Mardi 09/08/2022
Aux dernières nouvelles nous nous trouvions dans un bus en direction de Divača. De là, nous avons pris un train qui était censé être notre dernier. Évidemment, on commence à en avoir l'habitude, un contrôleur passe dans les wagons et nous dit "ce train ne va pas à Ljubjana, il faudra descendre à la gare que je vous indiquerai". Comme on est tous dans le même bateau (plutôt dans le même train mais vous avez compris), je ne suis pas inquiète du bon déroulé de la suite. Alors comme prévu on descend à la gare indiquée par le contrôleur et on monte dans un bus qui nous attend déjà. De là il nous reste une heure avant de parvenir enfin à notre destination finale! Il est 20h40 lorsque nous l'atteignons, nous avons près de 20 minutes d'avance sur notre programme initial.
Pour rejoindre notre nouvel hostel, la Vila Veselova, il nous faut encore marcher une vingtaine de minutes. On en profite pour passer dans la ville et l'on prévoit d'y revenir après avoir déposé nos affaires. Lorsque l'on débarque devant la porte de l'hostel, il nous faut suivre les indications envoyées par les réceptionnistes (qui ont fini leur journée). Codes, couleurs de portes, étages... une vraie chasse au trésor ahaha.
On entre enfin dans une cuisine au bon étage. Bondée de jeunes. De jeunes hommes. C'est un peu surprenant au début et je ne suis pas très à l'aise en découvrant que mon lit est isolé devant la porte du dortoir (Mathilde est sur un lit à étage) mais j'ai dans un même temps l'impression d'être à Louise de Bettignies, ma résidence étudiante. Et ça pour le coup, me rassure pleinement. Comme si j'étais à nouveau entourée de mes colocataires adorés, des plats qui chauffent sur les plaques, des voix qui portent et de la vaisselle sale. Ça m'avait manqué.
On prend une douche dans les sanitaires communs (2 douches pour une vingtaine de personnes mais on n'a jamais été empêchées d'avoir de la place!). Une italienne est là. Très sympa. Puis on ressort pour faire un tour de la ville de nuit. Très vite on tombe sur le centre-ville du vieux Ljubjana, quartier très vivant et très touristique aussi. Un homme joue de l'accordéon en tenue traditionnelle. Nous avons l'impression de débarquer à Disney Land (bien que je n'y ai jamais mis les pieds). Il y a de multiples petits ponts illuminés, de grands bâtiments rosés, des cyclistes qui vont et viennent, des gens qui dansent. La ville est vraiment belle et c'est une atmosphère que nous n'avions pas encore eu.
Vers 22h nous rentrons à l'auberge. Quelques uns dorment, beaucoup sont sur la terrasse. Il y a de nombreux indiens d'ailleurs, qui semblent être là pour une longue durée. Celui qui dort sous le lit de Mathilde a de nombreuses et imposantes crèmes hydratantes, un mixer et tout un tas de gadgets. Vers 22h30 la lumière est éteinte, je m'endors sans attendre.
Mercredi 10/08/2022
Mathilde me réveille vers 9h. Aujourd'hui nous passons la journée à Ljubljana. L'italienne rencontrée hier nous a dit qu'il était amplement suffisant de visiter la ville en un jour. Alors on fait nos sacs et c'est partie pour l'exploration ! Pour bien commencer, on passe dans une petite boulangerie slovène. Pour le petit déjeuner je choisis une viennoiserie qui me fait bien envie ainsi qu'un chocolat chaud. On se pose sur les escaliers de la grande place. Le chocolat chaud est succulent. La viennoiserie me laisse un goût de pétrole détestable pour toute la journée. Il fallait tenter!
On se dirige alors vers le fameux château de la ville. Sur le chemin, on entre dans une exposition. L'artiste est styliste et s'amuse avec des allumettes à créer de magnifiques costumes de Marie-Antoinette, de Napoléon ou encore de Tito. Puis on grimpe, on grimpe, et on atteint enfin le château, le Ljubljanski Grad. On profite des tickets 3-18 ans à 7€ et parcourons ce monument historique pendant près d'une heure. Le cachot, la tour donnant sur un splendide panorama de la ville, les salles de musées associées. On en apprend sur les invasions turques, les chasses aux sorcières.
À la sortie du château je suis interpellée par Alicia, une connaissance d'Espol (mon école à Lille). Quelle coincidence! Elle parcourt également l'Europe avec deux amies du lycée grâce au pass interrail. Malheureusement on n'a pas eu le temps de se revoir mais j'ai bien hâte d'entendre ses récits à la rentrée :)
On reparcourt la ville en sens inverse pour se poser dans le grand parc Tivoli et pique-niquons dans l'herbe vers 13h30. Comme hier, pâtes, thon, concombre, pois chiches, je n'en peux plus ahaha. Je pense surtout que le goût de pétrole de ce matin n'est toujours pas passé. Je me réconforte avec une longue sieste.
À notre réveil, nous décidons d'installer l'application BicikeLJ afin de louer des vélos dans la ville. Il nous faut payer un abonnement hebdomadaire à 1€. Ma banque me demande quant à elle de valider un payement de 0€. Je ne sais donc pas si je payerai finalement l'abonnement. Bref, nous sortons du parc, tentons de prendre des vélos mais ça ne fonctionne pas! Plus aucune borne n'est connectée. Juste quand on souhaiterait en emprunter évidemment. Alors on réfléchit à ce que l'on pourrait bien faire... et une idée nous vient en tête. Et pourquoi pas aller au cinéma? C'est ainsi que nous atterrissons dans une salle de cinéma vide (nous sommes 6), à regarder les Minions en slovène. Quand on a demandé au gars de la réception s'il était possible d'avoir des sous-titres en anglais et qu'il nous a répondu par la négative, il était certain que nous abandonnerions le projet. Et bien non, nous avons vu le film en Slovène sans sous-titres, et nous avons tout compris!
Budapest, comme on nous l'avait dit, est une ville festive. Notre court séjour a été fort en sensations et nous donne très certainement envie d'y rester un peu plus longtemps. Mais voilà que nous sommes déjà dans le train pour notre prochaine destination et qu'il nous faut nous contenter des souvenirs qui ont marqué ce séjour...
Vendredi 12/08/2022
13h28, nous arrivons enfin à la gare de Budapest-Kelenfoeld. Aucun problème majeur, nous avons seulement dû bouger quelques fois à cause de personnes réclamant leur place. Nous pouvons en effet prendre les trains mais nous ne sommes pas assurées d'avoir une place, à moins de payer des frais de réservations supplémentaires. Il nous faut ensuite prendre le métro 3 puis le tram 2 pour rejoindre le quartier bancaire de la capitale. Notre check-in est à 15h, nous nous posons donc sur un banc pendant une vingtaine de minutes pour patienter.
Vers 14h50, nous retrouvons un jeune en charge de nous faire le check-in. Il n'a jamais mis les pieds dans le bâtiment, c'est assez comique. Mais ça me paraît plutôt sympa comme job d'été ! Cette fois-ci nous avons dû réserver un Airbnb, faute de place en auberge et à cause de prix exorbitants s'il en restait. Alors ça nous fait tout bizarre d'avoir ce studio pour nous 2 après une dizaine de jours en dortoirs! Je pensais d'ailleurs que les photos étaient prises en grand angle sur le site, finalement le studio est encore plus grand que ce qu'il ne paraissait. Un grand lit, une salle de bain dans laquelle on peut laisser nos affaires, une cuisine dont les plaques ne marchent pas hélas, un canapé,... la totale. Mathilde se fait un petit café, je vide mon sac et prends une douche.
Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Clara, mon amie des Pays-Bas. Et devinez quoi? Elle fait également interrail et se trouve à Budapest en ce moment même!! Nous nous sommes rendues compte de la coincidence un peu plus tôt dans l'été. Ça tombe très très bien. Alors certes Clara viendra avec nous demain au festival et c'est un très beau cadeau d'anniversaire, mais nous lui avons tout de même proposé de venir prendre un apéro à la maison ce soir. En attendant qu'elle finisse sa visite guidée de la ville nous sortons nous promener dans le quartier.
Nous l'ignorions mais nous sommes à 2 pas du Parlement hongrois. Celui-ci est architecturalement splendide. Nous sommes aussi tout près des quais qui bordent le Danube. Bref, nous sommes très bien placées. Il y a une manifestation écologique (on a utilisé Google trad pour déchiffrer les pancartes) qui s'organise. Une manifestation dans la capitale, ce n'est pas banale. D'autant que les médias se multiplient. Nous on en profite pour passer au Spare et faire nos courses pour l'apéro. Mis à part un paquet de Doritos, nous optons pour de bons aliments : concombre, saucisses, tomates, poivron... et préparons tout cela à notre retour.
Nous retrouvons Clara vers 19h. C'est plutôt drôle de la retrouver là, en Hongrie, le jour de son anniversaire. J'espère que l'apéro lui a plu. Elle est très contente de son périple jusqu'alors. Elle est allée à Berlin, Prague, Vienne notamment. Elle repartira ensuite en Slovénie pour retrouver sa famille. En ce moment elle loge dans un hostel très convivial. Tout le monde échange, passe des soirées ensemble, sort faire la fête. Elle nous propose donc d'y aller, ce que nous faisons. 30 minutes de marche et nous y sommes. Il y a moins de monde que d'habitude car beaucoup sont déjà au festival. On a tout de même l'occasion de parler à des Australiens (il y en a étonnamment beaucoup!), une néerlandaise, deux allemands, une anglaise. Nous sommes posés sur une terrasse extérieure. Le ciel est dégagé. Alors qu'il est presque minuit, Clara propose aux autres de sortir dans un bar. Avec Mathilde on est claquées. Pour rappel, nous nous sommes levées à 4h ce matin. Alors on décline l'offre et rentrons chez nous. On ne tarde pas à s'endormir.
Samedi 13/08/2022
C'est le grand jour!!! Nous nous rendons au Sziget Festival 😍🔥 Nos pass sont valides de ce matin 6h à demain matin 8h. J'étais tentée par le cours de yoga du festival à 10h, mais finalement nous avons préféré dormir un peu plus. Pas très envie d'arriver claquées et de ne pas pouvoir profiter de l'événement. Bref, pas de yoga ce matin. On se prépare (on met surtout des vêtements auxquels on ne tient pas beaucoup au cas où ils se prennent de la bierre ou de la peinture), on remplie nos gourdes d'eau et vers 10h nous sommes en route. M2, H5, nous y voilà !
1ère étape, récupérer nos bracelets. Ceux-ci sont en carton. Nous aurions préféré ceux en tissu mais ils sont réservés aux pass de plusieurs jours. Nous récupérons également des passeports pour la République de Sziget. Nous sommes en effet désormais officiellement des szitizens ! Le Festival se déroule sur une gigantesque presque île dédiée à l'évènement. Pour y accéder nous devons passer un pont. L'île de la liberté. Celle-ci accueille annuellement environ 500 000 festivaliers... (la dernière édition date de 2019).
Comme nous ne savons pas trop par quoi commencer, nous nous posons au premier stand, celui de Greenpeace. Il fait partie de l'espace NGO du festival. De là nous discutons avec de jeunes hongroises engagées pour l'écologie (et critiquant l'inaction du gouvernement de Viktor Orbán) et créons des badges. Puis les filles nous conseillent d'aller jeter un coup d'œil à l'espace Art.
Avant cela on fait un arrêt à un autre stand non loin, celui de l'association d'une école de relations internationales de Budapest. Avec Mathilde on tente un quiz, mais n'obtenons pas plus de 17/26. Au moins je sais désormais que la constitution du pays date de 2012. On nous offre un porte-clé.
Il y a un aspect très ambiguë dans ce festival. À la fois celui-ci prône le respect de l'environnement et y accorde beaucoup d'importance dans ses communications (camping vert, concours d'engagement, gobelets réutilisables...) et en même temps chaque stand propose des centaines de goodies, des sacs, des porte-clés, des éventails, des stylos... tout un tas de choses non nécessaires. Ça questionne la légitimité de son image verte.
Nous continuons le tour de l'île et arrivons enfin à l'espace dédié aux activités artistiques. Il y a de tout. C'est comme si nous entrions dans un grand centre aéré pour les adultes. On peut faire de la peinture (nous optons pour le body painting avec Mathide), du collage, on crée même des bandanas fort utiles contre la poussière. Cette poussière est vraiment le gros point noir du festival. On en respire tout au long de la journée et le lendemain ce sont les bronches qui souffrent.
Après un très bon moment artistique, il est l'heure de passer à l'espace restauration. Il y a en fait de multiples stands partout sur l'île mais à ce moment nous n'en avions repéré qu'une petite partie. Alors après avoir comparé les offres, nous nous décidons à prendre une boîte de nuggets au poulet, de frites et surtout... de légumes!!! On est ravies de manger des choux rouges, de la salade et des tomates. Le tout nous remplit bien le ventre et nous sommes prêtes pour la suite.
En continuant de nous balader (c'est interminable et ce sentiment d'infinité de possibilités est très plaisant) nous tombons sur l'espace Tent without borders. Je suis particulièrement attirée par le stand du Haut Commissariat aux Réfugiés, des Nations Unies (UNHCR) et commence à échanger avec un homme qui travaille pour la branche de Budapest. Celle-ci supervise aussi la Slovénie, la Croatie, la Roumanie. La situation en Ukraine est au cœur de l'engagement actuel. Durant notre séjour en Hongrie nous nous sommes rendues compte de l'importance accordée à ce conflit dans le pays. Hongrie et Ukraine ont en effet une frontière commune et l'enjeu d'accueil des migrants est de taille.
Cependant, le UNHCR reste heureusement (j'aurai plutôt envie de dire "très malheureusement") engagé sur d'autres fronts. J'enfile ainsi un casque de réalité virtuelle et pars à la rencontre d'une jeune fille syrienne réfugiée avec sa famille dans un camp en Jordanie. Cela fait 2 ans qu'ils y sont. Je suis frappée par les regards des jeunes qui se tournent vers la caméra comme face à une réelle personne. Je suis frappée aussi par la misère, le manque de provisions alimentaires, la précarité dans laquelle sont plongées les familles, le manque d'éducation car après tout "on pourra toujours retourner à l'école quand la guerre sera finie". Mais quand la guerre cessera-t-elle? Le peu d'ordinnateurs disponibles sont utilisés par les adolescents pour des jeux vidéos aussi violents que la vie qui leur est imposée. Les filles jouent au foot, interdite de salle informatique.
Je sais que je veux travailler dans ce milieu.
On remercie l'homme et l'on continue notre ballade avec Mathilde. On se pose enfin à terre pour assister à un spectacle de marionnettes vietnamien.
C'est ainsi que Clara nous retrouve. Elle s'est trompée d'île et nous a donc rejoint plus tard que prévu, mais la voilà ! Nous découvrons tout d'abord un espace mini-fête foraine. C'est vraiment drôle de voir ressurgir l'âme d'enfant de tous les festivaliers. Nous sommes probablement les plus jeunes, la plupart ont entre 26 et 30 ans (il y a aussi quelques enfants). Nous hésitons à attendre devant une roulotte pour une révélation de notre futur, mais Clara a trop peur de ce qu'on pourrait lui dire et avec Mathilde nous n'avons pas très envie d'attendre. Une prochaine fois!
La musique commence à s'entendre sur quelques scènes. Le Samsung Colosseum a une ambiance que nous aimons particulièrement. Il n'y a pas encore beaucoup de monde sur le dance floor et ça aussi nous l'apprécions. Certaines personnes sont déjà complètement arrachées. Une dame danse collée à la sono, en transe. Depuis ce matin nous voyons en effet les gens déambuler sur l'île comme des zombies. Nous avons également pu échanger avec nombre d'entre eux qui nous partagent leur expérience. Peu nous conseillent de dormir en tente une autre fois. C'est à en devenir fou. L'hygiène est déplorable, il y a des files d'attente interminables pour les douches. De la poussière surtout. Mais c'est aussi vraiment comique de voir ces gens dormir partout où il est possible de s'allonger, sur une scène, sur des bidons d'eau, dans l'herbe, partout vraiment.
Le Samsung Colosseum est une scène relativement petite par rapport à la Main stage. Elle est en extérieur mais encerclée par des murs de cagettes en bois. Avec Mathilde, dès que nous souhaitons y retourner nous nous disons "on retourne dans les cagettes de fruits?" C'est un peu ça. Le dj change toutes les deux heures. C'est toujours de la techno et nous ça nous convient bien. Pas besoin d'alcool nous sommes immédiatement transportées dans un monde parallèle. Un monde qui nous ramène à nos sens et notre condition d'humain bercé par la musique. C'est fou l'effet que ça a.
On rencontre beaucoup de français, qui semblent représenter un quart des festivaliers (peut être un peu moins mais c'est certain nous sommes nombreux). Drapeaux français, drapeaux bretons... on assiste également au premier concert de la journée sur la Main stage, celui de Kensington, un groupe de musiciens néerlandais. Les Pays-Bas sont aussi largement representés. Puis Lewis Capaldi leur succède. Lewis Capaldi, notamment à l'origine de "Before you go", "Forever", "Bruises", "Someone you loved"... un grand artiste quoi. Et encore une fois il nous boucle le bec et on se retrouve tous muets devant sa prestation, comme en grande communion. Certaines larmes coulent, beaucoup de regards s'échangent. C'est un très beau moment.
On décide de quitter la scène un peu avant la fin de la prestation afin de manger un bout. Il est 20h, nous optons pour des parts de pizzas. Cela nous permet de revenir sur la Main Stage 10 minutes après Lewis Capaldi et 30 minutes avant le début de la plus grande prestation de la journée, celle de Calvin Harris. Grâce à cette technique nous sommes particulièrement bien placées. Le show commence à 21h30 et c'est partie pour 1h15 de pure folie. La foule est en délire, nous sommes des centaines de milliers à sauter en rythme. C'est à ce moment que l'on ne se demande même plus pourquoi l'on saute justement. Le corps et la musique en font leur affaire.
Le drapeau breton vole derrière nous.
Puis on enchaîne avec Ofenbach, un groupe français qu'on attendait avec impatience et dont le show dépasse nos attentes. Viennent Allan Walker, Patrice Baumel. Clara rentre chez elle. Avec Mathilde nous terminons vers 4h30 avec Joris Voorn dans les cagettes de fruits désormais bondées de monde. Un groupe se pavane avec un parasol, je crois qu'ils ont peur de se prendre un coup de soleil.
Le timing de notre retour est parfait. Nous sommes des centaines à vouloir prendre le même métro/tram H5 mais il arrive juste à temps et au bon endroit pour que nous y montions sans attendre. De même pour le M2. À la maison nos prenons une bonne douche, l'eau est marron, et nous couchons vers 6h30. Quelle journée. Nous avons déjà fait 9 000 pas ce matin ;)
Dimanche 14/08/2022
Aujourd'hui, lever à 10h du matin. La nuit fut courte mais nous souhaitons profiter de cette dernière journée à Budapest. La ville est encore une grande inconnue que nous souhaitons connaître un peu plus. Nous passons d'abord un peu de temps à préparer le programme de la journée, je lis des conseils sur Internet. Puis nous nous mettons d'accord sur notre prochaine destination. Jusqu'alors, chacune était en effet prévue à l'avance. Or nous n'avions toujours pas d'idée de lieu pour la dernière. J'avais très envie d'aller en montagne en Autriche. Mathilde a bien aimé l'idée d'un sas de décompression avant de rentrer à la maison. Alors après pas mal de recherches nous réservons finalement une sorte de lodge à Kappl, dans le Tyrol. Voilà une bonne chose de faite, nous avons hâte.
Vers 12h nous mangeons nos restes de semoule, maïs, jambon. Puis nous commençons une longue marche d'après-midi. Nous nous balladons d'abord le long des quais. Puis rejoignons la plus grande synagogue d'Europe, celle de Dohàny. Nous ne pouvons la visiter car nous sommes en short et débardeur mais ça tombe sûrement bien car l'entrée est très chère. Alors nous continuons la marche sur l'avenue des champs elysées hongroise, l'Andrassy Ut. Sur le chemin nous craquons pour une spécialité sucrée hongroise, les Kurtoskalacs. Une sorte de brioche cuite au feu de bois. Nous avons également de la glace à l'intérieur et des coulis caramel/chocolat par dessus. Nous trouvons également des cartes postales.
Nos jambes sont épuisées et nous faisons une petite pause dans un parc. Au total nous faisons 36 000 pas aujourd'hui, un véritable record! Alors que c'est sûrement la journée où notre corps est le plus fatigué... Mais nous, ça nous plaît de marcher.
On passe ensuite un pont pour rejoindre la seconde partie de la ville, Buda. L'idée est de marcher jusqu'au château puis jusqu'à la statue de la liberté qui surplombe la ville. On s'arrête à la première étape. C'est bien suffisant. Je m'offre un cappuccino et ça me fait grand bien.
Un autre de mes objectifs de voyage est de me rendre dans un des fameux bains thermaux de Budapest. Via la carte 2 jours à Budapest que nous avons achetée avec Mathilde, nous avons droit à un bain. Évidemment, nous sommes tentées par le plus réputé, celui de Széchenyi. Ma cousine est épuisée et pas spécialement motivée par l'idée, mais on pense toutes deux que ça vaut le coup d'y aller. Et moi je veux réaliser mon objectif!!! Alors on s'y rend en bus en une trentaine de minutes.
Évidemment, parce que ça commençait à nous manquer, commencent ainsi les galères. Les employés du bain nous disent qu'ils ne peuvent pas accepter notre QR code. Il nous faut une carte matérialisée ainsi qu'un bracelet et un coupon. On est un peu sur les nerfs. Le gars prend mon téléphone pour me montrer un point où nous rendre. Il est 18h30, nous hésitons. Nous sommes si près du but! Alors nous prenons le M2 et rejoignons ce fameux point en un quart d'heure. Le bureau est en train de fermer, nous arrivons juste à temps pour nous faufiler à l'intérieur, récupérer la carte, le bracelet, le coupon et nous sommes à nouveau dans le M2 pour passer à la maison récupérer des tongs qui sont obligatoires, du savon et une serviette de bain. On est fatiguées mais tout s'enchaîne assez bien, on a beaucoup de chance sur le trajet et j'ai surtout tellement hâte de relâcher tous mes muscles dans l'eau chaude des bains!! Je n'avance que pour ce moment là. On est de retour au Széchenyi thermal bath à 19h55. La billetterie fermé à 20h. On passe, on se change et on découvre enfin le lieu. Et quel lieu ! J'ai l'impression de me retrouver au paradis. Avec nos galères on arrive 1h avant la fermeture et il y a donc moins de monde que prévu. Tant mieux. On voit d'abord 3 bains extérieurs. Nous déposons nos serviettes sur des chaises longues et entrons dans l'eau d'une trentaine de degrés. Que c'est bon. Je sens la délivrance instantanée et l'effort récompensé. Hier nous étions dans le plus grand festival d'Europe, aujourd'hui nous nous prélassons dans des bains chauds. Sommes-nous bénies ? C'est la dolce vita dont je vous parlais au tout début du périple. Et nous savons oh combien il faut en profiter car c'est une chance si rare de vivre ainsi, une chance victime d'une date de péremption.
Un panneau indique qu'il y a d'autres bains à l'intérieur. Nous découvrons en effet une dizaine d'autres piscines aux températures diverses. Il y a un beer spa. Hélas, la salle est fermée. Mathilde m'emmène alors dans un hamam, à 50° il me semble. Puis nous nous dirigeons vers le sauna. Entre 70 et 90° cette fois-ci. Moi je me régale. Ma cousine supporte un peu moins la chaleur. On décide alors de sortir et de nous plonger dans le premier bain que l'on voit. L'eau est à 18°. Le choc est rude. Là, nous rencontrons Lucien, un Français. Il est un habitué du Sziget et des bains thermaux. Pourtant, il n'a pas l'air à l'aise dans l'eau froide ahaha.
Un employé vient nous dire de sortir car le centre ferme, on se change et on retrouve Lucien et deux autres Français à l'arrêt de bus. Ils sont tous les trois venus seuls en Hongrie mais ont organisé une colocation en Airbnb via un groupe Facebook. La technologie a du bon ;) On leur dit au revoir, en leur souhaitant de retrouver leur voix après le festival, et l'on descend à un arrêt non loin de chez nous.
Il y a une petit boulangerie étonnamment peu chère. On achète une spécialité sucrée chacune pour le petit déjeuner de demain et une spécialité salée pour ce soir. On a vraiment besoin de manger des légumes alors on passe également dans un petit Shop pour récupérer une courgette. Comme les plaques ne fonctionnent pas, Mathilde fait cuire la courgette avec de l'eau de la bouilloire. On se régale. Je fais de même pour préparer les pâtes pour la suite du voyage mais comme c'est plus compliqué de savoir combien de temps laisser l'eau (car elle refroidit forcément) je les fais beaucoup trop cuire. Tant pis, les pâtes, ça reste bon dans tous les cas. On prend une douche et dormons vers 23h30.
Lundi 15/08/2022
Ce matin, réveil à 5h37. Et oui, encore une nuit de peu de sommeil. Direction l'Autriche !! Le bonheur. Un peu ric-rac sur le temps nous prenons le M1 puis un intercité pour rejoindre la gare de Budapest-Kelenfoeld. De là nous embarquons dans le train de 6h55 en direction de Zurich. Cela fait maintenant 6h que nous sommes empilés dans le train, assises par terre (Mathide est debout un peu plus loin je crois). Le trajet a au moins l'avantage d'être direct jusqu'à Landeck-Zams (14h31) où nous n'aurons plus qu'à prendre un bus à 15h09 pour rejoindre Kappl et notre chambre. Facile. Bref, j'ai saigné du nez, un mec dort allongé en plein milieu du couloir mais tout va bien, on a dégusté nos spécialités hongroises et je passe bientôt à table pour le déjeuner. J'ai les jambes engourdies, assise sur un escaliers peu confortable mais c'est la vie que l'on a décidé de mener et je l'aime plutôt bien.
Update : Mathilde a trouvé un siège !
Le compte à rebours est lancé, nous nous dirigeons vers notre dernière destination... Le mercredi 17 août vous découvrirez ainsi nos aventures autrichiennes! Et nous allons bien en profiter :))
INTERRAIL 7 - 📍Kappl, Autriche.
Et voilà le moment tant redouté qui arrive à grand pas. Ce 7ème et dernier post marque en effet la fin de notre périple avec Mathilde. 19 jours, 10 pays traversés, près de 4000 km de rails, une 30aine de trains... Si il y avait eu un concours de voyage interrail on aurait très sûrement gagné. Car tout s'est déroulé à la perfection et bien mieux qu'imaginé. Quelle aventure! Notre dernier stop à Kappl en Autriche referme ainsi la boucle...
Lundi 15/08/2022
Nous arrivons à Landeck-Zams à 14h31. Et comme initialement expliqué, j'ai donc en effet parcouru ce trajet direct de 7h36... dans le couloir, assise sur des escaliers. Mais honnêtement ça ne m'a pas gênée tant que cela. Pour autant j'ai commencé à avoir vraiment mal à la gorge et cela est très probablement dû à la nuit poussiéreuse du festival. Mes poumons sont aussi bien compressés. Mais les escaliers, même pas peur!
Alors on débarque ainsi en Autriche et que le paysage est beau! Depuis ma place collée à la porte, j'ai l'opportunité d'admirer les montagnes. C'est vrai que cela change de l'ambiance urbaine de Budapest. Arrivées à la gare, j'achète un thé en attendant le bus de 15h09 censé nous mener jusqu'à notre hôtel à Kappl. Un thé... à 3€30? J'ai failli tousser et ça ce n'était pas à cause du mal de gorge. On a vérifié plus tard et le prix semble être généralisé à l'ensemble de la région. Comme quoi l'eau est peut être une source rare dans le Tyrol.
Le bus nous dépose à Kappl vers 15h45. On respire l'air frais et on sait immédiatement que l'on va se sentir bien ici. Nous vivrons dans ce village pendant à peine 42h, deux nuits. Nous avons en effet dû réduire le projet initial de 3 nuits afin que Mathilde rentre à temps sur Lyon pour un autre projet. Cela ne changera rien au fait que l'on en tirera le plus de souvenirs possible.
Premier souvenir d'ailleurs : il pleut. Il pleut des cordes et nous ça fait longtemps qu'on attendait ça. Après la canicule, la transpiration permanente, la crème solaire et les bobs il faut ressortir le k-way, le pull et les pantalons bien chauds. J'ai un peu peur pour mon sac qui n'est pas totalement Waterproof (je n'ai pas pensé à prendre le protège pluie du Népal) mais nous ne sommes censées avoir que 5 minutes de marche pour atteindre le logement alors je cours en espérant que cela fera l'affaire. Bon, on galère un peu à trouver la bonne entrée alors on y arrive finalement au bout d'une dizaine de minutes. Mais tout va bien, le passeport est sec.
On sonne, un homme âgé nous ouvre la porte. Pendant un temps on se regarde tous les trois sans rien dire. Il a dû être surpris de voir ces deux jeunes filles dans son village perdu dans la nature. Nous avons en effet vu si peu de jeunes dans le coin. Alors le vieil homme s'esclaffe de rire et nous propose enfin d'entrer avec un "Hallo, Wilkommen!". On se rappelle enfin que les autrichiens parlent Allemand... "Danke serh!". Il nous présente notre "chambre économique" et nous sommes ravies. Un lit XXL, pas de risque que Mathilde se prenne un bras pendant la nuit, une superbe salle de bain, une télé, une table et un canapé. On en voulait pas plus. On s'allonge une heure sur le lit, épuisées. Je m'endors alors que ma cousine prend sa douche.
Vers 17h nous redescendons dans le village pour visiter. Avant de sortir, M. Juen nous interpelle et nous tend deux cartes. Des cartes afin d'utiliser tous les transports des environs gratuitement ainsi que (Mathilde demande confirmation) des remontées mécaniques que nous avons aperçues un peu plus tôt. Quelle chance! Nous ignorions que celles-ci étaient inclues dans le prix de l'hôtel (qui n'était pas si cher). Alors comme ça nous n'aurons pas seulement droit à "l'exceptionnel petit déjeuner" mais également à ce pass ?? Notre hôte en profite pour nous demander si nous sommes sœurs jumelles. Il a en effet dû lire le formulaire d'arrivée avec les mêmes noms et dates de naissance. Non non monsieur, nous sommes cousines, cousines jumelles. Il ne nous croit pas.
Comme nous sommes le 15 août tout est fermé dans le village. Une fête se déroule pourtant sur la place principale, les gens sont en tenues traditionnelles. On en profite pour prendre un chocolat chaud dans le bistro du coin. 3€50, presque autant que le thé ! Ça nous réchauffe pour un temps. Mon mal de gorge ne s'arrange pas, il pleut toujours. Notre hôte nous a très gentiment prêté son parapluie. Décidément, sa bienveillance nous touche. On rentre rapidement, Mathilde mange puis prend sa douche. Le temps que je termine la mienne elle dort déjà profondément, bercée par le dessin animé en allemand qui passe à la télé. Il est 19h30.
Mardi 16/08/2022
Réveil à 8h30 après près de 13h de sommeil. Mathilde commence à avoir un peu mal à la gorge aussi. Moi j'ai les sinus pris, un mal de crâne et les muscles engourdis. Mais cela ne réduit pas notre motivation. D'autant que nous commençons la journée avec le fameux petit-déjeuner ! Je pense qu'hier soir nous nous sommes couchées tôt afin d'arriver au plus vite à ce moment ;) Alors nous nous préparons et descendons à la cuisine/salle à manger du rez-de-chaussée. Deux couples sont déjà installés à leur table. Notre hôtesse, Mme Juen que nous rencontrons pour la première fois, nous présente la notre. Miam. Il y a déjà beaucoup d'aliments mais elle nous rajoute encore de la charcuterie, du café, des yaourts, du jus d'orange, du fromage... et dévoile des œufs en soulevant de petits bonnets. Elle s'assure plusieurs fois que nous avons tout ce qu'il nous faut. C'est parfait Madame! Je commence par du salé. Tartine au beurre, poivron, jambon, fromage. Puis bretzel beurre, salami, fromage. Etc etc. Puis je termine par le sucré. Tartine de Nutella, marbré au chocolat. Ça y va. Comme on n'a pas de repas pour le midi on décide de se lâcher et d'en faire un brunch. Quand la dame revient vérifier que tout va bien, elle nous propose de prendre le reste de pain et de confitures, jambons, fromages pour la journée. Ce que nous faisons avec grand plaisir! Puis nous lui demandons, ainsi qu'à son mari, de bonnes idées de randonnées. Tout l'échange se fait en allemand, c'est Mathilde qui assure la traduction. En réalité, les restes de néerlandais me permettent de comprendre un peu aussi, mais je suis incapable de parler. Tout ce que l'on retient finalement c'est : prendre le bus, deuxième arrêt, marcher, ne pas aller en bas ? Bref, on verra bien. En remontant dans notre chambre, nos lits sont faits. Merci...
Avant de prendre le bus de 10h16 on montre la feuille des horaires à notre hôte. Il nous pointe du doigts l'arrêt où l'on doit s'arrêter. Ce n'est pas du tout le deuxième, il s'agit du quatorzième. Ça commence bien. Alors nous sommes parties. Le bus est bondé de monde. Je ne me sens pas bien. Nous restons debout. Il y a probablement une fête juive ces jours-ci d'ailleurs, à la vue du nombre de croyants que nous croisons tout au long de la journée, à moins qu'il n'y ait une communauté dans le coin. Nous arrivons à destination vers 10h50, au quatorzième arrêt.
On suit la foule. En levant la tête nous apercevons des télécabines. On se regarde et l'on comprend instinctivement que nous allons évidemment en prendre une. Nous espérons que le pass marchera. Il y a du monde ici! La station de Ischgl semble être très importante. Nous montons dans la cabine n°41. Un panneau indique qu'il y a deux arrêts. Alors c'est donc ici que nous devons aller jusqu'au deuxième stop ?! Compris. Nous passons de 1300m d'altitude à 2300m.
De là-haut, nous sommes émerveillées face au paysage. Des montagnes à perte de vue, des couleurs changeantes selon l'endroit où nous posons les yeux. Un beau ciel bleu, parsemé de nuages blancs purs. Il y a de multiples sommets qui s'élèvent autour de nous, certain surmontés d'une croix en bois. Une attire particulièrement mon œil. Hors elle ne s'élève qu'à 2879m et nous, nous souhaitons passer les 3000. Nous en repérons donc une autre à gauche.
Nous sommes épuisées et décidons d'emprunter un télésiège pour s'avancer. Et pourquoi pas? A l'arrivée nous prenons une photo devant le logo de la station. Puis nous partons à gauche vers la croix. À peine 5 minutes plus tard nous nous arrêtons. Nous ne sommes pas sûres en effet de pouvoir atteindre cette deuxième croix sans devoir l'escalader. Et hors de question de prendre de risques alors nous faisons demi-tour et prenons le chemin vers la croix de 2879m, à droite. Celle-ci est atteignable. Elle nécessite selon les panneaux une marche de 45 minutes. On la voit et elle paraît si proche.
Avec Mathilde nous grimpons un petit chemin parallèle. Celui-ci marque l'exact frontière entre la Suisse et l'Autriche. Hop, un pieds en Suisse, un pieds en Autriche, un pieds en Suisse, un pieds en Autriche. Et puis l'on s'arrête à nouveau. Je suis à bout de souffle, j'ai mal à la tête, Mathilde a les muscles tout engourdis. On se pose dans le godet d'une pelleteuse et on reste là une dizaine de minutes. Les gens ont l'air de trouver ça drôle. On hésite à s'allonger totalement et faire une sieste mais le fond du godet est rempli d'eau. Alors on finit par se relever et reprendre le chemin.
Au bout d'une vingtaine de minutes, d'un peu d'escalade, de descentes et de montées, nous atteignons la croix repérée. L'endroit est si époustouflant et nous avons si peu d'énergie que nous nous arrêtons là à nouveau. Et que l'on ferme les yeux, allongées sur l'herbe et les rochers. Peu importe que le lieu ne soit pas si confortable, le soleil traversant les 20 degrés extérieurs nous apaise rapidement. Tout semble aller au ralenti et pourtant le temps passe si vite. Il est 14h. Être là, faces à la nature, attentives au bruit des marmottes, des oiseaux et des insectes nous ramène à nouveau à notre condition d'humain. Si petit. Si petit... Et que c'est bon parfois de se faire remettre à sa place.
Alors on finit par redescendre et l'on emprunte un second télésiège pour rejoindre la Suisse. On en prend un troisième pour remonter plus haut. Bref, on fait la comparaison entre toutes les remontées mécaniques des environs. Je pense que ma préférée est celle orange, qui passe de l'Autriche à la Suisse. Il s'agit de la plus longue. À notre grand étonnamment, notre pass est valide partout. Il n'y a qu'une seule fois où il refuse de marcher et un gars est obligé de nous ouvrir la porte via sa télécommande. Mais c'est vrai que cette carte de la région s'avère extrêmement pratique. Et si inespérée... c'est fou la chance que l'on a. D'autant que Mathilde ne semble plus avoir la force de marcher du tout. Elle a chaud, froid, mal. Je la force à prendre enfin un Doliprane ahaha Le mien m'a fait du bien. Quoi qu'il en soit on y va molo, ça ne sert à rien de gâcher l'aventure autrichienne par un malaise.
Il est 15h30, on s'assoit sur un espace plat et vert. On ressort enfin nos pains du matin. Mathilde a hâte de goûter son petit pot de caramel récupéré du petit-déjeuner. Moi je commence avec un pain bretzel. Je pense que manger nous fait beaucoup de bien sur le moment. Nous n'avions absolument pas la sensation de faim, mais cela nous redonne de l'énergie. Mathilde se sent déjà mieux. En revanche elle fait un peu plus la tête lorsqu'elle se rend compte que le pot ne contient pas du caramel mais du pâté. On s'y met à deux pour le finir. Ce n'est pas mauvais. Il est 16h, on entame une sieste d'une heure.
Je me réveille enfin et pars en fou rire en découvrant le visage de Mathilde totalement rougi par le soleil. Comme deux grandes touristes aveuglées par la fraîcheur nouvelle et la pluie du pays, nous n'avons pas emporté nos chapeaux et nos crèmes solaires. Cela fera également bien rire nos hôtes à notre retour. À 16h56 nous décidons de nous lever et de rejoindre les télécabines. 16h58, face à l'entrée, ma cousine remarque le panneau "Last round, 5pm", autrement dit, dernier tour des télécabines à 17h. Il est 16h59 quand nous entrons dans la cabine. Quelle chance je vous dis, quelle chance! On se répète quotidiennement qu'une bonne étoile nous parraine. D'autant qu'en bas le bus arrive en même temps que nous, nous offre une place assise et nous sommes de retour à la maison pour 18h.
Ce soir est le dernier soir en Autriche, et le dernier soir du périple dans sa globalité. Déjà ?... Alors on prend nos douches, je sèche mes cheveux, et nous sommes parties. Hors de question de ne pas respecter notre rituel de fin de séjour : petit restaurant du coin. Nous optons pour le bistrot dans lequel nous avions pris des chocolats chauds à notre arrivée. Nous avions pensé à une fondue initialement, mais le seul restaurant en proposant impose un prix de 28€/personne. Surtout, nous n'avons vraiment pas l'appétit pour un tel plat. Alors nous nous rabattons sur des soupes locales.
Comme les autrichiens mangent tôt nous ne sommes pas sûres que la cuisine soit encore ouverte. En effet, la serveuse nous dit qu'elle est seule et que ça l'arrangerait que nous prenions des soupes. Avec plaisir Madame, nous en parlions justement ! J'opte pour une soupe aux crêpes à 3€40. Et Mathilde une soupe au paprika à 6€80. Nous sommes ravies de nos choix, toutes deux sont succulentes. Et nous les partageons pour en profiter doublement. Comme nous n'avons pas fait d'excès, nous nous autorisons un dessert. Quel dessert ? me direz-vous. Une glace, évidemment. Deux boules au chocolat pour Mathilde et une pour moi. Une? Ne vous inquiétez pas, j'ai avant tout dégusté un excellent gâteau aux pommes. Incroyable. Décidément, j'aime beaucoup l'idée de goûter les spécialités des pays visités. Je suis déçue parfois (comme la viennoiserie à Ljubljana, goût pétrole) mais c'est en général une très bonne découverte !
À la demande de ma tante, voici d'ailleurs le classement finale des glaces du voyage 😂 :
1/ Boules chocolat/noisette à Bogliasco, Italie (glace à la noisette spectaculaire, et paysage d'autant plus féérique)
1 ex æquo/ Boule dark chocolate à Pula, Croatie (vraiment incroyable, je ne sais pas comment vous la décrire).
2/ Boule dark chocolate/myrtille à Ljubljana, Slovénie.
3/ Boule noisette à Divača, Slovénie.
4/ Boules chocolat/citron à Gênes, Italie.
5/ Boule chocolat à Fažana, en Croatie.
6/ Boule chocolat à Kappl, Autriche.
7/ Boule vanille à Budapest, Hongrie (dans la brioche).
8/ Boule orange à Pula, Croatie (regrettable).
Hélas, je n'ai pas les adresses exactes.
La grande gagnante ex aequo, dark chocolate à Pula 🍦😍 :
On prend ensuite le temps de sortir nos téléphones et d'entamer un compte-rendu final. Mon téléphone filme, celui de Mathilde fait un enregistrement audio. On retrace tout notre parcours, on se rappelle les petites galères, les grandes surprises.
On se rend compte de la chance que l'on a d'effectuer un tel voyage. De l'audace aussi, de partir ainsi sans savoir où nous terminerons. Je remercie Mathilde d'avoir fait partie de ces souvenirs à jamais gravés en ma mémoire. Je la remercie d'avoir été une acolyte hors pair, d'avoir partagé mes fous rires et en avoir souvent été à l'origine. Je remercie la vie pour l'aventure vécue, et surtout vécue sans problème majeur (nous n'avions pas d'assurance voyage!!!). Je suis reconnaissante envers les hasards qui l'ont rendu encore plus palpitante. Le camping en Italie, le Airbnb en Hongrie, l'hôtel familial en Autriche. Tout n'était qu'une décision de dernière minute, une décision instinctive mais bel et bien décisive. Nous avions planifié suffisamment pour nous laisser porter sans crainte par ce qui restait encore d'incalculé. Je me rappelle cette journée en Scooter en Italie, cette liberté ressentie. Je me rappelle ce prêt de vélo à Divača, cette ascension dans les collines et ce retour avec un pneu crevé. Je me rappelle ce soir là en Croatie où nous avons été ramenées par un groupe d'allemands alors qu'ils fêtaient leur première soirée dans le pays. Je me rappelle cette après-midi à Ljubljana, passée dans un cinéma à regarder les Minions en slovène car les vélos de la ville ne marchaient pas. Je me rappelle cette nuit au Sziget Festival, sur l'île de la Liberté, à danser jusqu'à ne plus en pouvoir. Je me rappelle enfin cette escapade dans les montagnes autrichiennes et suisses, facilitée par un pass que l'on espérait même pas. Je me rappelle de tout ça et de tant d'autres instants encore. Une infinité de moments si précieux, si révélateurs, si formateurs.
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Dès le début de cette rétrospection je sens les larmes monter. Une prise de conscience qui surgit à l'improviste et l'émotion qui me prend tout à coup. Un nouveau chapitre se ferme. Et ce qui est beau, c'est important pour moi de l'écrire, c'est que je n'ai même pas envie de le recommencer. Il n'y a aucun regret, aucune nostalgie, tout a été parfait du début à la fin et rien n'a à être repris. Pendant longtemps, dès qu'un beau passage de ma vie prenait fin je m'empressais de le regretter, je ressentais ce manque. Aujourd'hui je ressens moins ce vide car l'instant que m'offre le présent est vécu pleinement. Mon retour en France et avec mes parents est une nouvelle aventure que je croque à pleines dents. Mon départ pour Lille et ma rentrée universitaire en sera une autre. J'accepte que tout est éphémère, tout a son temps, son sablier, et c'est sûrement ce qui rend ces souvenirs d'autant plus mémorables. Alors j'accepte. Je prends le temps qu'il me faut pour accepter...
La vidéo s'éteint involontairement alors que quelques larmes finissent par couler sur mes joues et que je cache mon visage de mes mains. On en rigole avec Mathilde. On reprend l'enregistrement, la serveuse passe plusieurs fois nous demander si l'on a besoin de quelque chose. Tout va bien, "Vielen dank gnädige frau". La vidéo s'arrête à nouveau (toutes les 32min24) alors on reprend à plusieurs reprises. Aucune minute d'enregistrement n'est perdue.
Au bout d'une heure trente la nuit est tombée, nous commençons à fatiguer et décidons d'aller nous coucher. Nous remontons au logement, laissons un mot à nos hôtes pour les prévenir que nous prendrons le petit-déjeuner à 8h le lendemain et dormons sans plus tarder. Demain soir, je m'endormirai chez moi.
Mercredi 17/08/2022
Ce soir, je ne m'endors pas chez moi. Après un nouveau petit déjeuner "exceptionnel" nous disons au revoir à nos hôtes et prenons le bus de 9h10. Puis le train de 10h33. Rapidement, nous prenons du retard, je loupe ma correspondance pour Dijon, décide de suivre Mathilde jusqu'à Lyon, il a de la pluie, des orages, je loupe une nouvelle correspondance pour Aix car un arbre bloque les rails. Il est 19h, je suis dans l'incapacité de rentrer à Toulon. Ça fait partie de l'aventure... Sur le moment je suis seulement énervée de faire des frais supplémentaires. Mais je prends mes écouteurs, choisis une playlist aléatoirement, mange ma banane autrichienne et mes pains jambon beurre ou Nutella du matin, lis le message d'un ami et le sourire revient sur mon visage. La décision est prise de rester à Lyon pour la nuit et je suis magnifiquement bien accueillie chez mon oncle et ma tante. Nous ne sommes jamais seules au long de ces voyages. Quelle chance encore une fois. Merci ma bonne étoile. Ma cousine avait d'ailleurs passé commande de légumes et de fruits. Nous sommes servies! Merci, merci. Nous sommes ravies d'échanger sur ces 3 semaines passées et si fières de montrer nos trésors de guerre. Il est 22h30, je m'endors sans plus tarder.
(on dirait 2 enfants ahaha)
Jeudi 18/08/2022
Ce matin, lever 8h. Que c'est bon de se lever en famille. Petit-déjeuner, dernière banane autrichienne, Praluline de Lyon offerte par la grand-mère 😋 Succulant. Je pars à 8h37 et prends mon 1er train à 9h06. Arrivée à Marseille je prends mon dernier train du périple à 11h02. Direction La Garde, la maison, les parents.
Notre périple prend fin et le fait de la plus belle des manières (avec 55€ de frais supplémentaires tout de même ahaha). Je tourne la page et suis prête à entamer un nouveau chapitre ... ;)
À tous ceux qui ont suivi notre épopée, petits et grands, je ne saurais que vous conseiller ces pass interrails. Certes nous sommes passées par quelques petites galères de correspondances, de retards, de frais de réservations, mais le voyage en lui même en vaut largement la peine. Comment se rendre compte de la chance de vivre de si beaux moments s'il n'y a aucun effort fourni pour en vivre ? Il y a aussi les longs trajets en train (après tout c'est le principe d'interrail) mais il suffit d'une bonne occupation (comme écrire un journal de bord!!!) pour que le trajet passe à une vitesse folle. Étonnamment j'ai très peu de souvenirs des trains tant j'étais plongée dans l'écriture.
À tous ceux qui vont sur leur 18 ans plus précisément, tentez votre chance pour obtenir ces pass gratuitement via le concours DiscoverEU, lancé par l'Union Européenne. En bénéficier nous a permis de voyager dans 6 pays sans réel frais de voyage. Nous avons tout de même dû financer les logements, la nourriture et les loisirs. Pour vous donner une idée, nous en avons eu chacune pour un peu moins de 1000€ au total (pour 18 jours). Comprenant le billet d'entrée au Sziget festival notamment ;) Encore une fois, cela n'a pas été vécu comme une charge mais comme une opportunité de mériter encore plus le périple après avoir travaillé pour récupérer les fonds nécessaires. L'expérience en elle-même est l'occasion d'en apprendre plus sur les autres, sur le monde, sur soi et je la souhaite absolument à tous.
Merci, encore merci, et à très vite pour de prochaines aventures 😘
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