East Africa 🌍 TANZANIE 🇹🇿 - 9 - Premier jour à la maison de boue.

 EA - TANZANIE - 9 - PREMIER JOUR À LA MAISON DE BOUE

11/06/2024, Mudhouse, Tanzanie.


Ce matin, nous nous réveillons tranquillement dans la maison de Salomé et son mari Matthiew. Mathilde prend sa douche, j'enchaîne. Nous sommes contentes de trouver de l'eau chaude ! 



8h30, nous entrons dans la salle à manger pour profiter d'un bon petit-déjeuner. Au menu, du thé, des avocats, du pain de mie, des beignets (faits maison, la veille !!), du jus de fruits, des fruits. Un régal. Parfait pour commencer la journée. Nous dégustons le tout avec notre hôtesse mais celle-ci reçoit sans cesse des appels et n'a pas le temps de réellement se poser à table. Elle nous explique que certains enfants vont partir en voyage scolaire dans la ville de Mwanza le lendemain, pour 4 jours, et que les parents ou les professeurs demandent donc des informations de dernière minute. 


Ce qui m'étonne toujours autant, ce sont ces jeunes filles qui aident Salomé quotidiennement. Ce sont des aides ménagères de 15 ans environ. L'une d'entre elles est logée par Salomé. Il me semble qu'elle est orpheline. Elle est aussi une étudiante sponsorisée par la Mudhouse. J'ai du mal à voir ces filles préparer à manger, faire la vaisselle, mettre la table, puis manger seules dans leur coin tandis que nous sommes à table avec Salomé et son mari. Notre hôtesse donne à la fois l'impression d'agir comme leur mère et leur patronne. Je ne sais pas trop quoi en penser.


À la fin du petit-déjeuner, nous parlons du planning de la journée. Grand-mère a envie d'une tâche précise mais Salomé a l'air de ne pas avoir d'idées concrètes en tête. Il y a besoin d'aide pour un peu tout. Nous attendons 11h du matin que les jeunes ayant des examens nationaux passent devant la maison pour les accompagner et enfin découvrir la Mudhouse. Nous pensions commencer plus tôt mais comme nous sommes prêtes et avons du temps, nous décidons de faire un tour du jardin. Dans le potager, Matthew est déjà au travail. Il prend plaisir à nous montrer ses plants. Il y a des bananes, des papayes, des oranges, beaucoup de plants de tomates, du maïs, notamment pour nourrir le bétail. Bref, il y a de quoi faire. En remontant, on fait également connaissance de ses vaches. Quelques unes sont enceintes. Nous apprenons également que le lait que nous avons bu ce matin est celui de leurs bêtes. Je ferai plus attention demain ! Comme grand-mère se demande d'où provient l'eau, Matthew nous explique tout le fonctionnement de pompage, de réserve et d'irrigation des terres. Comme ça, nous savons tout. Ou presque. 


















Mathilde est encore très fatiguée physiquement. Le petit-déjeuner n'est toujours pas bien passé. Grand-mère non plus n'a pas l'air en grande forme. Alors nous remercions notre hôte et rentrons nous reposer un peu. Puis c'est l'heure d'y aller ! Nous partons en voiture avec Salomé et les quinze enfants dans leurs uniformes bleus montent à l'arrière. Nous mettons peu de temps à arriver à la Mudhouse. 


Là, nous serons la main des enfants et faisons un câlin aux petits. Nous reperons les sanitaires, la cuisine, les dortoirs. Grand-mère s'offusque de l'état du plafond et des trous apparents. Je me demande en effet comment cela s'est passé pendant les fortes pluies du mois dernier. Les filles sont dans un certain espace. Les garçons dans un autre. Tout est propre, tout est rangé. C'est étrange de ne pas voir de jouets d'enfants éparpillés sur le sol. Leurs affaires personnelles sont rangées dans une petite boîte rangée sous leur lit. Rien n'est personnifié. Les enfants ne rentrent pour la plupart chez eux qu'une fois tous les cinq mois. Mais être à la Mudhouse est une bénédiction et ils ne s'en plaignent pas, loin de là. Ils se considèrent apparemment comme des frères et sœurs, une nouvelle famille à part entière avec Salomé comme maman. 















Nous découvrons ensuite ce qui a inspiré le nom de l'association, la fameuse maison de terre Masaï, la Mudhouse. Salomé l'appelle la British Mudhouse car elle est bien évoluée en comparaison avec les véritables logements Masaï. Celle-ci présente des matelas au dessus des sommiers en bouts de bois. Ainsi qu'une cheminée pour cuisiner en sécurité. En parlant de cela, notre hôtesse évoque un autre projet qu'elle a en commun avec son amie Nicky : Cheminée. Ce projet consiste à construire une petite cheminée dans des maisons Masaï. L'objectif est d'éviter les nombreux accidents domestiques tels que brûlures et infections des poumons. La stratégie est d'offrir ce genre de cheminées aux familles Masaï très pauvres afin d'inspirer ceux qui ont plus de moyens à construire les mêmes types d'installations. C'est en cours de développement... Quoi qu'il en soit, la Mudhouse que nous découvrons à ce moment là est assez convivial. Elle semble beaucoup plus grande de l'intérieur. Elle pourrait apparemment accueillir une quinzaine de personnes. Pour trois lits. Les maisons Masaï sont par ailleurs construites essentiellement par les femmes Masaï. La maison est en effet un domaine féminin contrairement aux activités d'extérieur qui sont considérées masculines. Pour celle que nous voyons, il aura fallu 10 femmes et 2 semaines pour la construire (une fois tous les matériaux rassemblés). C'est impressionnant et ça me donne envie d'en construire une dans mon jardin en France.


Nous entrons enfin dans la salle principale de l'association. À peine y mettons nous les pieds que les enfants, en chœur, commencent à chanter. Nous entendons des "Welcome, Welcome" et "We love you, we love you". Salomé chuchotte dans l'oreille d'une des filles nos prénoms et nous entendons "Madam Mathi, Madam Louse, Madam Grandma, Welcome, Welcome". J'ai trouvé ça fou leur synchronicité et leurs voix qu'ils portent loin. Une fille en particulier est sortie du lot. Dans son uniforme bleu elle a guidé un peu le groupe. Elle nous dira plus tard qu'elle prend beaucoup de plaisir à chanter en Masaï. J'espère que je pourrai en profiter dans les jours à venir. Puis, la sono se met en marche et une musique se fait entendre. Les enfants commencent à danser. Une toute petite, âgée de sept ans, prend le lead et nous impressionne par sa danse des épaules. Elle a un mouvement fabuleux de secousses. Je ne peux m'empêcher de repenser aux vidéos prises par mon père, de moi petite dansant en ne bougeant que les épaules. C'est depuis devenue une référence dans la famille, ma danse d'épaules. Mais honnêtement, je ne fais pas le poids face à cette jeune écoliere Masaï. Plus tard, nous aurons l'occasion de lui parler un peu. Elle porte déjà beaucoup de prestance en elle. Je pense qu'elle pourra faire tout ce qu'elle veut dans la vie. Elle a un petit sourire fier. Elle semble débrouillarde. Elle nous dit qu'elle aimerait être infirmière. Je le lui souhaite. 




La musique redémarre à la fin de la danse et c'est désormais à nous d'apprendre les mouvements. On rigole bien avec Mathilde. Grand-mère aussi essaye de suivre la cadence. C'est un beau moment de partage. Nous applaudissons tout le monde et répétons "Assante sana" (merci beaucoup), tant nous sommes reconnaissantes. 


Puis, nous découvrons le placard à jeu. Salomé nous propose de le réorganiser mieux (car tout est un peu éparpillé) et grand-mère le prend au premier degré. Tandis que nous sortons les jouer et en profitons avec les enfants, grand-mère s'attelle avec hardeur à la tâche de trouver toutes les pièces de puzzles et bien ranger les boîtes ahaha Bon... c'est dans sa nature. Je joue aux kaplas, je discute, surtout, nous passons une bonne partie du temps à regarder une pile de photos souvenirs. C'est adorable de voir les enfants reconnaître certains de leurs amis, ou eux-même lorsque la photo n'est pas trop ancienne. Ils sont tous autour de la grande table et semblent réellement être comme des frères et sœurs. Certains jouent au ping-pong, d'autres aux voiturettes. Un garçon est tout seul assis sur sa chaise dans un coin. Je lui parle un peu, mais je pense que c'est tout simplement un solitaire.










Je commence à avoir faim et suis contente d'arriver au repas vers 13h30. Grand-mère et Mathilde aident les enfants à se laver les mains, j'installe les tables et les chaises avec Veronica, la jeune fille également hébergée chez Salomé. Nous sommes chanceuses de bénéficier de cuillères ! Les élèves mangent à la main. Ce midi, riz et haricots rouges. Délicieux ! Un garde Masaï tombe de sa chaise dont un deuxième pieds se casse. C'est William ! J'espère que ça va...







Après mangé, nous jouons avec quelques enfants à la balançoire. Je sens que grand-mère s'impatiente. La fatigue se fait sentir. Nous n'avons pas bu depuis notre départ. Et cette impression de ne pas être utile en accomplissant une tâche précise la frustre. Je parle un peu avec Esther, l'étudiante la plus âgée de la Mudhouse. Elle a 16 ans et attend les résultats du gouvernement pour savoir si elle va pouvoir étudier en octobre. Elle aimerait être avocate. Elle m'invite à venir dans son village ce soir pour assister à une cérémonie de circoncision pour un jeune garçon. Je décline pour aujourd'hui...


Tandis que nous montons dans la voiture de Salomé pour rentrer se reposer, je demande à notre hôtesse si elle aurait un ordinateur car je pourrais donner des cours d'informatique avec plaisir ! Elle se montre ravie de la proposition car Esther vient justement de lui fournir un papier d'inscription à des cours d'introduction à l'informatique et qu'elle en aurait en effet grand besoin pour sa vie professionnelle. Je regarde le papier qu'elle me tend. Le prix de cette formation est très cher ! Ce sera donc avec plaisir que je lui apprendrai les bases gratuitement. Le programme qui est inscrit est vraiment accessible. Marché conclu, demain nous commencerons le cours d'introduction à l'informatique !





En rentrant, nous profitons d'un thé (nous en prenons quatre à cinq par jour) avant de courir dans nos chambres pour nous reposer. Je prends le temps d'écrire, Mathilde et grand-mère font la sieste. Nous avions prévu de nous rendre au village de Wasso à pieds mais l'équipe est trop fatiguée. Nous irons demain je pense bien. Je suis tout de même un peu gênée que nous ne faisons rien de l'après-midi. Je nous imagine mal à 19h sortir de nos chambres pour mettre les pieds sous la table. Je sors donc avec le livre Sapiens, emprunté à Matthew, pour m'installer dans le jardin et me montrer plus ouverte à la discussion. Il n'y a personne dans les environs. Je pense que Salomé dort aussi. 


Il ne fait pas très chaud dehors, mais les rayons du soleil de fin de journée font du bien. Je me pose et commence à lire le début du bouquin. Quelques personnes viennent me voir pour me demander si ça va. Notamment le garde Masaï Tuluya qui me dit "Mambo" auquel il me faut répondre "Powa". Puis je rentre dans la maison et propose plusieurs fois mon aide dans la cuisine. Sans réelle réponse. Nous nous découvrons et sommes un peu gênées, c'est bien normal. Finalement, tandis que je ressors lire dehors puis rentre de nouveau dans la cuisine, je retrouve Mathilde en train d'éplucher des carottes. Je peux enfin proposer mon aide pour les couper et les râper. Nous sommes cinq à préparer le repas du soir, avec Salomé, Mathilde, et les deux filles aides ménagères. 
















Le soir, nous passons à table avec Grand-mère et Matthew également. Nous avons beaucoup parlé avec ce dernier dans les fauteuils du salon. Notamment des conflits en Tanzanie, de la colonisation, et même de l'invasion russe en Ukraine. Nous lui demandons comment la Tanzanie a vécu la première et seconde guerre mondiale. Il nous explique que lors de la première, le pays était une colonie allemande. Les jeunes hommes étaient donc envoyés en Europe aux côtés des allemands. Or, après la guerre, les colonies allemandes ont été redistribuées entre les grandes puissances et la Tanzanie est devenue anglaise. Les jeunes hommes ont donc du combattre aux côtés des Alliés lors de la seconde guerre mondiale. En une seule génération, le peuple a donc combattu pour deux camps ennemis. Durant le repas, nous continuons de discuter de nombreux sujets, nous avons beaucoup de questions. Nous terminons par un thé, très convivial, avant de souhaiter "Lala Salama" (bonne nuit) à nos hôtes. En parlant de cela, je remarque que beaucoup de mots viennent de l'arabe et me permettent de réviser ahaha. "Tafadal" par exemple, veut dire s'il te plaît. 


Nous nous endormons encore une fois plein de belles images en tête. Grand-mère espère vraiment être utile pour l'association le lendemain matin. Avoir une tâche précise, l'exécuter. Demain sera une belle journée.


(Papa qui reflechit à comment nous rejoindre en voiture)

Bises à tous, je pense à vous 😘













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