East Africa 🌍 KENYA 🇰🇪 - 5 - A la recherche des big 5 à Amboseli

EA - KENYA - 5 - A LA RECHERCHE DES BIG 5 A AMBOSELI

07/06/2024, Kimana, Kenya.




Vendredi 7 juin 2024, réveil avec le bruit des oiseaux dans notre chambre sur pilotis. J'ouvre les rideaux, la lumière est belle. Il est 6h15 et nous sommes prêtes pour démarrer la journée.

Évidemment, on ne pourrait commencer autrement qu'en prenant un petit déjeuner. David nous retrouve dans la salle à manger et Christina nous sert du pain de mie, du café, du lait, du beurre et de la confiture, surtout, des fruits ! Il n'est pas évident de tenir une discussion entre grand-mère qui ne parle pas anglais, et David qui ne parle pas français. J'aurais tant de questions à lui poser mais par manque de temps et en vue des besoins de traductions, je n'exploite pas suffisamment tout ce qu'il aurait à nous partager. Il nous apprend qu'il a un talent pour la guitare et qu'il aime beaucoup en jouer seul, pour lui-même ou au sein de groupes de gospels. Jeune, alors qu'il n'avait jamais entendu son père jouer de la guitare, celui-ci aurait pressenti le talent de son fils. David aurait ensuite appris à jouer parfaitement de l'instrument en quelques mois, de manière relativement autonome. C'est selon lui un don du sang, un héritage familial. Grand-mère, entendant le mot "gospel", sort des vidéos de concerts auxquels elle se serait rendue. On rigole bien parce qu'elle n'arrive pas à baisser le son et que son appareil emplie la salle. David reconnaît immédiatement le style gospel. Puis grand-mère, fière, montre ensuite une vidéo de Dominique à la guitare, son beau-frère. Et parle ensuite de son neveu Valentin, fils de Dominique et musicien de cœur. 

Tandis que je lui demande quels types de groupes il a l'habitude d'accueillir (familles, couples, amis, etc). Il me répond qu'il accueille vraiment tous types de configurations mais qu'il préfère par dessus tout les jeunes parents avec leurs bébés/enfants. Il développe en effet en nous disant que les enfants s'émerveillent pour un rien, sont toujours plein de joies lorsqu'ils voient des animaux. Ils apprécient beaucoup David, et c'est réciproque. Ils finissent même par passer plus de temps avec lui qu'avec leurs parents et ils pleurent en partant. Il est vrai que les groupes de touristes rencontrés hier dans le parc semblaient heureux d'être dans le parc, mais bien souvent concentrés sur leurs photos, derrière leur écran, certain écoutant de la musique avec des écouteurs. Les enfants ont encore ce goût pour l'exploration sans artifice, sans filtre numérique. Aujourd'hui, j'essayerai d'être une enfant.

Derrière nous, une néerlandaise petit-déjeune seule à sa table. C'est la seule autre personne que nous verrons dans cet eco camp. Je pense qu'il n'est pas très prisé en ce moment. Cela fait un mois qu'elle vadrouille dans le Kenya. Et c'est son premier safari dans le pays ! Nous lui conseillons de prendre un foulard pour se couvrir contre la poussière. Je tente quelques phrases en néerlandais mais ne suis pas certaine de me faire comprendre. Elle répond par quelques hochements de tête, mais probablement plus par politesse que par entendement.






7h, c'est l'heure de partir vers Amboseli ! Aujourd'hui, nous avons une grosse journée qui nous attend. Nous resterons dans le parc jusqu'à la fin de nos 24h d'accès, c'est à dire à 16h. Sur le chemin, je vois de nouveau diverses villages Masaï sur le bord de la route. C'est toujours aussi étonnant de voir une antenne plantée au milieu de ce lieu traditionnel. 

Nous nous enregistrons à l'entrée du parc, David ouvre le toit du van. Je me lève et adopte la position d'exploratrice sur son véhicule d'aventure ahaha Je ne bougerai pas beaucoup de la journée, à guetter le moindre mouvement dans la brousse. À la recherche tout aussi bien du roi de la savane, que de la plus petite fourmie. Je suis bien décidée à vivre dans le présent et m'ancrer toujours un peu plus dans le bonheur de l'instantané.

À peine passons-nous les premiers zebres de la journée que la radio émet des voix excitées par un évènement encore inconnu. David met les gazs et nous roulons vite, toujours plus vite sur cette route sinueuse. Les jeeps partent à toute vitesse, c'est la compétition pour qui arrivera on the spot le plus vite. Il y a déjà 6 véhicules lorsque nous arrivons. Et là, tandis que le vacarme est important sur le chemin, je retrouve à ma droite la paisibilité de la nature. 




Deux guépards, dans la brousse. À l'affût d'une proie. Plus loin, une gazelle, ou une antilope. Qui mange tranquillement. Elle se soucie du danger. Cela se voit. Elle lève la tête, reste en éveil. Elle marche un peu. Un des guépards se relève également, avance plus près du buisson, se recache. La scène semble être au ralenti. Je trouve ça fascinant cette attente, cette action en suspens. Aucune des trois bêtes ne bouge. La proie s'éloigne de nouveau un peu, puis plus encore. Les prédateurs stagnent. 

Nous finissons par repartir mais je garde en tête cette scène privilégiée de la vie dans la savane, un moment presque intime même. Je trouve cela dérangeant qu'il y est autant de jeeps à l'affût. Peut-être ont-elles éveillé les soupçons de la proie. Nous étions une vingtaine de véhicules. Certains rigolaient, les autres parlaient fort. Pourquoi interrompre une telle quête, un tel effort de la nature ?

Plus loin, tandis que nous prenons de la distance avec les autres convois, David nous prévient qu'il pourrait bien y avoir des lions, notamment sur notre droite. J'affine d'autant plus mon regard d'exploratrice. Je mets mes sens en éveil. Alors que j'aperçois au loin une tâche foncée et une autre un peu plus claire, David nous confirme qu'un lion et une lionne ont été repérés. Ils sont loin, trop loin pour que grand-mère ne les voit. J'ai ma jumelle avec moi mais n'ai pas emporté mais binoculaires hélas... David nous prête les siennes qui sont hélas trop abîmées pour que nous y voyions mieux. Les deux bêtes sont allongées l'une derrière l'autre, la lionne derrière le lion. Ils sont paisibles, au milieu de cette grande étendue de nature sèche. Le mâle se lève. David nous dit que s'il se lève, c'est afin de s'accoupler. D'autres jeeps nous rejoignent de nouveau. Je me demande si tout ce folklore a du bon. Nous sommes loin du couple mais il en faut peu pour que nous gachions cet instant si précieux. Plusieurs fois, le lion se lève et nous sommes en suspens. La lionne aussi bouge un peu. Je ne sais pas s'ils ont fini par s'accoupler à ce moment-ci, Mathilde le pense. Ils se rallongent, et nous les laissons tranquille. David nous rappelle la chance que nous avons d'avoir pu voir le Kilimanjaro, des guépards et un couple de lions. C'est un beau combo !

Jusqu'à 11h, nous parcourons la savane à l'affût d'un nouvel événement. Nous découvrons de magnifiques oiseaux, notamment les Marabouts. Nous passons à côté de maintes zèbres, gnous et antilopes. Tandis que je suis toujours debout, aussi émerveillée par la nature, dans mon âme d'enfant, David nous annonce une pause dans un hôtel luxueux du parc d'Amboseli. Et pourquoi pas ? Mon âme d'adulte aime bien le café. Nous sortons, découvrons une sorte d'oasis en plein milieu du désert. Nous nous posons à une table en terrasse. De jeunes hommes en tenue Masaï passent à travers les touristes pour faire des photos. C'est vrai que l'on rigole un peu des sortes de pailles coincées entre leurs orteils. Nous prenons chacune une boisson, ainsi qu'un plat de pâtisseries. Nous n'avions pas beaucoup d'attente et en effet ce n'est pas le plus grand des délices. Mais nous emportons un petit croissant et un Americano pour David. À peine a-t-il déposé son croissant derrière son volant qu'un singe vient le lui piquer ! En une bouchée voilà qu'il l'avait gobé ! Et il n'est pas revenu nous dire s'il avait apprécié... D'autres singes se sont présentés et nous en avons ensuite vu régulièrement sur le parcours.










L'épopée continue sur ces routes sauvages. Nous passons au bord d'un point d'eau où se retrouvent gnous et zebres, ainsi que flamands roses et blancs. Que c'est beau ! Les gnous nagent jusqu'à une rive un peu plus loin et font fuir les oiseaux rosés. La scène est encore une fois si belle. Cette avancée, délicate, assurée, et cet envol, comme c'est précieux.







Plus tard, nous passons à côté d'éléphants. Et encore une fois, nous restons la bouche ouverte face à cet immensité du beau. Les bébés jouent avec leurs trompes, cherchent leurs parents. Certains mangent. D'autres se baignent. Un croise ses jambes, comme en situation d'attente, ou de contentement.







Vers 13h, David se gare en bas d'une colline que nous devons grimper pour le déjeuner. Lui ne peut pas venir avec nous et doit garder le van. Nous prenons donc la piste du sommet. Mathilde porte le carton du pique-nique. Grand-mère nous fait remarquer que nous allons lentement. Pardon ? Je ne trouve pas ahaha Je pense qu'elle a très envie de donner une image forte d'elle-même et ne souhaite pas nous ralentir. Mais rien ne presse grand-mamou ! Hakuna Matata. En moins de cinq minutes nous sommes en haut avec une vue imprenable sur le parc. Le kilimanjaro est timide derrière les nuages. Nous prenons place à une table. Au menu, aile de poulet, pommes de terres, sandwich à l'œuf, chips, jus de mangue et banane ! C'est au-delà de nos espérances. Le tout préparé par notre Eco camp. À la place de pigeons, ce sont de tout petits oiseaux qui viennent nous tenir compagnie et guetter notre repas.










Vers 14h, nous quittons la colline pour retrouver David. Il nous faut prendre le chemin retour pour sortir du parc à l'heure. Nous passons par une paisible palmeraie. Hélas, pas de lions au milieu de la flore. De nouveau, des singes (notamment avec leurs bébés sur le dos), des zèbres, des gnous, des gazelles, des antilopes et des impalas en nombre. Mathilde et grand-mère prennent place à l'intérieur du van, assises à l'abri de la poussière, reposant leurs jambes et accueillant une sieste avec plaisir pour la cas de la twin. Je me maintiens debout, bien installée à mon poste de garde. J'aperçois des girafes, encore des antilopes, des éléphants et là, au loin, un dinosaure ! 

[Je suis en train d'écouter le morceau de piano "Innocence" de Ô lake, et je le trouve splendide]

Donc nous disions, j'aperçois tout à coup un dinosaure ! Un diplodocus, si je puis dire. Oui, là-bas au loin ! Au milieu de ces lions, ces guépards, ces bêtes si rares et si majestueuses, au milieu de tout cela, un dinosaure. Ça ne m'a pas étonnée.

Puis, j'ai retrouvé mon âme d'adulte et ai rationnalisé la chose. C'était peut-être seulement un arbre. Mais mon âme d'enfant reste persuadée. C'était bien un diplodocus !








Nous passons aux côtés d'une girafe et enfin, nous atteignons la porte de sortie, la Kimana Gate. Je dis "enfin" car malgré tout la fatigue se fait sentir. Mathilde se réveille de sa sieste. C'est vrai que le trajet est reposant et berce. Nous avons passé l'après-midi loin du vacarme de l'extérieur, loin des jeeps et des foules de gens. Nous avons trouvé des passages rien qu'à nous, et des moments d'apaisement.


Vers 17h, nous sommes de retour à l'Eco Camp. Nous profitons d'une pause thé ou café selon les préférences. Cela fait du bien de se poser un peu. Nous continuons de discuter avec David, de tout, de rien. Le soir, grand-mère re-insistera pour que je le laisse manger tranquillement. Mais il y a tant de choses qu'il pourrait nous transmettre. Grand-mère évoque notamment le conflit avec la communauté Masaï. Notamment un évènement remontant à quelques années lorsque des vaches Masaï avaient été volées. David semble se souvenir de cet incident. Il nous explique. La communauté Masaï s'étale tout le long de la frontière entre le Kenya et la Tanzanie. Elle migre souvent en même temps que les animaux de la savane, c'est à dire vers le nord au Kenya en avril-mai et vers le sud en Tanzanie à la fin de l'année. Une année, mais cela arrive en réalité régulièrement, du bétail de Masaï kenyans avaient été volé par le gouvernement en Tanzanie. Cela avait fait grand bruit. Le gouvernement kenyan a essayé d'obtenir compensation, de gérer le litige, même l'ONU se serait emparé du cas. 

La question Masai reste en suspens. Ce peuple a perdu tant de terres, a vécu des massacres. Que fait le gouvernement pour eux ? David nous explique que le gouvernement s'assure d'offrir l'éducation aux enfants Masaï, de fournir des repas comme incitation. L'objectif est de faire évoluer la culture traditionnelle Masaï pour éviter les situations (comme nous avons pu observer sur le bord de la route) où les enfants s'occupent du bétail plutôt que d'aller à l'école. Mais à quel prix cette évolution ?

Nous n'osons pas poser de questions trop intimes à David. Il n'a pas d'alliance tandis qu'il semble très chrétien. Guide depuis 22 ans, nous nous demandons s'il n'a pas vécu un traumatisme, une perte peut-être, notamment d'une femme, qui l'aurait poussé à devenir guide. Quoi qu'il en soit, on répète encore et toujours en cœur le fameux "Hakuna Matata".




Nous terminons le repas tranquillement, puis c'est l'heure de prendre une dernière douche et de voir baisser la lumière en conséquence. De faire grincer une dernière fois le sol, craindre de tout faire s'écrouler et de remonter sur nos épaules une dernière fois la couette pour tenter de ne pas attraper fois cette nuit-ci. 


Demain, c'est le grand retour à Nairobi. Et puis une nouvelle aventure nous attendra ;)


Bises à tous, je pense à vous 😘




Karibu : Bienvenue

Jambo : Bonjour/salut

Jumbo : Éléphant 

Houkosawa - Dille : Ça va ? Ça va.

Sawa : OK

Kwaheli : byebye 

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