NEPAL. 2-Le Projet.

 Je suis devant la porte d'embarquement C91, Terminal 2 de l'aéroport Roissy-CDG. Je ne stresse pas (pas encore). J'ai le sourire aux lèvres, je n'arrive pas à l'enlever. Je ne suis même pas impatiente d'arriver à Katmandou, je suis déjà conquise par le trajet en lui-même. Les portes s'ouvrent... il est temps pour moi d'évoquer mon projet de voyage.


Le Népal est connu pour ses sommets à 8000m (l'Everest, le plus haut!), ses treks fabuleux... mais au mois de juin, impossible. Début de la saison de la mousson (de juin à septembre), la pluie tombe constamment et il est extrêmement déconseillé de crapahuter les montagnes dans ces conditions. Tant pis, le Népal, ce n'est pas que ça. C'est aussi les temples, les parcs nationaux, les magasins de tissus et les plats épicés. C'est également un pays de près de 30 millions d'habitants qui ont le cœur sur la main bien que plongés dans la pauvreté. Une pauvreté qui s'est empirée depuis la série de séismes qui a fait plus de 8960 morts en 2015. C'est un pays qui tente de se relever, petit à petit, d'un important traumatisme.
En 2019, l'ONU le place 142ème/189pays au classement mondial du taux de développement humain (avec un IDH de 0,602 points. La France est à 0,901). L'accès à l'éducation s'avère être un problème majeur dans le pays. Pour vous donner une idée, l'Etat népalais dépense en moyenne 44€ par écolier/étudiant par an. Tandis que cette dépense s'élève à 8920€ par écolier/étudiant en France. Évidemment, il est difficile de comparer deux dépenses dans deux pays si différents (le salaire mensuel moyen au Népal est de 75€!!). Mais on peut tout de même constater un écart important, le taux d'alphabétisation au Népal se limitant à 65% de la population, contre 99% en France. Les femmes sont les plus touchées, 50% des népalaises sont analphabètes (taux de femmes de plus de 15 ans n'étant pas en capacité ni de lire ni d'écrire).
Fin de la parenthèse.


Pourquoi toutes ces données ? En fait, c'est à peu près le cheminement que j'ai suivi. Je souhaitais rencontrer une nouvelle culture, de nouvelles coutumes, de nouveaux paysages, me sentir changée par la richesse symbolique de ce pays tout en donnant peut être autant que ce que j'allais recevoir de cette expérience. Ne pas rester passager clandestin, mais essayer à mon tour de remercier ce pays d'une quelconque manière. Non, je ne vais pas faire de treks. Je ne vais pas non plus enchaîner les activités touristiques. Mon projet? Contribuer à l'effort fourni par un népalais très inspirant, Shamser (son Ted Talk), qui a fondé une école en 2014 nommée 'Heaven Hill Academy', à 6h à l'ouest de la capitale Katmandou. Son école a été la première gratuite et non violente du Népal. Gratuite? Parce que les familles ont tendance à retirer leurs enfants du système éducatif par manque d'argent (surtout les filles) afin qu'ils trouvent directement un travail et financent les besoins du groupe. Non-violente? Car l'éducation dans le pays reste très traditionnelle et basée sur la répression. Shamser a grandi dans ce système et, profondément décidé à éviter plus de traumatismes physiques et psychiques chez les jeunes népalais, s'est lancé dans ce projet d'école à Gaunshahar (village où je vais être accueillie). Une école qui considère indistinctement les filles et les garçons, les castes hautes et les castes basses.


Consciente du faible impact que j'aurai sur le développement global de ce si beau pays, je sais aussi que la moindre aide constitue déjà un effort bénéfique pour la population locale. Heaven Hill Academy en a vu passer des volontaires, et n'aurait probablement pas si bien marchée sans eux. Logés et nourris sur place pour 5$ par jour, ce sont ces voyageurs des quatre coins du monde qui l'ont en partie construite, et continuent de l'agrandir (une librairie est actuellement en travaux). Ce sont eux qui vont chercher les enfants des villages voisins pour les conduire jusqu'à l'école, eux qui animent les activités artistiques ou culinaires, les lectures, les courts d'anglais ou d'informatique.
Je ne sais pas encore quelle sera ma mission exacte à Heaven Hill. Tout ce que je peux vous dire à présent, c'est que ce projet me plaît, qu'il m'inspire et que j'espère pouvoir contribuer, à ma manière, à ce mouvement coopératif et interculturel.

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