle permet à mes proches de vivre l'aventure par procuration. J'ai aussi l'intention ferme de profiter au maximum de mon voyage. M'immerger bien profondément dans l'ambiance. Et j'aimerais éviter qu'écrire ne me prenne trop la tête. Alors je vais tenter comme je peux d'allier les deux. Et puis, nous verrons bien.


Tout ce qu'il faut savoir pour le moment, c'est que je n'ai jamais pris l'avion ce mercredi 8 février au matin. Et que je n'ai pas dormi à Beyrouth le soir même. Vol annulé, moi dégoûtée. Jeudi, deuxième vol annulé, moi encore plus dégoûtée. Nous sommes le samedi 11 février, il est 10h43, et je suis enfin dans l'avion. Mon porte monnaie vidé. Trois jours de perdus, de stress supplémentaire, de pleurs aussi. Je vous le dis, cette semaine, j'ai du mal à m'y retrouver. Je suis de nature si tranquille, dans l'interiorisation, la relativisation, le contrôle, le calme. Et là c'est comme si mon cerveau avait disjoncté. Ce matin en arrivant à l'aéroport, l'hôtesse au poste d'enregistrement ne voulait pas me laisser passer. Je n'avais pas de visa. Non, je n'ai pas de visa car l'école m'accueillant à Beyrouth est censée avoir tout prévu pour moi. Après quelques minutes de négociations, pendant lesquelles j'ai bien pensé que le sort s'acharnait à nouveau et pour toujours, elle m'a laissée passer. Elle m'a dit "on vous laisse embarquer mais comme on le notifie aux autorités libanaises il est possible qu'ils vous arrêtent à l'arrivée". J'ai récupéré mon passeport et mes billets. J'ai dit au revoir à mes parents. Mon premier avion décolle en ce moment même. Là. Tout de suite. Imaginez le rouler encore sur la piste, et bientôt, prendre son envol. Au dessus de Marseille. Et jusqu'à Francfort. Car Beyrouth attendra encore un peu.


Ce soir, j'espère m'endormir au Liban. Si je ne me fais pas arrêter (rires). Et si j'atteins mon logement. Il y a trente minutes mon cœur battait si vite que j'avais du mal à respirer. Maintenant, je me sens un peu plus apaisée. J'ai l'arrogance d'une warrior quand je suis face aux autres. Mais à cet instant je me fais bien petite. Et puis je me rappelle que "J'adore les galères", comme écrit l'année dernière. Alors je lache-prise et tente d'attirer à nouveau à moi les bonnes ondes et la sérénité. Il y a eu beaucoup de galères cette semaine en effet. Mais la casse est avant tout économique, aucun incident grave n'est à déplorer. Alors je me dis que tout va bien aller. Je retrouve le sourire. Je me sens prête. Je me mets de la musique dans les oreilles en plongeant mon regard dans le ciel et les chaînes de montagnes qui s'y dessinent.

Je me sens bien. Je suis heureuse. Et je laisse des larmes de joie rouler sur mes joues.



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